Il s’appelle Godechot Rafael Nicolas, né le 16 juin 1990, à Aursay en France. Il était venu en séjour en Guinée, domicilié à Keitaya dans la commune urbaine de Dubréka.
Il a été interpellé par les services de l’office national de lutte contre le crime organisé, le lundi 21 mai 2018 aux environs de 10 heures à Kaporo marché, en flagrant délit d’exercice illégal de journalisme sur le territoire guinéen.
Les enquêtes menées par la police judiciaire, révèlent que ce français s’est établi en Guinée pour des travaux terroristes, au lieu d’une activité de journaliste.
Pour comprendre les détails de la filature sur le suspect Godechot Rafael et sa fuite, nous vous proposons les explications du commissaire Kaba Mohamed Lamine, du secrétariat général à la présidence, chargé des services spéciaux de la lutte contre la drogue et les crimes organisés.
Lisez la scène de filature :
« Notre service a des correspondants dans les quartiers, il y a des citoyens de bonne volonté qui nous informent aussi sur les agissements suspects de certaines personnes. C’est ainsi qu’en début mai 2017, une de nos sources nous a appelés pour nous signaler la présence d’un européen étranger qui habite dans une concession dans le quartier Keitaya. Notre cellule de filature a été alertée et on a pris en charge le travail de filature. Dans cette filature, on a constaté que cet européen venait dans la mosquée avec les jeunes, il faisait du thé avec ces jeunes dans le quartier, il voyageait aussi à l’intérieur du pays. Il a pris fuite suite notre filature pendant quatre fois, mais trois jours après, l’européen a réapparu.
Dans la filature, son comportement nous a impressionné, il faisait des réunions avec des jeunes, et lors d’une de ces réunions houleuses, il galvanisait les jeunes, il leur donnait des livrets à Keitaya. C’est là que nous nous sommes dit qu’il faut immédiatement l’identifier, il a été filé ce jour depuis 6 heures du matin à Keitayah. Il a pris son véhicule pour aller à la Cimenterie, arrivé à la Cimenterie, il a abandonné son véhicule pour prendre une moto. Arrivé à Kaporo, on a interrompu la filature, on lui a demandé de garer, il a garé, ensuite on lui a demandé de nous suivre au bureau. La cible a voulu résister en disant qu’il est journaliste. On lui a demandé de nous présenter son badge ou une lettre d’accréditation de son service en Guinée, l’européen n’avait rien comme papier de presse, on l’a conduit au bureau pour l’identifier.
Il a appelé des personnes pour qu’il nous envoie ses papiers de presse, il nous a envoyé un papier qu’il appelle ordre de mission. Le papier n’avait pas de cachet, aucun logo, le badge qu’il a présenté avait expiré et le doute s’est accentué chez nous. Aussitôt, on a remonté nos informations à notre hiérarchie sur cet européen qui est devenu un suspect. Ainsi, on a appelé le consul de l’ambassade de France pour qu’elle vienne identifier son citoyen suspect. L’ambassade est venue nous affirmer que le français était journaliste.
L’ambassade, après avoir constaté que le suspect, n’a pas de papier de journaliste, a interrogé le suspect en lui demandant comment il peut être journaliste sans avoir l’accréditation ou de papiers conformément au texte ? Nous avons voulu le mettre à la disposition de l’ambassade de France, le suspect refuse et nous demande de le mettre à la disposition de son tuteur à Keitaya, au lieu de l’ambassade de France qui est son autorité légale en Guinée.
Les restitutions ont été faites, une perquisition a été faite dans son domicile à Keitatya, au cour de laquelle 13.250.000 GNF, ont été trouvés. Le suspect dit que le montant ne lui appartient pas, que le montant appartient à son tuteur Sékou Oumar Diallo. Le tuteur a reconnu que le montant n’appartient pas au suspect.
Après avoir libéré le suspect pour aller se mettre en règle à la HAC et à l’ambassade France, il a pris la fuite, et son comportement du suspect nous a montré qu’il était venu en Guinée pour autres choses. Il fréquentait les lieux de culte, nos enquêtes ont prouvé qu’il a fréquenté des pays arabes, donc c’est lié au terrorisme. C’est pourquoi il n’a pas accepté de se présenter à la HAC, il n’est pas allé à l’assemblée nationale pour couvrir les plénières pour lesquelles il serait venu en Guinée. Nous, nous nous en remettons à notre hiérarchie pour prendre la décision qui s’impose. Nous, nous travaillons dans le cadre de la prévention ».
Propos rapportés par Saidou Barry