Elle est âgée de 27 ans. Madeleine Kotus est passionnée du métier de journaliste. Fille d’un médecin et d’une enseignante, elle est née dans la préfecture de Guéckédou. Après plusieurs années d’études dans ladite préfecture, Kotus se sépare de ses parents pour continuer ses études à Conakry. Au teint noir avec une taille moyenne et un nez impeccable, Madeleine Kotus vise loin.
D’abord, Madeleine a commencé ses études primaires et secondaires à Lélouma située à 60 kilomètres de Labé. Après avoir décroché son brevet, elle est transférée au lycée Général Lansana Conté de Labé. Ensuite, elle quitte ses parents pour se rendre dans la capitale pour y continuer l’école secondaire au lycée Kipé de Conakry. Cette séparation avec ses parents n’a pas été facile pour elle : « De la première année en terminale, c’était tout à fait de l’eau à boire. Mais lorsque je suis arrivée à l’université, c’était très difficile, c’est en ce moment que je me suis séparée avec mes parents. L’université dans laquelle j’étais coûtait énormément chère, surtout avec le coût des inscriptions et réinscriptions. Malgré ça, je suis parvenue à terminer mes études en 2014 », raconte-t-elle.
Journaliste de formation, cette passionnée du micro est ancienne étudiante de l’université Koffi Annan de Guinée. Remarquée par son entourage à cause de sa voix hors norme, Madeleine Kotus a jugé nécessaire de se lancer dans ce métier : « C’est un métier qui me passionnait depuis le début, à part la passion aussi, il y avait tout mon entourage qui m’encourageait à faire ce métier, parce que les gens me disaient que j’avais une belle voix et me demandaient de faire la radio, c’est ainsi que je me suis retrouvée dans ce métier qui me passionne tellement », fait-elle savoir.
Après ses études à l’université, elle a commencé à faire le stage à Planète Fm pendant un mois pour pouvoir décrocher un emploi décent. Quelques temps plus tard, sa mère tombe malade, la pauvre jeune fille rentre au village pour être auprès de sa mère. Après ce moment de difficultés, Kotus revient à Conakry pour tenter sa chance dans un autre média de la place. Cette fois-ci, notre interlocutrice y fait deux ans de stage sans rémunération avant d’être engagée aujourd’hui par le média en question : « A mon retour à Conakry, j’ai postulé pour City Fm où j’ai été acceptée. J’ai fait deux ans de stage dans la merdre, dans la galère, sans rémunération. Après ces deux ans de stage, finalement on m’a recrutée. Actuellement, je suis journaliste reporter, présentatrice et animatrice en même temps, donc, je suis polyvalente », dit-t-elle.
Les femmes se battent corps et âmes pour se tailler une place de choix dans le monde du journalisme. Mais, elles sont victimes de beaucoup de violences, une chose que Madeleine fustige : « Etant femmes dans les entreprises, c’est très difficile. D’abord, il y a toute une censure, il y a les harcèlements, on relègue souvent les femmes au second plan. On te dit que tu es incapable, que tu n’as pas la performance. Ça devient donc très difficile pour la femme de se démarquer dans la société », affirme-t-elle.
La journaliste est animée par de grandes ambitions : « Je veux faire ma propre cellule de communication où je vais commencer à faire des spots. Pour un début, Je vais commencer par le montage, le traitement des spots en radio ou en télé. Je suis en train d’énumérer les projets. Côté formations, je suis en train d’économiser un peu de ce que je gagne aujourd’hui pour pouvoir aller à l’extérieur soit au Sénégal ou en France pour essayer d’améliorer un peu ma formation, parce qu’il me faut réellement un Master pour me sortir de l’ornière », ambitionne-t-elle.
Aux femmes, Madeleine Kotus leur demande de se démarquer des hommes en vue de s’affirmer dans la société. Elle regrette néanmoins la faible représentativité des femmes dans les instances de prises de décision : « Il faut que la femme arrive à se démarquer de l’homme, parce qu’on sait aujourd’hui, en Guinée, il y a de ces femmes qui sont capables. Mais dans le gouvernement actuel, seules quatre femmes sont membres, à l’Assemblée nationale, il y a 7 femmes sur 113 députés. C’est quelque chose qui fait mal, pourtant, les femmes peuvent mieux faire que les hommes. Je demande donc aux femmes de prendre leur destin en main, se fixer des objectifs. Elles doivent comprendre que tout ce que les hommes peuvent faire nous pouvons aussi, car nous avons reçu les mêmes formations », a-t-elle conclu.
Mohamed Lamine Souaré