L’exilé Mandian Sidibé a été un fervent activiste du RPG et un inconditionnel d’Alpha Condé. Depuis les années 90 jusqu’à l’accession du professeur Alpha Condé à la magistrature suprême du pays, Mandian Sidibé est resté aux côtés de l’opposant historique devenu président de la République en 2010.
L’ex directeur général de la radio Planète FM justifie cet état de fait par la fondation par lui, d’un organe de presse intitulé ‘‘La voix du peuple’’. Un journal essentiellement consacré aux éloges du RPG et de son président dont l’écoulement sur le marché subira une totale mévente.Mais avant, le journaliste qui a fait deux fois de suite la prison sous le régime Conté pour ses prises de position dans ses articles publiés alors dans les colonnes du journal L’Indépendant, s’est vu contraint de quitter le pays.
Aux dires Mandian Sidibé, ce périple le conduira dans trois pays, notamment au Bénin, au Canada et au Gabon. C’est en 2010 que le journaliste dit être revenu au bercail, en abandonnant ses ‘‘juteuses’’ fonctions de rédacteur en chef du site présidentiel gabonais Gabonnews.
Dans l’entre deux tours, Mandian Sidibé continuera de servir l’historique parti d’opposition qui deviendra peu après le parti présidentiel. ‘‘Même étant DG de la radio Planète FM, j’éditais toujours mon journal pour vanter les vrais-faux mérites du professeur Alpha Condé. Je fus même une fois interpellé par M. Sylla, me disant que le journalisme ne rime pas avec le militantisme’’, témoigne Mandian Sidibé au micro de nos confrères de la radio Espace FM.
‘‘Toujours pendant cette période, poursuit-il, j’appartenais à une équipe parallèle de communication du RPG . Et mon rôle dans cette commission était de procéder à des rédactions de mémos, des courriers et des discours. La question que je me pose aujourd’hui est celle de savoir si le professeur Alpha Condé était bien informé de mes actions en sa faveur’’.
N’ayant donc pas été récompensé pour ses ‘‘efforts’’ consentis pour la cause de ce parti, et menacé de perdre son boulot à Planète FM, Mandian Sidibé déclare s’être résolu à tourner définitivement dos au RPG et à son mentor, en prenant son destin en main et en s’attelant à relancer la radio Planète sur de nouvelles bases.
‘‘Je jure la main sur la conscience que depuis que j’ai tourné dos au RPG et au président, je n’ai plus jamais regardé dans cette direction jusqu’à ce lundi 23 février 2015’’, confesse l’invité des Grandes Gueules.
Mandian Sidibé est aujourd’hui réduit à l’exil forcé à Dakar. Son péché est d’avoir lancé un cri de détresse à l’antenne, faisant état d’une tentative d’enlèvement perpétrée contre sa personne. Tel un écho, cet appel a tout de suite retenti dans les oreilles de ses auditeurs. Puisque certains vont sortir pour protester. Dans ces mouvements, un adolescent est abattu par des forces de l’ordre à Cosa. Le crime est imputé au journaliste qui a lancé un S.O.S.
Depuis son retranchement au pays de la Téranga, l’exilé d’Alpha Condé dit avoir noué plusieurs contacts avec des proches du pouvoir de Conakry, en vue de son retour au bercail. Parmi ces personnes, le journaliste cite entre autres le gouverneur de la région administrative de Kankan, Nawa Damey, le ministre conseiller à la présidence de la République, Papa Koly Kourouma, l’honorable Mamadou Diawara, le ministre d’Etat à la présidence en charge du partenariat public-privé, Kassory Fofana, son homologue de la Communication, Alhousseiny Makanéra Kaké, Me Bokoumta Diallo, fervent avocat et ami personnel du président Alpha Condé basé à Dakar, le conseiller juridique d’Alpha Condé, Mohamed Lamine Fofana.
A en croire l’invité de Lamine Guirassy, tous ces contacts se sont heurtés à un niet catégorique de Conakry qui, dit-il, brandit l’aspect judiciaire face à son retour dans le meurtre du jeune manifestant tombé quelques minutes après l’appel de détresse de Mandian.
Parlant de son séjour au pays de Macky Sall, le journaliste commence par démentir les rumeurs qui font croire qu’il vit au Sénégal pour espionner l’opposition guinéenne réputée être instigatrice de complots à partir de ce pays. Ensuite, il relate sa vie plutôt difficile depuis son exil.
‘‘On dit que je suis en train de prolonger mon séjour à Dakar juste pour espionner l’opposition. Parce qu’on estime que tous les vrais-faux montés contre Alpha Condé sont montés ici’’.
Mandian Sidibé souffre au Sénégal, mais se montre serein et prend à bras le corps son destin pour sauver sa réputation et son honneur mis en rude épreuve. ‘‘Je souffre ici. Je ne travaille pas. Je vis grâce à des amis et à mon carnet d’adresses’’, soutient Mandian Sidibé, précisant par la suite qu’il y vit dignement et honorablement. ‘‘Tous les ressortissants guinéens vivant à Dakar peuvent vous le dire’’.
L’exilé devrait-il bénéficier d’un décret comme son ami qui jouit de bonnes grâces présidentielles aujourd’hui ? La question se doit d’être posée.
Un jour, dit Mandian, j’ai appelé l’un des anciens membres de cette cellule parallèle de communication à laquelle j’ai appartenu (Aboubacar Sacko : Ndlr). Il est membre du gouvernement maintenant, je le précise, pour lui demander une assistance financière et de m’aider à rentrer au bercail. Ce fut sa réponse : Je ne peux rien pour toi. Tu as débordé. Il est arrivé un moment où je ne te reconnaissais plus. Tu étais devenu si haineux et rancuneux’’, se désole-t-il.
A la question de savoir si c’est parce que l’ancien collaborateur du RPG n’a pas quant à lui bénéficié de rétribution qu’il s’est rebellé contre le régime d’Alpha Condé, Mandian Sidibé ne passe pas par quatre voies pour répondre. ‘’Je vais vous dire que la politique n’est pas une religion où on observe le jeûne et les prières pour aller au Paradis. La politique, c’est ici qu’il faut avoir les retombées : pas à l’au-delà. C’est aussi simple que ça’’, conclut-il.
N’Faly DIABY