Les leaders des groupes rebelles du Nord du Mali, des chefs traditionnels et des représentants de la société civile locale se réunissent cette semaine à Kidal pour décider, ou non, de parapher le pré-accord de paix conclu le 1er mars à Alger.
C’est une réunion cruciale pour l’avenir du Mali. Mercredi 11 mars débutera à Kidal, fief des rebelles touaregs, une grande assemblée des groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), chefs traditionnels et membres de la société civile du Nord. Objectif de ces discussions, qui devraient durer jusqu’à vendredi dans la salle de spectacle de la ville : accepter ou rejeter le projet d’accord de paix validé le 1er mars à Alger par le gouvernement malien, les mouvements qui lui sont fidèles, et la communauté internationale.
Censée débuter ce mardi matin, cette réunion a été repoussée de 24 heures en raison de difficultés logistiques. Plusieurs des 200 délégués attendus n’étaient en effet pas encore arrivés en fin de journée. Basés à Ouagadougou, Nouakchott, ou encore Bamako, ils ont voyagé à Kidal, via Gao, grâce aux appareils de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali.
Plusieurs chefs des principaux groupes rebelles, Bilal Ag Acherif (Mouvement national de libération de l’Azawad, MNLA), Alghabass Ag Intalla (Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, HCUA), et Ibrahim Ag Mohamed Assaleh (Coalition du peuple pour l’Azawad, CPA) sont arrivés mardi à la mi-journée à Kidal. La veille, ils étaient à Niamey, où ils ont été reçus par le président nigérien Mahamadou Issoufou qui les a encouragés à s’engager dans le processus de paix. Sidi Brahim Ould Sidati, le leader du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), dernière composante de la Coordination, était encore attendu mardi après-midi.
« Vendre » un compromis à la base
Pour ces chefs rebelles et leurs lieutenants, engagés depuis huit mois dans les pourparlers intermaliens organisés à Alger, ces trois jours s’annoncent tendus. Soumis à une intense pression des médiateurs internationaux et régionaux pour parapher le pré-accord de paix, ils vont devoir composer avec une population hostile au pouvoir central qui attend des annonces fortes en matière d’autonomie pour le Nord. Problème : aucune mesure en ce sens n’est prévue par le document ratifié dans la capitale algérienne. « Il va falloir qu’ils ‘vendent’ un compromis à leurs bases, et là réside toute la diffculté », résume une source onusienne proche des négociations.
Signe de ce rejet populaire, mardi matin, environ 300 personnes se sont réunies pacifiquement place de la Liberté, point de départ de toutes les manifestations à Kidal, pour dire « non » au pré-accord de paix d’Alger.