Le processus électoral est à nouveau grippé en Guinée depuis la publication du chronogramme. Pour débloquer la situation, le gouvernement invite l’opposition autour de la table de négociation. Joint depuis son exil parisien, l’ancien ministre, Bah Oury et vice-président du principal parti de l’opposition, l’UFDG a fait part à la rédaction de guineeenmarche.com de sa position par rapport à cet appel du gouvernement. Par ailleurs, il répond aux accusations de ‘’sédition’’ lancées à l’opposition par le gouvernement depuis son conclave de Paris. Tout comme celles de ‘’trahison’’ récemment proférées par certains de leurs camarades de l’opposition qui parlent non sans renâcler de cette réunion de Paris qu’ils jugent discriminatoire. Convaincu que le processus électoral est totalement ‘’phagocyté’’ par le président Alpha Condé pour permettre aujourd’hui une ‘’juste et libre’’ compétition à l’opposition, le Vice-président de l’UFDG pense dans la foulée à un plan B pour le déloger tel que déjà balisé dans leur déclaration de Paris et dont il définit dans cet entretien qui suit, les deux axes prioritaires. Lisez !
guineeenmarche.com : Que répondez-vous à l’appel au dialogue que vient de lancer le gouvernement à l’opposition ?
Bah Oury : Le gouvernement guinéen d’Alpha Condé n’a jamais cherché un véritable dialogue politique dans le pays. Il a exacerbé à l’extrême les contradictions politiques durant ces cinq années. Il n’a jamais eu de manière concrète un geste d’apaisement en direction des catégories sociales les plus démunies et les faibles. Il a toujours montré sa volonté dominatrice en usant de la violence systématique. Son discours est un tissu de mensonges et aucun accord politique n’a été respecté. En conséquence son appel au « dialogue » est une manœuvre tactique pour encore rouler les gens dans la farine pour gagner du temps.
Toute l’opposition est avertie, aller -à un dialogue quelconque avec un régime qui n’a aucune légitimité et dont le maintien au pouvoir est une grave menace pour l’unité et la stabilité de la Guinée et de la sous-région – sera suicidaire. Les populations ont réaffirmé partout et clairement leur rejet de toute forme de « dialogue » avec le gouvernement d’Alpha Condé.
guineeenmarche.com : Depuis votre déclaration dite de Paris, le pouvoir prête à ses opposants des velléités subversives. Qu’en dites-vous ?
Bah Oury : Les violations des droits de l’homme systématiques dans le pays sont le fait du régime. Les relations incestueuses entre monsieur Alpha Condé et le présumé complice de l’assassinat de Mme Boiro, le nommé Mohamed Junior qui est actuellement aux arrêts à Conakry montrent la nature subversive et criminelle du pouvoir actuel. De sa prison, Mohamed Junior a dit à Guineenews© qu’Alpha Condé l’a présenté au Haut Commandant de la gendarmerie nationale et au Directeur Général de la Police avec des instructions précises « d’assurer la sécurité de Conakry ». Cet aveu devrait amener toutes les institutions nationales du pays à s’intéresser à cette affaire, car il s’agit de la sécurité nationale et de la paix civile qui sont en jeu. Ainsi qui de l’opposition et d’Alpha Condé est-il réellement subversif ?
guineeenmarche.com: Certains de vos camarades leaders de l’opposition considèrent le conclave des principaux ténors de l’opposition à Paris comme une trahison à l’endroit des petits partis. Qu’en pensez-vous ?
Bah Oury : Je ne pense pas qu’un authentique opposant ait pensé comme cela, quelque soit le périmètre de son parti politique. La déclaration de Paris est une suite logique des déclarations antérieures de l’opposition. En plus depuis la publication de cette courageuse déclaration, le vent a tourné favorablement pour toute l’opposition démocratique guinéenne. C’est cela qui mérite d’être amplifié. Les élites politiques guinéennes doivent oublier de regarder trop souvent leur nombril pour privilégier l’intérêt collectif et la lutte effective pour la démocratie et la liberté pour tous les guinéens sans exclusive et sans préférence.
guineeenmarche.com: Bah Oury est-il favorable à une candidature unique de l’opposition pour les prochaines élections présidentielles ? Si Oui, quel peut être, selon vous, le profil de ce candidat. Autrement dit, qui des trois principaux leaders (Cellou Dalein, Sidya Touré, Lansana Kouyaté) peut être le meilleur choix de l’opposition pour battre Alpha Condé ?
Bah Oury : Tout le monde est conscient aujourd’hui que le processus électoral est totalement phagocyté par le pouvoir et ne peut en aucun cas permettre une juste et libre compétition politique contre Alpha Condé. C’est pourquoi, la déclaration de Paris est explicite sur la stratégie à mettre en place pour restaurer les libertés fondamentales dans notre pays. La reconnaissance de la perte de légitimité d’Alpha Condé et l’affirmation que son pouvoir met en danger la stabilité et l’unité de notre pays et de la sous-région, nous imposent une tâche politique prioritaire et urgente à savoir : travailler à déloger monsieur Alpha Condé du pouvoir. Cela comme le firent les jeunes du Burkina Faso à l’encontre de monsieur Blaise Compaoré. Dans une seconde étape, il a été explicitement écrit que « l’opposition mettra en place un programme commun de gouvernement ». Ceci traduit une volonté politique d’unité pour combattre Alpha Condé et aussi de gouverner ensemble par la suite. Ce sont ces deux faits qui me paraissent les plus importants à cette phase tourmentée de l’histoire de notre pays.
La rédaction