Généralement, le ton est mesuré chez le ministre d’État, ministre directeur de cabinet de la présidence guinéenne. Pour une fois, Docteur Diané semble s’être retrouvé dans l’obligation de sortir de sa réserve habituelle, rétablir la vérité des faits et contre-attaquer les arguments de l’opposition qui fait de plus en plus monter les enchères dans son refus de revenir à la table des négociations afin de discuter du processus électoral en cours. Dans cet entretien, sans langue de bois, accordé à une interview à notre rédaction, le bras droit d’Alpha Condé remet les leaders de l’opposition à leur place tout en apportant des précisions sur leurs revendications.
Guineeenmarche.com : Que répondez-vous aux leaders de l’opposition qui contestent la légitimité du chef de l’État, des mairies et de certaines institutions de la république ?
Dr. Mohamed Diané : La première contradiction de cette opposition guinéenne consiste à déclarer l’illégitimité des institutions auxquelles elle participe elle-même, puisqu’elle dispose de parlementaires élus et qui siègent à l’Assemblée nationale. Elle a envoyé ses représentants au sein de la CENI après la loi sur la réforme partielle de la commission électorale nationale indépendante, où il faut d’ailleurs observer que M. le Premier ministre, l’honorable Cellou Dalein Diallo y a désigné sa belle-sœur et M. le Premier ministre, Lansana Kouyaté, son beau-frère. N’oubliez pas également que l’opposition s’est fait représenter dans tous les démembrements de la CENI bien qu’elle ait déclaré cette institution illégitime. Donc, il s’agit d’un procès en illégitimité qui n’a aucune base.
Guineeenmarche.com : Mais le mandat des maires a quand même expiré…
Dr. Mohamed Diané : Justement, parlons-en ! Le fameux procès sur l’illégitimité des maires ! Il faut d’abord préciser que depuis la fin du premier régime en 1984, il n’y a eu que trois élections communales et communautaires en Guinée. En 1991, les élections communales et communautaires ont été organisées en deux temps : en janvier pour les communes de Conakry et en juin, pour les communes et les communautés rurales de l’intérieur.
Ensuite, en 1995 les élections communales et communautaires ont été concomitamment organisées ensemble. Après celles de 1995, il a fallu attendre dix ans c’est-à-dire en 2005, pour organiser les élections communales et communautaires. Ce sont ces mairies qui sont actuellement en place et qui ont été installées avant l’arrivée au pouvoir du professeur Alpha Condé. Il faut noter que Cellou Dalein et Sidya Touré étaient tous membres des gouvernements pendant ces années passées.
Autre précision pour éclairer l’opinion nationale et internationale, c’est que, sur 348 communes existantes, il n’y a que 28 qui constituent des délégations spéciales. Ces 28 collectivités ont été constituées après un audit financier négatif sur leur gestion, ce qui a conduit l’autorité de tutelle à prendre des dispositions transitoires. A cet égard, il est étonnant d’observer que les opposants n’ont jamais sollicité les élections locales avant les législatives et cela même quand, ils étaient tous au pouvoir en que Premiers ministres, chefs de gouvernement. Donc, il ne s’agit aujourd’hui que de manœuvres dilatoires pour rendre impossible la tenue de l’élection présidentielle pour mieux dénoncer en ce moment là l’illégitimité du chef de l’État, si le vote n’a pas lieu. Pourtant, ce vote aura bien lieu car c’est la Constitution qui l’impose à tous les acteurs politiques. N’en déplaisent à ceux qui, face à notre bilan, ont peur de se présenter devant les électeurs.
Guineeenmarche.com : L’opposition dénonce une répression des forces de l’ordre lors de sa dernière manifestation. Faites-vous la même lecture des événements ?
Dr. Mohamed Diané : La manifestation dont vous faites allusion s’est faite en toute illégalité, c’est-à-dire sans autorisation préalable des autorités selon les textes de loi. Lors des manifestations de 2013, plusieurs fois, les demandes de manifestations ont été adressées aux mairies et validées par le ministère de l’Administration du territoire qui a donné une réponse favorable à chaque fois qu’il a été saisi. A partir de quel critère, subitement, toutes ces institutions sont-elles devenues illégitimes ?
Guineeenmarche.com : Pourquoi, selon vous, Cellou Dalein et ses collègues refusent d’aller aux élections avec les maires actuels ?
Dr. Mohamed Diané : C’est à eux qu’il faut poser cette question. Moi je me pose celle-là : en quoi les collectivités locales sont-elles une menace pour l’opposition, puisque les municipalités ne participent pas au scrutin ? Celui-ci est entièrement géré par la CENI et ses démembrements dans lesquels, pouvoir et opposition, sont représentés de manière paritaire. La preuve, l’opposition a remporté les cinq communes de Conakry lors des élections législatives, ce qui veut dire que les municipalités n’interviennent en aucune manière dans le processus.
Guineeenmarche.com : Face au refus de vos opposants de revenir à la table des négociations malgré les dernières démarches du gouvernement et les appels répétés du chef de l’Etat dans ce sens, craignez-vous des violences dans le pays ?
Dr. Mohamed Diané : C’est un devoir de l’État de faire régner l’ordre et la sécurité. Il le fera. L’opposition utilise la violence contre l’État en refusant d’inscrire son action dans le cadre légal de la manifestation, en utilisant des casseurs armés qui s’en prennent aux édifices publics, aux voitures et personnes physiques souvent prises à partie sur une base purement ethnique. Comme on le voit autour des quartiers proches de Bambeto. Dans n’importe quel autre pays d’Afrique, les forces de sécurité auraient procédé à l’interpellation des organisateurs d’une telle manifestation. On l’a vu en Côte d’Ivoire, au Sénégal. Au nom notamment de la loi « Anti casseurs » instaurée avant l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé. Le doyen Bâ Mamadou et ses députés de l’Unr furent arrêtés et emprisonnés pour moins que çà dans l’affaire Kaporo-rails. Où étaient-ils ceux qui veulent nous donner des leçons aujourd’hui ? Il ne faut pas oublier qu’en Guinée, depuis 2010, seules la police et la gendarmerie participent au maintien de l’ordre public. L’État ne fait pas appel à l’armée, comme c’était souvent le cas lorsque certains étaient aux affaires.
La rédaction