La Coordination nationale Haali-pular, dans une déclaration publiée ce 20 avril courant, se dit « choquée et révoltée par les agissements criminels des forces dites de sécurité déployées dans Ratoma particulièrement le long de l’axe de Hamdallaye à Sonfonia ».
Elle accuse les « hommes en uniforme » de « tuer, blesser, torturer et détruire tout sur leur passage avec des injures à caractères ethnocentristes à l’égard des haali-pular ». La Coordination nationale Haali-pular « condamne avec la dernière énergie la répression sauvage et sanglante dont est victime sa communauté dans la commune de Ratoma et interpelle une fois encore la communauté internationale et le gouvernement guinéen ». Elle accuse le pouvoir d’être le commanditaire de « ces actes criminels…exécutés par les forces criminelles formées et endoctrinées contre les peulhs. Nous savons que ces tueurs et ces violeurs sont recrutés à la Casse et à la Sig Madina pour tuer nos enfants. Ce sont des actes préparés et planifiés contre les haali-pular par le pouvoir en place pour des motifs politiques ». Selon la Coordination nationale Haali-pular, des manifestations ont eu lieu partout à Conakry, mais on n’a compté des morts, des blessés des destructions et des arrestations que dans la commune de Ratoma.
« Nous n’accepterons plus que des criminels à la solde du régime tuent nos enfants. Nous avons compté dans Ratoma trois morts par balles réelles tirées à bout portant sur les organes sensibles : la poitrine ou la tête ne laissant aucune chance de survie aux victimes. Des dizaines de blessés par balles et une trentaine de blessés suite à des bastonnades et des tortures. Plusieurs arrestations dont la plupart dans leurs domiciles, sans parler des dizaines de milliards de francs guinéens perdus à l’occasion des pillages et des incendies des magasins et domiciles. Ces personnes injustement arrêtées, le gouvernement s’est empressé de les condamner par sa justice expéditive conduite par ses juges corrompus aux ordres de ce pouvoir injuste et impitoyable alors que les assassins ne sont pas inquiétés », affirme-t-on. « Assassins de nos enfants, faites les calculs : depuis 2011, vous avez supprimé volontairement la vie de soixante jeunes peulhs, blessés des centaines dont des dizaines sont handicapés à vie dans Ratoma. Dieu vous attend pour votre récompense, prévient, très en colère, la Coordination nationale Haali-pular. La Coordination Nationale Haali-Pular dénonce également « l’injustice, l’arbitraire, la ségrégation, l’exclusion et la répression sauvage et sanglante dont [elle est] victime de la part du pouvoir en place. Pour elle, la communauté internationale et toutes ces ambassades sont restées de marbre et personne n’a daigné nous répondre ».
Malgré tout, écrit la Coordination, « nous sommes des Guinéens à part entière, nous sommes pour la paix et l’unité de toutes les filles et de tous les fils de la Nation, mais, trop c’est trop la patience a ses limites. Le pouvoir joue sur notre croyance en Dieu, pour nous prendre pour des naïfs ou des peureux. Mais, nous sommes maintenant en situation de légitime défense face à une agression injuste d’un pouvoir qui pratique une forme d’apartheid contre nous. Nous sommes exclus, ségrégués, privés de tout par le pouvoir en place qui a procédé par un nettoyage systématique de l’administration publique et de la hiérarchie militaire en démettant les peulhs de tous les postes de responsabilités qu’ils occupaient. Nous n’accepterons plus qu’on tue nos enfants comme du gibier. Ces gendarmes, ces policiers, ces donzos et autres milices sont déployés à Ratoma pour tirer à balles réelles et tuer nos enfants après quoi les responsables de la Police, de la Gendarmerie, le Ministre délégué à la défense, le Président de la République Alpha CONDE lui-même prennent d’assaut les médias pour dire que les forces de sécurité ne disposent d’aucune arme de guerre et qu’il n’ya aucun mort dans les hôpitaux, aucun blessé par balles ».
Ces attitudes sont, dira-t-elle, particulièrement choquantes et révoltantes ; c’est une insulte aux victimes à leurs familles et à leur communauté toute entière. Et d’ajouter : « Ce qui est aussi révoltant, c’est la complicité de l’armée régulière vis-à-vis des donzos. Ces derniers se permettent de paraître dans les médias pour affirmer, en narguant les guinéens, qu’ils sont là et sont prêts à agir contre les manifestants. Dans quel pays du monde, sinon la Guinée, accepte-t-on des forces armées supplétives ou parallèles coexister avec les forces armées régulières? Et si les autres communautés de la Basse Guinée, du Fouta et de la Forêt créaient leurs propres forces supplétives ? Quelle jungle serait alors la Guinée ? Nous invitons l’armée régulière à désarmer les donzos et à les chasser de la ville pour qu’ils aillent continuer leur œuvre de destruction de l’environnement chez eux en Haute Guinée ». La Coordination Nationale Haali-Pular prévient qu’elle ne continuera pas à se résigner à vous laisser sortir de chez vous le matin arme au poing motivé par des milliards qu’on vous distribue nuitamment pour aller tirer et tuer nos enfants et retourner chez vous le soir embrasser les vôtres, se rendre le lendemain à vos bases respectives assister à la montée des couleurs. Cela n’est possible qu’en Guinée. La République de l’impunité.
« Les tueurs et leurs commanditaires doivent savoir que s’ils aiment leurs enfants que nous aussi, nous aimons les nôtres. Alors arrêtez votre folie meurtrière si non nous serons dans l’obligation de demander à tous et à chacun de répondre au coup par coup et advienne que pourra. En l’absence d’un Etat juste qui traite tous ses citoyens sur un même pied d’égalité, c’est la jungle et comme c’est le cas en Guinée nous agirons comme tel : œil pour œil dent pour dent. « On ne meurt qu’une fois ». Jamais on n’acceptera qu’on tue nos enfants pour des prétextes politiques. En tout état de cause, la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée exige du gouvernement guinéen et prend à témoin la communauté internationale pour que soient exécutées les actions suivantes:
Le retrait immédiat des hommes en uniformes de la commune de Ratoma particulièrement le long de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Koloma-Cosa-Cité-Sonfonia ; La prise en charge des soins médicaux de tous les blessés par l’Etat ; La libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées et incarcérées dans différents centres de détention et de tortures du régime ; L’arrestation, le jugement et la condamnation des auteurs, des commanditaires et des complices de ces crimes odieux. La Coordination Nationale Haali-Pular présente ses condoléances les plus attristées aux familles des trois dernières victimes et prie Dieu de les accueillir dans son Paradis éternel. Elle souhaite prompt rétablissement aux blessés et en appelle à la communauté haali-pular ici et ailleurs à une grande solidarité vis-à-vis des victimes de la répression sauvage du régime guinéen. La Coordination Nationale Haali-Pular rappelle une fois encore pour terminer que désormais le prétexte politique derrière lequel se cache la répression dont nous sommes victimes, disparaîtra et nous allons faire face à toute éventualité en tant que Communauté Haali-Pular », conclut-on dans la déclaration signée d’Elhadj Saikou Yaya Barry.
Fanta Bah