Au fil des marches qui en fait n’en sont pas, la lassitude montre le bout du nez. Celles de lundi et jeudi derniers ont eu moins d’effet que les précédentes, tant en ce qui concerne le bilan des bobos et dégâts en tous genres, que la paralysie de la ville souhaitée par l’opposition. Cette dernière préoccupation semble même devenue son principal objectif : » oui la marche a réussi parce que Conakry a été paralysée », entend-on claironner dans certains états-majors les lendemains de manifs.
Les cons(de)frères qui parlent de leaders de l’opposition confinés chez eux ou Ansoumane Camara Baffoe, qui ne rappelle en rien l’élégant Anthony Baffoe, défenseur ghanéen de la CAN « Dakar 92″, et qui pensent à une trouvaille de génie pour neutraliser Cellou Dalein et Cie, sont loin du compte. Les leaders opposants vont sortir de leur domicile pour aller où ? Vu qu’il ne s’agit pas en fait de marche, puisqu’il n’y a pas d’itinéraire défini et encore moins des points de départ et d’arrivée. Ils n’ont vu rouge que lorsqu’on a empêché des visiteurs d’accéder à eux. Le mot d’ordre des marches est lancé pour donner l’occasion à des jeunes désoeuvrés de la banlieue d’ériger des barricades et de s’en prendre aux automobilistes assez fous pour emprunter certains axes routiers.
Pour quel résultat ? Paralyser la ville !
Sinon, contrairement au gîte de son chef de file à Dixinn, les deux pick-up, à peine visibles, garées devant chez Sidya Touré lundi dernier ne pouvaient l’empêcher de gagner la rue s’il en avait l’intention. Et puis Dalein aurait pu aller roupiller dans ses autres résidences, à côté de la cité CBG ou derrière le marché de Kaporo, s’il avait voulu déjouer les plans de Baffoe. Mais, après avoir compris sans doute que les scénarios à la Bah Oury, ou même un remake des événements de janvier 2007 relèvent pour le moment de la rêverie, on opte pour la paralysie de Conakry. Quand bien même cette dernière,de plus en plus, ne touche que l’axe Hamdallaye – Cosa – Bambéto – Enco 5 et autres Cimenterie. Avec tout le mal qui va avec : circulation interrompue, marchés et écoles fermés, insécurité, etc. Maintenant que le face-à-face Alpha – Dalein devra attendre, à quoi allons-nous assister ?
Peut-être à la même chose que l’on aurait été en mesure d’attendre si Cellou Dalein avait daigné serrer la main tendue du président Condé, à la suite d’une rencontre de routine. Comme l’a laissé entrevoir l’invitation adressée, ce même vendredi, à la coordinatrice du RPG/Arc-en-ciel, Nantou Chérif. Alors que le parti présidentiel ne trouve rien à redire sur le chronogramme de la CENI, et ne compte nullement faire le premier pas d’une quelconque marche de protestation.
Dans l’un ou l’autre des cas, Alpha Condé marque des points en passant pour celui qui prône le dialogue, donc l’apaisement. A tort ou à raison. Et les opposants, surtout après le refus de Dalein d’aller à Sékoutouréya, pour ceux qui enflamment la rue et parlent de dialogue avec le regard aussi ardent qu’un chalumeau.
Dans les jours et semaines à venir on devrait s’attendre encore à du rififi à Conakry, notamment dans les fiefs de l’UFDG. Jusqu’à quand ? Peut-être jusqu’au moment où l’opposition arrêtera de persister dans l’erreur qui consiste à croire que ses manifs peuvent, avant la prochaine présidentielle, chasser Alpha Condé de Sékoutouréya. Pourquoi ne pas tenir compte de cet avertissement de saint Augustin (et non de Sénèque comme l’affirment certains) : « Errare humanum est, perseverare diabolicum » ?
Jusqu’à preuve du contraire …
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