Depuis mars 2014, le capitaine Dadis Camara et Tibou Kamara étaient en froid. Disons, en conflit. Malgré le bras de fer qui les opposait, l’ancien ministre d’Etat secrétaire général à la présidence a pris de la hauteur, mettant de côté les passions, les rancunes, pour dire ses vérités sur l’arrivée en politique de Dadis et le maintien en exil de ce dernier depuis 2010.
Tibou Kamara est clair dans sa position : Dadis a le droit de se lancer en politique comme tout bon citoyen Guinéen. Par ailleurs, après avoir parlé de l’hypocrisie d’Alpha Condé vis-à-vis de l’ancien homme fort de la Guinée, Tibou Kamara a dénoncé et condamné l’exil du capitaine Moussa Dadis Camara.
Pour l’ancien » tout-puissant » ministre d’Etat de la Transition, ce sont les fausses promesses du président Condé qui ont poussé le capitaine Dadis Camara à prendre ses responsabilités et à se lancer dans la politique.
Nouvelledeguinee.com vous propose le point de vue de Tibou Kamara sur l’affaire Dadis. Il était l’invité d’une radio guinéenne installée à Bruxelles, en Belgique.
» En ce qui concerne la candidature du président Dadis, c’est dans son droit d’avoir fait acte de candidature. Il appartient au peuple de Guinée, seul juge et arbitre des débats politiques et des élections, de juger de l’opportunité et de la pertinence de cette candidature. Et finalement, de lui faire confiance ou non.
D’ici là, il (Dadis ndlr) a exercé un droit de citoyen. Il est fondé, s’il estime nécessaire de pouvoir apporter quelque chose à la Guinée, de présenter sa candidature et de descendre dans l’arène politique.
Maintenant, il faut voir ça comme la conséquence de toutes ces violences morales et physiques que le régime exerce sur la plupart des citoyens, y compris des anciens dirigeants.
Le président Dadis vit un exil qui ne dit pas son nom. D’ailleurs, j’ai été personnellement choqué et révolté, lorsqu’il a perdu sa mère, des conditions de son retour dans le pays. Pour quelqu’un qui a eu à diriger la Guinée, quelque soit le temps qu’il a passé à la tête de l’ Etat, quelque soit les conditions dans lesquelles il a exercé le pouvoir, un ancien chef d’ Etat qui n’est pas libre de ses mouvements, qui soit pas autorisé entre guillemets -, parce que c’est un droit qui n’est pas négociable, à aller à Conakry, qui ne soit pas autorisé à rester, le temps qu’il aurait voulu, à N’ Zérékoré pour se recueillir sur la tombe de sa mère, et partager la douleur des siens… Je trouve cela scandaleux pour un citoyen, à plus forte raison un ancien chef de l’Etat.
Tel que je connais la personne (Dadis ndlr), l’accumulation des injustices,, l’accumulation des offenses, l’ont poussé à sortir de sa réserve pour essayer de protester contre l’ordre politique et social actuel de notre pays.
Vous ne pouvez pas imaginer la frustration pour ‘un homme d’être privé de ses droits, vous ne pouvez pas imaginer la colère d’un citoyen qui ne peut pas rentrer dans son pays, vivre parmi les siens, dans la liberté, comme ça se fait partout dans le monde.
Donc, il faut voir cette entrée en politique du capitaine Dadis comme la conséquence de tout ce qu’il a eu à subir, jusqu’à maintenant, et de toutes les fausses promesses de Alpha Condé qui a fait croire qu’il pouvait protéger le président Dadis en l’autorisant, notamment, à rentrer dans le pays, en créant toutes les conditions d’un ancien chef de l’ Etat qui retourne dans son pays.
Il n’a pas eu les avantages liés à son statut d’ancien président, il n’a pas la liberté de rentrer dans son pays, il n’a pas la possibilité de communiquer librement avec les siens…
Vous pensez qu’un homme qui a de l’orgueil, peut rester indifférent à autant d’injustices ?
Moi, je pense qu’aujourd’hui, que ce soit le capitaine Dadis ou n’importe qui, tout Guinéen a l’impérieux devoir de s’engager pour changer la situation dramatique de notre pays pour qu’enfin, nous soyons heureux de vivre dans un pays, et dire: je suis fier d’appartenir à une nation, respectueuse de la dignité humaine, des droits et des libertés fondamentales des citoyens », a déclaré le ministre Tibou Kamara.
Président de la Guinée de décembre 2008 à décembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara a annoncé, le 11 mai dernier, son intention de briguer la magistrature suprême, via les urnes.
Une décision surprise qui a aussitôt brouillé les cartes et entraîner une recomposition du paysage politique, en raison du statut et de la popularité du président des Forces Patriotiques pour le Développement et la Démocratie.