Y a –t-il une ou des amazones en Guinée, faites pour occuper un jour le poste de premier ministre ? Difficile de répondre soudainement par l’affirmative. Mais en relisant Albert Einstein qui disait : «Ne cherchez pas à avoir du succès, mais cherchez plutôt à avoir de la valeur», la réponse tombe d’elle même.
Parmi les cadres féminins les plus connus dans le pays et à l’extérieur, voire des visages inconnus du grand public, il y a une belle brochette de potentiels « premiers ministrables » qui peuvent arborer les costumes taillés uniquement pour les hommes en Guinée qui, en 57 ans d’indépendance, a eu douze chefs de gouvernement, tous mâles.
Dans une société faite par les hommes et pour les hommes, et fortement islamisée où certains pseudos califes vous disent que selon le Coran, la femme a sa place derrière l’homme, confier le poste de Premier ministre à une femme relève du domaine de la chimère selon eux parce que les tenants d’une idéologie absconse, ne se sentant heureux et forts que dans un univers médiéval aux mains des seuls hommes, estiment que la femme n’est pas faite pour commander les hommes.
Si je devais m’adresser au président sortant, lui qui a dédié son quinquennat aux jeunes, surtout aux femmes qui ont été à l’avant-garde de tous les combats à ses côtés, je lui dirais que s’il est réélu, je crois qu’il ne serait pas prématuré ou imprudent de réfléchir à nommer enfin en Guinée une femme au poste de Premier ministre.
Elles ne sont pas nombreuses, pour ne pas dire qu’il n’y en a presque pas, les femmes qui trempent dans les trahisons politiques irrémissibles. Elles sont comme les ruraux qui se méfient même du concept de la trahison.
Face à la palette des problèmes du pays, notamment la stabilité, la paix civile et le développement économique, voici une des voies toutes tracées pour chercher l’oiseau rare parmi les nombreuses « premières ministrables», des Dames de fer, aux têtes bien faites, susceptibles de résoudre enfin ces équations.
Pour repousser au loin les dangers qui ont toujours guetté la République, et qui n’a qu’un genou à terre pour ne pas s’affaisser, une femme à la primature pourrait être une panacée. En général, les femmes refusent la duplicité au profit du combat pour l’intérêt national. Là, elles sont capables, la dextérité aidant, sans aucun calcul politique, de créer les conditions d’une recherche permanente du consensus aux problèmes sociaux dans le cadre du respect de la loi.
Les femmes ont horreur de la violence et du mépris comme mode de fonctionnement. Les superlatifs distillés çà et là font d’elles les meilleures gestionnaires. Alors, doit-on hésiter encore ? Nos maigres ressources ont assez souffert de la gestion des mâles.
Si la règle « à diplôme égal, salaire égal » existait, j’ose croire qu’il n’y aurait pas de grincements de dents quand une femme méritante devrait « commander des hommes ». C’est au grand dam des machistes que les Sénégalais et les Maliens ont fait le pari de nommer des femmes Premiers ministres. Il s’agit de Mame Madior Boye, puis d’Aminata Touré au Sénégal, et de Mariama Khaidama Cissé au Mali.
Ailleurs, le Burundi, Madagascar, Sao Tomé –et Principe, le Mozambique, la Centrafrique, le Rwanda ont essayé aussi, souvent, avec des résultats satisfaisants.
Alexis Fall
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