L’optimisme brillait lors de l’ouverture de la conférence internationale de l’IAS, l’un des grands rendez-vous annuels des spécialistes du sida, à Vancouver dimanche. «Nous avons l’opportunité sans précédent de mettre un terme à l’épidémie», n’a pas hésité à affirmer Chris Beyrer, le président de la Société internationale sur le sida (IAS), organisatrice de l’événement.
Sont notamment attendus les résultats détaillés de l’essai Start sur les bénéfices du traitement précoce des malades. Le test clinique international a été interrompu plus tôt que prévu compte tenu de ses résultats spectaculaires: selon les premiers résultats dévoilés en mai, un individu traité par antirétroviraux dès sa séropositivité connue voit ses chances de rester en vie et en bonne santé doubler. Sans compter qu’une personne sous traitement n’est presque plus contaminante.
Il sera aussi question à Vancouver du cas unique, mais scientifiquement passionnant, d’une adolescente française née séropositive qui ne prend plus de traitement depuis 12 ans après avoir passé les six premières années de sa vie sous antirétroviraux. «Cela renforce l’idée, très importante pour les pays du Sud, que soigner tôt peut avoir un bénéfice important sur l’avenir des patients», explique le Pr Christine Rouzioux, virologue à l’hôpital Necker (Paris).
Des outils de prévention
Le consensus scientifique sur l’intérêt d’un traitement anti-VIH très précoce est récent et n’a été ajouté aux recommandations officielles en France que l’an dernier. «Les premières thérapies antirétrovirales étaient très lourdes pour les patients, qui souffraient d’effets secondaires comme des diarrhées, de la fièvre, rappelle le Pr Rouzioux. C’est pourquoi les médecins étaient réticents à les prescrire avant l’apparition des symptômes du sida. Mais depuis, les molécules à disposition se sont améliorées en même temps que l’on démontrait les bénéfices individuels et collectifs d’un traitement précoce, qui contribue non seulement à préserver le système immunitaire du patient et donc réduire les risques de maladies opportunistes, mais aussi à ralentir la progression de l’épidémie dans une population et à maintenir les gens actifs dans la société», explique la virologue.
Cette stratégie, associée à la prise préventive (PrEP) de médicaments anti-VIH par les personnes séronégatives exposées à un fort risque de contamination (travailleurs du sexe, homosexuels), abaisserait de 95 % le taux de transmission du VIH, a affirmé Chris Beyrer dimanche. «Nous avons désormais des outils de prévention qui, s’ils sont mis en place, permettront de voir vivre une génération sans sida, confirme Nora Volkow, experte américaine de l’IAS. Le défi, c’est précisément de les mettre en place.»
Dans un discours prononcé la semaine dernière à la conférence internationale sur le financement du développement, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé qu’il faudra encore débourser 29,5 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour espérer en finir avec la circulation du VIH d’ici à 2030. À ne pas confondre avec l’éradication de la maladie, qui ne pourra pas être envisagée avant très longtemps puisqu’environ 35 millions de personnes vivent actuellement avec le virus dans le monde.
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