Le discours du président américain Barack Obama sur les « dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir » a fait réagir mercredi le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga, qui a qualifié le chef de la Maison Blanche de « donneur de leçons ».
Dans un discours prononcé mardi au siège de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, M. Obama a tancé les dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir et a appelé le continent à éradiquer le « cancer de la corruption », sans citer le moindre nom.
En République démocratique du Congo (RDC), le président Joseph Kabila est soupçonné par ses adversaires de chercher à rester au pouvoir au-delà de la fin de son second mandat en décembre 2016, en reportant la législative prévue un mois plus tôt.
Interrogé mercredi par l’hebdomadaire ‘Jeune Afrique’, M. Mende a rejeté toute ingérence dans les affaires congolaises.
« Nous entendons toujours ce genre de discours de la part des leaders occidentaux, qui vivent dans le passé et qui nous prennent pour des enfants. D’un point de vue intellectuel, nous sommes assez dubitatifs. Nous trouvons discutable cette mauvaise habitude de nous donner des leçons. Faut-il rappeler à Barack Obama que le président Roosevelt a été élu quatre fois d’affilée en 1933? Il ne doit pas nous faire la leçon », a-t-il ajouté. La Constitution des Etats-Unis ne limite le nombre de mandats présidentiels à deux que depuis 1947.
M. Mende, qui est également ministre de la Communication, a assuré que les autorités congolaises ne se sentaient pas concernées par les propos du président américain.
« Pourquoi nous serions-nous sentis concernés? Le président Kabila n’a jamais dit qu’il voulait modifier la Constitution. Il n’existe que le discours de l’opposition en RDC qui va dans ce sens là. Nous n’avons pas aimé le ton de donneur de leçons de Barack Obama. D’autant que nous savons que les présidents qui ont conservé le plus longtemps le pouvoir en Afrique, comme (le maréchal) Mobutu (Sese Seko) en RD Congo (le Zaïre, jusqu’en 1997, ndlr), l’ont fait grâce au soutien des Américains », a ajouté le ministre.
M. Mende a toutefois assuré que le gouvernement de Kinshasa partageait certaines préoccupations évoquées par le président Obama, comme la lutte contre la corruption.
« Nous avons d’ailleurs apprécié le reste de son discours, notamment au sujet de la corruption et du droit des femmes. Nous partageons ses préoccupations. En fait, nous sommes très fiers de Barack Obama, ce président américain fils d’un Africain. C’est un produit de l’Afrique, un homme d’une rare intelligence politique. Malheureusement, il participe à la mode de donner des leçons aux Africains et nous n’apprécions pas cela ».
Belga