La présidente de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, avait prévenu récemment lors de sa visite de travail à Conakry qu’il faut absolument éviter que de nouveaux crimes soient commis en Guinée, quelque soient la situation et les circonstances.
Dans la foulée, Fatou Bensouda avait aussi affirmé que «la CPI suit avec un grand intérêt le processus électoral ». Avant d’appeler les acteurs politiques à aller à des élections calmes, et d’exhorter ensuite les partisans à s’abstenir de toute violence.
Son discours, qui ne souffre d’aucune ambigüité, signifie, à mon avis, qu’il ne servira à rien de fragmenter les données de base de la quiétude sociale, voire de la paix civile, en raison des intérêts du moment.
Quatre jours après la fin de la mission de la patronne de la CPI, l’ex-chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, a été inculpé à Ouagadougou (Burkina Faso) où il vit en exil depuis 2010 par des magistrats du pool des juges en charge du dossier des tristes événements du 28 septembre 2009 qui ont fait 157 morts par balles et des dizaines de femmes violées en plein jour, selon les organisations de défense des droits humains.
L’inculpation de Dadis Camara, qui sera sans nul doute un des faits majeurs de l’année 2015 qui s’en ira dans cinq mois, a provoqué des réactions de tous genres. La CPI a salué «le professionnalisme» du pool des juges en charge du dossier. Bien avant, des voix s’étaient élevées subitement dans un élan de solidarité pour dénoncer «l’instrumentalisation de la justice».
Et nous voici face à des gens qui ont mis à nu leur complicité au service d’un exploit, dont l’audace spectaculaire peut et doit, à leurs avis, effacer d’un trait de plume allègre la cruauté du 28 septembre 2009, dont les commanditaires et les auteurs ne sont pas encore identifiés.
Dans le registre de ces réactions négatives qui aimantent l’attention inquiète d’une opinion publique médusée, la surprise et l’indignation ne font qu’étouffer les hommes, notamment les défenseurs des droits humains, épris de paix et de justice.
Dadis, qui a toujours affirmé qu’il piaffait d’impatience pour être entendu par les juges, reconnaît ipso facto qu’il n’est pas supérieur à ses collègues du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) qui ont été inculpés avant lui. Ceux-ci vaquent à leurs occupations, et attendent le procès pour donner leurs versions des faits.
Au regard des agitations spontanées et des affabulations, nous sommes en droit de nous demander si nous ne sommes pas désormais face aux prémices d’une fausse note qui pourrait servir les intérêts de la CPI qui est à l’affût, comme ailleurs dans toutes les affaires similaires.
La CPI pourrait prendre l’affaire en main si des personnes mal intentionnées tenteront de créer des incidents le jour du procès, comme c’est le cas souvent chez nous où lorsqu’un homme politique est convoqué par un juge, celui-ci se fait accompagner par ses militants au tribunal.
Loin de moi toute idée de prédire l’avenir, mais il est fort à parier cependant qu’il n’existe presque pas encore des signes annonciateurs de notre capacité à pouvoir rassembler en un tableau cohérent nos responsabilités et nous débarrasser de nos sautes d’humeur et de nos fanfaronnades qui peuvent être des arguments, propices à un saut brutal et démesuré de la CPI sur nos têtes.
Par Alexis Fall
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