Morlaye Soumah Colovatti, ancien sociétaire du Syli national a une lecture assez critique de la gestion de notre onze national. Dans cet entretien accordé à notre reporter, il fustige entre autres le congrès électif de la Feguifoot, qui a reconduit Salifou Camara « Super V », le choix de Luis Fernandez, en tant que sélectionneur de l’équipe…
Le week-end dernier, le onze national a livré un match contre son homologue du Zimbabwe, à Hararé, dont les résultats étaient de un but partout. Comment avez-vous accueilli cette sortie du Syli ?
Morlaye Soumah Kolovati : Moi j’étais étonné de voir que la Guinée joue et que les gens ne se sont même pas intéressés à ce match. Même si c’est à l’extérieur. Personnellement, je n’ai même pas constaté de l’engouement, comme cela était avant.
Vous voulez dire que les gens s’intéressent maintenant moins au football guinéen ?
Je pense que ça a changé depuis la Coupe d’Afrique passée. Le sport guinéen ne fait que dégringoler, pendant que les pays de la sous-région sont en train eux, de se hisser. Sinon si l’équipe nationale joue normalement, c’est toute la nation qui devait se lever, même si c’est à l’extérieur pour soutenir les joueurs. Ce jour je n’ai même pas senti que le Syli jouait.
Selon vous monsieur Soumah où se situe le problème ?
C’est au niveau des responsables qui gèrent le football guinéen. Il est vrai que le bureau de la Féguifoot vient d’être mis en place. Mais bien avant la manière dont les choses se passaient, je pense que jusqu’à présent la Guinée n’a pas encore tiré les laçons. Les autres avancent, nous on recule. Parce qu’on continue à faire confiance à des gens qui sont incompétents. Regarder comment les autres pays avancent et nous qu’est-ce qu’on fait.
Nous voyons que vous êtes très déçu de la manière dont le football est géré en Guinée. Mais il y a quelques semaines la Fédération guinéenne de football a renouvelé son bureau, à travers un congrès. Peut-on avoir vos sentiments ?
Ce jour, je ne suis même pas allé, puisque je savais à l’avance ce qui allait se passer. Moi j’étais aux côtés de mon ami Abdoul Karim Bangoura. Et je sais comment il a été disqualifié à travers des méthodes que je peux qualifier de n’importe quoi. Mettre des stratégies pour simplement éliminer les gens. Mais AKB, a été un international guinéen. Il a fait tout ce qu’un sportif fait pour son pays. Quand même il devait avoir le mérite de participer en tant que citoyen guinéen à un congrès. Mais à mon grand étonnement, ces gens sortent des statuts uniquement pour éliminer AKB. Si ABK était accepté, ça n’allait pas se passer comme ça, parce que celui qui gère notre football, je pense que ce n’est pas la peine de me défouler. Je l’ai vu quand il venait d’arriver dans ce milieu. A moins que je ne me trompe, ce monsieur ne pourra nous amener nulle part.
Mais c’est à travers un congrès qu’il a été confirmé à son poste, n’est-ce pas?
Mais les gens qui votent, ils ont été manipulés. Moi je les appelle des escrocs. Si on veut que le football guinéen évolue, il faut mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut. Il faut arrêter les copinages. Cela ne nous mènera nulle part. Si par exemple tu as un ami que tu veux soutenir, alors qu’il ne mérite pas, amène-le à côté de toi. Tu fais de lui ton conseillé personnel. Mais ne le mets pas à des postes où il ne peut rien foutre pour le pays. On s’en fout des gens, nous, nous voulons que le foot guinéen avance. On ne voudrait pas que quelqu’un prenne en otage le football guinéen. Regarder la gestion comment ça se passe. Je ne vous dis rien de la destination de l’argent que l’Etat donne et celui que donnent des institutions de football. Mais cela suffit pour faire évoluer le foot guinéen. Tout ce qu’on fait comme déplacement pour l’équipe, c’est le gouvernement guinéen qui finance. Alors où va l’argent que la Féguifoot perçoit, auprès de la Fifa et de la Caf.
Que pensez-vous du choix de Luis Fernandez en tant qu’entraineur ?
Mais je ne suis pas contre Luis Fernandez. Je le connaissais depuis quand il était dans le milieu sportif. Il était dévoué. Je l’ai rencontré 4 à 5 fois dans de clubs différents. Je l’ai connu en tant qu’entraîneur et en ce moment, si l’on me disait de prendre Luis Fernandez, je le prends sans réfléchir. Mais du moment où il est devenu consultant d’un média, je pense que Luis Fernandez ne peut pas nous rendre service.
Selon vous que vous faut-il faire pour que la Guinée puisse être au même diapason que les autres pays de la Sous-région ?
La Guinée ne peut rivaliser avec les autres pays. Je suis désolé, on ne peut pas rivaliser ave le Sénégal, le Mali, ni avec la Côte D’Ivoire. Pour la simple raison qu’ils sont en avance sur nous.
Qu’est-ce qu’ils ont fait au juste pour arriver à ce niveau ?
Ils ont mis des bases. Ils ont travaillé à la formation des encadreurs. Ceux-ci sont allés bien apprendre leur métier. Mais ici on voit que celui qui tape un ballon dans un quartier, du jour au lendemain, il devient éducateur ou entraîneur. Ce n’est pas comme ça. C’est pourquoi moi, je ne suis pas d’accord pour les diplômes Caf que détiennent de la plupart des gens ici. Car ils n’ont même encore reçu de diplôme local. Normalement, c’est après ça, que tu pourras obtenir les diplômes internationaux. Ici, il n’ya même pas de suivi avant d’avoir le diplôme de la Caf. On n’a même pas reçu de formation de base, et on va directement à la licence Caf.
Comment trouvez-vous l’initiative de certains opérateurs économiques qui tiennent des clubs de la place ?
C’est une bonne chose pour le football guinéen. Mais le problème si c’est mal géré on a beau dire qu’ils investissent telle somme d’argent, s’il n’y pas de cadres compétents, cela ne nous amène nulle part. En Guinée, il manque beaucoup de cadres. Ce qui fait que les gens prennent souvent des bénévoles. Et en Guinée, j’ai constaté que les escrocs s’en sortent mieux que les gens honnêtes.
Comment expliquez-vous le refus de certains joueurs du syli de répondre à l’appel de Luis Fernandez ?
Les joueurs qui étaient présents à la Can à l’exception de Bouna Sarr. Et pour le reste, je ne sais pas comment, il a géré ce problème. Pour quelqu’un qui est compétent, je pense qu’il allait s’en sortir. Mais vu notre incompétence dans ce milieu-là en Guinée, on aura toujours des soucis, parce que si un dirigeant ne défend pas son joueur auprès de son club. Je pense si le joueur aura le courage de venir jouer pour son pays, il va penser à son avenir.
Mais nous selon nos sources, le problème se situerait au niveau du Coach. Que ces derniers ne seraient pas en bons termes avec lui ?
Ça m’étonnerait que Luis Fernandez soit berné jusqu’à ce point. Je pense qu’il comprendra, il a été joueur. Il sait comment ça se passe. Moi si je suis entraîneur, je dis à mon joueur, à mon meilleur joueur que je n’ai pas besoin de toi. Je vais droit au mur. Aujourd’hui, on a beaucoup de joueurs, mais notre meilleur joueur et le leader technique de l’équipe c’est Ibrahima Traoré. Si on est incapable de le convaincre de venir jouer pour son pays, c’est qu’on n’est pas compétent.
Certains observateurs estiment que le choix du capitanat reste le véritable problème ?
Mais ce sont des conneries, un joueur ne vient pas pour être capitaine à vie. Un joueur, il a une obligation de venir représenter son pays. Donc moi, je pense que ça ne vient pas de là-bas. Il faut demander à Ibrahima, il vous dira mais… Et je pense que c’est Luis Fernandez qui s’entête à ne pas appeler Ibrahima. Pourtant, si l’équipe guinéenne passe, il a son gagne-pain dedans.
Pour finir quelles sont les activités que Morlaye Soumah Kolovati mène-t-il en ce moment, après sa carrière de professionnel en Europe ?
Je suis là. J’aide les jeunes joueurs, pour progresser dans ce milieu. Je rentre de Kamsar, j’aide le général Mathurin Bangoura pour avoir des joueurs à son niveau. On a fait une détection d’un tournoi qui continue mais on doit repartir pour finaliser les choses. Sinon mon passe-temps c’est avec les jeunes. Je les aide à apprendre à jouer au ballon. Les gens pensent qu’ils ont des qualités pour enfin jouer au foot. Cela ne suffit pas. Il y a d’autres problèmes à régler. Ce que les Guinéens n’ont pas toujours compris, donc moi je suis là, j’apprends aux jeunes à jouer correctement.
Interview réalisée par Richard TAMONE, In Le Démocrate