« Un coup KO », tel est le principal slogan de campagne de la majorité présidentielle, qu’on voit fleurir sur la plupart des affiches placardées le long des rues par le parti au pouvoir. Le RPG-Arc-en-ciel mise en effet, sur une victoire de son candidat Alpha Condé, dès le premier tour du scrutin, grâce à son bilan qu’il juge glorieux. Même si certains observateurs ayant une bonne lecture du paysage politique guinéen assimilent cette assurance du camp présidentiel à une simple utopie.
Durant cette campagne présidentielle qui suit son cours depuis le 10 septembre dernier, les militants et sympathisants du parti présidentiel n’ont quasiment qu’un slogan à la bouche : « un coup KO ». C’est l’interprétation imagée d’un combat de boxe qui se déroule sur un ring. Et pour le RPG-Arc-en-ciel, c’est bien son candidat qui va s’imposer devant ses challengers dès le premier round.
Pour réussir cette prouesse, les membres du gouvernement et l’administration publique dans son entièreté sont mis à contribution. Chacun des ministres de la République parraine une préfecture.
C’est dans cette optique que la trentaine de ministres a déserté les différents départements depuis près de deux mois, pour des raisons de campagne. Quand on sait que la mouvance présidentielle n’a pas attendu l’ouverture officielle de la campagne électorale pour se lancer à la pêche des électeurs. Ils ont en effet anticipé les choses, pour avoir certainement une longueur d’avance sur les autres candidats. Ainsi, le président Alpha Condé a sillonné les quatre régions naturelles du pays, bien avant le 10 septembre date d’ouverture de la campagne.
Les tournées du candidat président ont été de « vrais shows » à l’américaine, où les discours marqués par des promesses électorales, ont été suivis de distribution de numéraires aux populations des localités visitées. De quoi attiser les rancœurs et nourrir la critique chez l’opposition qui a vite fait de parler de tentative d’achat des consciences des électeurs, en prélude à la présidentielle du 11 octobre.
Dans cette guerre des nerfs, l’opposition soupçonne aussi des « manœuvres » orchestrées selon elle par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pour favoriser la réélection du chef d’Etat sortant.
Elle a certes renoncé à boycotter le scrutin, mais l’opposition reste très sceptique sur la transparence du vote. Ainsi dans une déclaration publiée récemment, le groupe des 7 candidats avait dénoncé « la fuite avant de la CENI qui ignorerait les dispositions de l’Accord du 20 août en poursuivant sa politique de fait accompli dans la conduite du processus électoral. »
Au nombre des dysfonctionnements constatés dans le processus électoral, Cellou Dalein Diallo et ses pairs parlent « de l’enrôlement indu de mineurs, de l’existence de doublons, de l’occultation de nombreux électeurs, des effectifs pléthoriques d’électeurs rattachés à certains bureaux de vote… »
Des dysfonctionnements qui affecteraient selon eux, le Fichier électoral révélées à l’occasion de l’affichage des Listes provisoires et qui ne permettraient pas l’organisation d’élections crédibles.
Face à cette situation qui pourrait ressembler à une sorte de « fait accompli », ils comptent accentuer leurs efforts sur la sécurisation du scrutin. Et c’est pour cette raison que l’opposition veut « exiger la publication des résultats de l’élection par les médias qui le souhaitent dès qu’ils sont affichés dans les bureaux de vote, assurer la présence des représentants de tous les candidats au sein des commissions locales de distribution des cartes d’électeur. »
Les autres points qu’elle exige pour un meilleur déroulement du vote portent sur « la présence d’un représentant de chaque candidat dans chaque bureau de vote, sur toute l’étendue du territoire national. Et la « sécurisation de la participation des représentants des candidats de l’opposition au transfert physique des procès-verbaux, à partir des bureaux de vote jusqu’à la structure qui centralise les résultats. »
Ainsi que « la participation du représentant de chaque candidat à la commission administrative de recensement des votes. »
De son côté la Ceni dit avoir mis en place des commissions censées garantir la transparence du processus électoral. Il s’agit de la commission chargée des résultats, qui s’attellera au transfert et la réception des résultats de vote, la commission chargée de la distribution des cartes d’électeur et la commission chargée du suivi de la distribution du matériel électoral. Mais tout ce mécanisme ne rassurerait guère l’opposition.
Comme l’a affirmé Sidya Touré, candidat de l’Union des forces républicaines, qui a décidé de rentrer précipitamment à Conakry, alors qu’il était en campagne en Haute Guinée. Car pour lui, rien ne garantit la transparence de cette élection, à l’allure où vont les choses, avec une implication des administrateurs territoriaux aux côtés du parti au pouvoir.
Comme si le salut ne pourrait se trouver que dans la vigilance, qui passerait forcément par la surveillance des opérations menées par la Ceni.
A noter que lors d’un grand meeting organisé dimanche dernier, à l’occasion du retour au pays du président Condé qui rentrait des Jeux africains de Brazzaville, Dr Ibrahima Kassory Fofana, directeur de campagne du président a invité leurs militants à ne pas céder « à la provocation de leurs adversaires, mais de rester plutôt mobilisés pour un seul objectif, celui du « un coup KO.»
Ce meeting a été une occasion pour Alpha Condé de rappeler qu’il a fait en 5 ans, ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait en 50 ans, en termes de réalisations. En mettant un accent particulier sur la réalisation du barrage hydro-électrique de Kaléta.
Quant à savoir si la réalité va devancer l’utopie pour une victoire du candidat du RPG-Arc-en-ciel, dès le premier tour, attendons le 11 octobre pour en juger.
Mamady Kéita in L’Indépendant