Les Guinéens ont voté en masse pour une présidentielle disputée
Les électeurs ont voté en masse dimanche en Guinée pour désigner leur président dans un scrutin sous tension. L’opposition compte déjà contester les résultats du vote, alors que le camp du sortant Alpha Condé le donne vainqueur dès le premier tour.
Ancien opposant qui a connu la prison, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest, dirigée jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux.
Il a fait campagne sur son bilan – amoindri selon lui par l’épidémie d’Ebola déclarée fin 2013: réforme de l’armée et de la justice, achèvement du barrage hydro-électrique de Kaléta pour pallier la pénurie d’électricité, transparence sur les contrats miniers. En dépit de ces avancées, plus de la moitié des 12 millions de Guinéens vivent encore sous le seuil de pauvreté, malgré les richesses minières considérables de ce pays grand comme la moitié de la France.
De leur côté, les adversaires du président – dont les ex-Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté – accusent Alpha Condé de mauvaise gestion, notamment sur la crise Ebola, d’exercice solitaire du pouvoir et d’attiser les tensions ethniques, particulièrement envers les Peuls, la communauté de M. Diallo.
Crainte de violences
En raison de l’affluence, de la lenteur des vérifications sur les listes électorales et parfois d’un retard dans la mise en place du matériel électoral, le vote a débuté dimanche avec retard dans de nombreux bureaux.
En votant, le chef de l’Etat et son principal concurrent, Cellou Dalein Diallo, ont dit espérer qu’il n’y aura pas de violences post-électorales. Les deux précédents scrutins dans le pays, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été entachés par des violences et des accusations de fraude.
Réélection dès le premier tour ?
Les premiers résultats ne sont pas attendus avant mardi. L’enjeu principal porte sur l’éventuelle réélection de M. Condé dès le premier tour, comme le proclame sa campagne – cinq ans après une victoire à l’arraché au second tour sur M. Diallo – un objectif que ses adversaires jugent irréalisable sans fraude caractérisée.
Les sept concurrents de M. Condé ont invoqué la non-distribution d’une proportion significative de cartes d’électeur et l’inscription présumée indue sur les listes électorales de nombreuses personnes, « notamment des mineurs », pour réclamer un report de l’élection.
« Généralement ce n’est pas le jour du vote qu’il y a des problèmes, c’est au moment où on proclame les résultats », met en garde Alpha Amadou Bano Barry, professeur de Sociologie politique à l’Université de Sonfonia, à Conakry. Un « deuxième tour en Guinée est toujours beaucoup plus conflictuel que le premier », en raison de l’exacerbation des rivalités ethniques.
ats