Jamais le Premier ministre guinéen Mohamed Saïd Fofana n’a été si proche d’un départ. De sources généralement bien informées, le président Alpha Condé, rentré mercredi de son séjour maltais, a une voix vibrante de colère. Et pour cause, la République a saigné en son absence. De la crise récurrente des prisons où des cellules ont été éventrées à Conakry et dans la Guinée profonde à la bataille sanglante de la cité religieuse de Touba qui a fait au moins deux morts, tout a été vécu. Et pendant ce temps, le Premier ministre, en poste depuis 2011, « joue le médecin après la mort », pour reprendre ses détracteurs. L’affaire Touba en est une parfaite illustration. Depuis plusieurs mois, cette crise couvait. Et Said Fofana à qui on rendait régulièrement compte a préféré attendre le ciel pour trancher dans un conflit latent. Et Alpha Condé qui n’en peut plus frappa très sévèrement sous les pieds du PM. Il limoge hier sans sirène cette fois-ci Mahmoud Cissé du stratégique Ministère de l’Intérieur ainsi que le secrétaire général aux affaires religieuses Elhadji Abdoulaye Diassy et son adjoint pour « faute lourde ».
Questions : Qu’a fait Saïd Fofana, chef du Gouvernement, pour éteindre ce foyer de tension alors que son »protégé » Diassy était l’une des personnes clé du dossier ? Et la rebellion dans les prisons ? Là aussi, Saïd n’a jamais pris le devant. Pour le voir, allez plutôt dans les foyers Ebola. Ne savait-il pas que nos prisons avaient un besoin criard de désengorgement ? La République a donc échappé belle à la chienlit. Poussant des prisonniers à exiger de force leur jugement.
Pour ce second virage de son règne, Alpha Condé affiche ‘’new look’’. Mais jusqu’à quand ?
Par Caroline SACKO in mediaguinee.com