Près d’un cancer du col de l’utérus sur deux est détecté chez les 15-49 ans. En prévention, le vaccin est recommandé dès l’âge de 11 ans. Alors que des soupçons pèsent sur le vaccin, quels sont les risques ?Près d’un cancer du col de l’utérus sur deux est détecté chez les 15-49 ans. En prévention, le vaccin est recommandé dès l’âge de 11 ans. Alors que des soupçons pèsent sur le vaccin, quels sont les risques ?
Constatant une couverture vaccinale insuffisante contre le cancer du col de l’utérus , le Haut Conseil de la santé publique a décidé d’abaisser à 11 ans l’âge de la vaccination. Seul un tiers des jeunes filles, à 17 ans, a reçu une vaccination complète, soit trois doses.
Et bien qu’une dizaine de plaintes aient été récemment déposées par des jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans, accusant ce vaccin de graves effets secondaires, ils confirment que son rapport bénéfice/risque n’est pas discutable en termes de santé publique.
Une infection sexuellement transmissible
A l’origine du cancer du col de l’utérus, il y a des papillomavirus transmis par contact sexuel. La plupart d’entre eux n’ont aucune conséquence. Mais deux souches très virulentes sont responsables de 70 % des cancers du col de l’utérus. Les deux vaccins existants (Gardasil et Cervarix) stimulent la fabrication d’anticorps dirigés contre ces deux papillomavirus à risque. Ils perdent de leur efficacité dès qu’une personne est contaminée.
« C’est pour cela que la vaccination devrait être terminée avant le début de l’activité sexuelle », note le Pr Olivier Graesslin, chirurgien gynécologue au CHU de Reims.
En avril 2013, l’âge conseillé en France est donc passé de 14 ans à 11 ans. « Plusieurs arguments ont amené les experts à avancer l’âge de la vaccination, explique le Pr Daniel Floret, pédiatre et président du Comité technique des vaccinations.
« D’abord, la réponse en anticorps est plus forte quand le vaccin est administré plus jeune : cela laisse espérer une défense accrue vis-à-vis des papillomavirus, et une durée de protection plus longue. » Ainsi, une étude danoise a suivi 775 jeunes filles ayant reçu les trois doses de vaccin soit entre 10 et 14 ans, soit entre 15 et 25 ans.
Résultat : la quantité d’anticorps obtenus après les trois doses est environ deux fois plus élevée dans le groupe des 10 à 14 ans que chez les plus âgées. Et d’ici quelques mois, et comme le prône l’Agence européenne du médicament, les recommandations pourraient passer à deux injections seulement.
Pas toujours facile de parler de sexe avec son ado
Autre argument, les filles de moins de 15 ans sont un peu plus nombreuses (14 % d’entre elles contre 6,3 % il y a huit ans) à avoir commencé leur vie sexuelle qu’en 2007, lorsque le Haut conseil de la santé publique avait publié son premier avis sur le vaccin.
Enfin, les médecins espèrent qu’en avançant l’âge de la vaccination, il y aura plus de jeunes filles à en bénéficier. « À 11 ans, les enfants sont mieux suivis qu’à 14 ans », souligne le Pr Graesslin. Sans compter que vacciner plus tôt évite une discussion autour de la sexualité, souvent difficile pour l’enfant autant que pour les parents.
L’opinion des médecins est partagée, ajoute le Pr Floret. « Certains pensent qu’il vaut mieux vacciner les adolescentes en abordant le problème de la sexualité et des infections à transmission sexuelle, d’autres préfèrent vacciner plus jeune, et dissocier ce geste médical de la sexualité. »
Des inquiétudes persistantes à propos du vaccin
Les quelques cas de jeunes filles ayant connu de graves problèmes de santé après la vaccination peuvent cependant inquiéter. Pas toujours facile, pour les mères surtout, de choisir entre le fait de protéger sa fille d’un éventuel cancer du col de l’utérus et peut-être l’exposer à des risques de maladie auto-immune…
Qu’en est-il réellement ? En théorie, « une stimulation du système immunitaire par la vaccination pourrait déclencher une poussée d’une maladie auto-immune, reconnaît le Pr Floret. En fait, ceci n’a jamais été démontré pour aucun vaccin. »
Celui-ci, comme tous les autres, a fait l’objet de contrôles avant d’avoir été autorisé. Il est même surveillé par un Plan de gestion des risques au niveau national et européen afin de détecter et d’analyser tout nouvel effet indésirable observé par les professionnels de santé.
En France, sur les cinq millions de doses du vaccin Gardasil distribuées depuis six ans, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a recensé 135 cas de maladies auto-immunes incluant 15 cas de sclérose en plaques.
Pour autant, elle n’a pas jugé nécessaire d’ajouter ce risque de maladie aux caractéristiques du Gardasil. « Cela traduit non pas un manque de transparence, mais que toutes les études scientifiques convergent pour montrer qu’il s’agit d’une coïncidence temporelle avec le vaccin », explique le Pr Graesslin.
Même son de cloche rassurant si l’on se fie aux données de l’Assurance-maladie, portant sur près de deux millions de jeunes filles nées entre 1992 et 1996 et suivies de 2008 à 2010 : le taux d’hospitalisation pour des maladies auto-immunes est identique chez les jeunes filles vaccinées ou non.
Sachant que l’âge de la vaccination et l’âge moyen d’apparition de ces maladies sont proches, les spécialistes européens estiment en fait “inévitable que des cas de sclérose en plaques soient rapportés dans les suites de la vaccination sans que cela établisse un lien de causalité”.
Dans tous les cas, la décision de vacciner ou non revient à la famille.
Source : santemagazine.fr