Pour l’instant, ce sont des spéculations mais en tenant compte de ses dernières déclarations, tout porte à croire que le président Alpha Condé s’apprêterait à former un gouvernement, plus léger que le précédent. Une équipe, qui pourrait dévorer ceux qui l’ont enfanté.
Selon des bruits venant des couloirs de la présidence, Alpha Condé pourrait créer des surprises, lorsqu’il dévoilera la composition de son futur gouvernement. Il reste à savoir s’il va renvoyer l’équipe sortante, qui l’a aidé à gagner l’élection présidentielle (mais, n’est pas d’accord, car il a clairement dit que personne ne l’a aidé à gagner cette fois-ci, donc ne doit rien à personne) ou s’il va répondre aux injonctions onusiennes, qui préconisent un gouvernement de consensus, ou enfin, s’il va répondre aux aspirations de son peuple, qui réclame le changement.
En attendant, la réponse à toutes ces questions, des sources bien informées proches de la mouvance présidentielle, rapportent pourtant que le président Condé serait actuellement sous forte pression venant de tous les côtés : sa majorité, l’équipe sortante, ses alliés et l’extérieur.
« Je ne souhaite pas être à la place du président aujourd’hui. Il est entre mille feux. Quoi qu’il fasse, il sera obligé de trancher, quitte à frustrer. Un, il veut une équipe restreinte. Deux, il veut des compétences. Trois, l’ONU a demandé un gouvernement de consensus. Quatre, en tournée de pré-campagne à Kankan, il avait demandé à ses partisans de l’aider à gagner l’élection pour que le prochain mandat soit le leur contrairement à 2010 où il avait les mains liées. Donc, il doit tenir compte de tout ceci », affirme une source proche d ela mouvance présidentielle.
Selon un allié de l’Union des forces républicaines (UFR), le président Condé n’a pas d’autres alternatives que d’obtenir la trêve politique. « Aujourd’hui, les gens ignorent, que le pays est en récession, qui ne dit pas son nom. C’est ce qui explique d’ailleurs la cour que le président fait à Sidya. Il ne le fait pas pour ses beaux yeux. Non. La vérité est qu’il est coincé aujourd’hui. Or, si Alpha est coincé, il est prêt à négocier même avec le diable », dit-il.
Interrogé, un autre ministre en fonction a une approche plus réaliste. « Si le président décide de renvoyer tout le monde, c’est tout à fait normal. Un ministre n’est pas appelé à rester éternellement ministre. Les uns partent, les autres arrivent. Moi, je n’en fais pas un problème d’Etat. Si je reste, tant mieux. Au cas contraire, je partirais », dit-il.
Comme on le constate, sauf changement de dernière minute, selon des caciques du régime, le président Condé est dans la logique de créer des grosses surprises parce qu’en privilégiant les compétences, il sera obligé de renvoyer la majorité de l’équipe sortante.
Le paradoxe dans ce contexte, c’est le fait de renvoyer l’équipe qui l’a aidé à gagner, alors que son homologue ivoirien, Alhassane Ouattara, lui, a préféré reconduire l’équipe sortante. Mais là, contrairement à la Guinée, Outtara a tenu compte des résultats réalisés par son gouvernement avant de le reconduire après son élection.
Ce paradoxe, des ministres en fonction en sont conscients.« Au maximum six ou sept. Mais à mon avis, il faut éviter de dire : compétences pour compétences, technocrates pour technocrates. Parce qu’il y a des compétents malhonnêtes et des intègres incompétents. Partant de là, il faut un savant dosage mais surtout privilégier l’intégrité », estime-il.
Pour sa part, un député de la mouvance présidentielle affiche la prudence : « Il est trop tôt de dire que le président va balayer. Personnellement, j’attends de connaître le futur premier ministre. C’est en ce moment qu’on pourrait dire si le président est dans la logique de nettoyer ».
Au ministère de l’Economie et des finances, un cadre haut placé a, en revanche, sa vision du futur gouvernement. « Le pays se porte budgétairement mal. Nous n’avons pas trop de ressources. Il faut aller par étapes, et en douceur. Vouloir casser tout de suite, on risque de créer d’autres problèmes. Le pays n’est pas prêt à entamer certaines réformes », esquisse-t-il.
A ceux qui réclament le départ de l’actuel locataire de la Primature, un ministre, rajoute : « le président peut choisir un premier ministre avec une mission politique, économique ou sociale. Tout dépend de l’orientation politique ou de sa feuille de route ».
C’est dire que le président Alpha Condé a du pain sur la planche. Osera-t-il prendre des risques en répondant aux desiderata du peuple ? Attendons de voir après l’investiture.