Attendu au tournant par les critiques, le dernier remaniement ministériel a, à priori, marqué une forme de rupture avec de vieilles habitudes qui avaient pignon sur rue sous nos tropiques, où tout le monde estimait être en droit d’exiger n’importe quel poste, envers et contre toute logique. Le Graal tant convoité n’a été offert qu’à 31 veinards, les 2 derniers ayant rang de secrétaires d’Etat, tous choisis parmi tant d’autres qui auraient bien aimé être à leur place…
Le président Alpha Condé a si bien réussi son troisième « coup KO » que certaines « victimes » ont encore du mal à se tirer de leur gueule de bois. Le fameux décret du lundi 5 janvier a non seulement remanié en profondeur le gouvernement (il y a eu quand même 16 ministres entrants !), mais il lui a permis de donner un signal fort par rapport à des critères précis désormais exigés par les populations. Pour aboutir à ce résultat, le locataire du Palais Sékhoutoureya, a su garder le secret jusqu’à la dernière minute, laissant les groupes de copains, de coquins et de gredins s’épancher dans les lieux publics sur les noms des futurs promus. Comme des paons en foire…
Ce manège a duré le temps du choix du Premier ministre – dont le nom a pris a contre pied les apprentis pronostiqueurs – avant que le suspense ne s’allonge jusqu’au choix des membres du gouvernement que certains spécialistes de tout juraient pourtant connaître les identités. Que nenni !
Pour faire bonne figuration, les voilà qui sortent leurs torpilles pour couler la réputation des (mal)heureux élus. Si ce n’est pas un tel qui a un cheveu sur la langue, c’est tel(le) autre qui n’arbore pas la bonne coiffure. Un baroud d’honneur pathétique : l’aigreur du « vaincu » bien dissimulé par des chercheurs de postes compulsifs, un sentiment facilement étouffé par l’euphorie du camp des « vainqueurs ». Bref, rien que des détails puérils qui cachent l’essentiel : la qualité incontestable d’une équipe dont l’écrasante majorité des éléments affiche un CV de grande valeur. Reste bien entendu à convaincre par l’action et par les résultats attendus par les Guinéens.
La formation d’un gouvernement ne saurait s’inscrire en dehors du cadre le plus cohérent recherché par celui qui détient le pouvoir. Vouloir, dans ces conditions, prendre ses fantasmes pour la réalité est un sentiment vain qui, entretenu sur la durée, n’apportera que plus de frustrations aux partisans du « moi ou rien n’est bon ». Un ministre, au sens étymologique du terme, n’est après tout qu’un serviteur de l’Etat. Or, un Etat qu’on a l’ambition de servir – au premier rang de préférence du point de vue des éternels insatisfaits – se moque pas mal qu’on se ronge les ongles.
Saliou Samb