L’épidémie de la refonte contamine les principaux partis politiques en Guinée. Avec le RPG Arc-en-ciel (parti au pouvoir) qui n’en a pas fini avec ses frondeurs, voilà l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) qui ne referme pas son plongeon depuis la fin de la présidentielle du 11 octobre dernier. Dans ce parti dirigé par l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, c’est aussi un collège de cadres -très remonté contre la gestion du parti- qui exige, dans une lettre en date du 1er décembre dernier, sa refonte. Lisez…
A l’attention des cadres et responsables de l’UFDG à tous les nivaux
Mesdames et Messieurs,
Les problèmes auxquels l’UFDG a été confrontée ces dernières années n’ont jamais été abordés et traités dans le cadre d’un débat interne permettant une gestion démocratique du parti.
La rencontre de réconciliation entre les deux premiers responsables du parti à Dakar en juin 2014, était une occasion inespérée pour discuter de la gestion de la plus grande formation politique de l’opposition de notre pays.
A cet effet, le forum des cadres de l’UFDG avait préparé un document de synthèse sur la base duquel un débat aurait pu être ouvert. Malheureusement, la rencontre de Dakar a été limitée à une simple réconciliation de personnes.
C’est pourquoi, il n’y a d’ailleurs jamais eu de compte rendu au niveau du parti. Le comité de veille chargé du suivi des accords n’a jamais fonctionné faute de volonté politique.A Dakar, il n’y a eu qu’une réconciliation de façade.
Le dernier congrès de l’UFDG a été également une occasion ratée pour traiter des vrais problèmes du parti.En effet, ce grand rassemblement aurait dû permettre de débattre des grandes questions telles que :
L’opportunité d’aller aux élections présidentielles ou non ;
L’examen et le toilettage des textes régissant l’organisation et le fonctionnement du parti (Statuts et Règlement intérieur). Il n’en a rien été.
Ce congrès s’est contenté de n’avoir pour unique but, que le plébiscite d’EL Hadj Cellou Dalein Diallo comme président de l’UFDG pour les 5 prochaines années et son investiture comme candidat du parti aux élections présidentielles de 2015.
A ce jour, les quelques résolutions issues de ce congrès et les listes des nouveaux dirigeants du parti n’ont toujours pas été publiées. Il en avait d’ailleurs été ainsi lors du congrès de 2008. On se souvient juste de la publication d’une note de service signé du président du parti El hadj Cellou Dalein Diallo indiquant les membres du bureau exécutif (plus de 300 personnes). Les Statuts prévoyaient 175 personnes élus par le congrès et non désignés, en plus des 15 membres de droit art 16.
En 2015 également, le congrès n’a pas élu les membres du bureau exécutif. On attend surement la prochaine note de service pour connaitre les nouveaux membres du Bureau exécutif. Or, tous ceux qui sont membres du conseil politique ainsi que les adjoints des Secrétaires nationaux devraient être issus du Bureau exécutif (art 16-1 des Statuts)dont les membres répétons-le, devait être élus par le congrès.
C’est le lieu de rappeler que le Doyen Bâ Mamadou avait été reçu et élu Président du parti en 2002 par un congrès extraordinaire de l’UFDG originelle.
L’arrivée du Dr Saliou Bella Diallo et sa cooptation comme vice-président, a emmené le parti à mettre en place une commission de révision des statuts pour introduire le poste de vice-président qui n’existait pas : il y’avait un président Bâ Mamadou et un secrétaire général Bah Oury.
Avant qu’il y ait un congrès pour valider ces nouvelles dispositions, l’arrivée d’El hadj Cellou Dalein Diallo a été annoncée. Ce dernier a été également copté président du parti en 2007 par consensus d’abord, et un congrès le confirmeras en 2008. Une fois encore les projets de textes (Statuts et RèglementIntérieur) avaient été repris pour prévoir des postes de plusieurs vice-présidents et secrétaires nationaux, un conseil politique, un cabinet du président. Bref, une nouvelle structure.
Des propositions de texte ont été conçues à cet effet, et distribuées pour corrections et amendements éventuels. Il existe pour les Statuts plusieurs versions de 24, de 28, de 29 et de 48 articles. Il n’y a jamais eu de textes définitifsdes Statuts et du Règlement Intérieur soumis et adoptés par un congrès ou un Conseil National quelconque, ni en 2008, ni en 2015.
Tout ceci pour dire, qu’en réalité les textes actuels de l’UFDG ne sont juridiquement opposables à personne sauf si on accepte le consensus comme base légale, car du point de vue du droit, le consensus peut avoir une valeur juridiqueétant accepté par tous.
Dans ce cas voici ce qu’on devrait retenir :
-Seul le Bureau Exécutif (BE) est organe de direction, de décision et d’orientation du parti art 16 des Statuts ;
-Le conseil politique est simple organe consultatif qui assiste le président à sa demande et ses membres peuvent effectuer des missions que leur confie le président (art 16-4 des Statuts).
Aujourd’hui, on constate que le conseil politique s’est substitué au BE pour diriger le parti et prendre toutes les décisions importantes en lieu et place de celui-ci.
Pire, des sanctions sont prises sans tenir compte des dispositions du Règlement Intérieur. En effet, le 4eme vice-président sanctionne le premier alors que l’art 65 du Règlement Intérieur dispose dans son dernier alinéa que la sanction est prononcée par l’organisme supérieur (pour le premier vice-président c’est donc le président qui aurait dû signer la décision qui le sanctionne).
S’agissant de l’ordre et des catégories de sanctions à l’UFDG on constate une véritable confusion :
-Bah Oury et Lamine Diallo ont reçu des mesures de suspension (3eme degrés) avant avertissement et blâme (1er et 2eme degrés).
-Lamine Keita a été exclu du parti (4eme degrés après simple avertissement 1er degrés) sans blâme (2eme degré) ni suspension (3eme degrés) toutceci est pourtant bien précisé à l’art 68 du Règlement intérieur.
Ces dysfonctionnements sérieux interpellent tous ceux qui, au sein du parti tiennent à l’instauration d’un débat démocratique serein sur l’avenir de l’UFDG.
C’est pour tous ces motifs, que nous soumettons à votre examen et analyse un document que nous avions préparé pour la rencontre de Dakar en juin 2014 et que nous avions actualisé pour le dernier congrès de 2015. Mais hélas !!!
Ce congrès avait eu lieu, sans aucun respect des conditions de convocation telles que prévues par les textes dont tout le monde parle aujourd’hui.
En effet, l’art 15-8 des Statuts et l’art 12 du Règlement Intérieur prévoient tous que la date du congrès et l’ordre du jour doivent être communiqués deux mois à l’avance aux participants. Ces délais n’ont évidemment jamais été respectés.
Voilà brièvement définies les motivations qui ont emmenés la publication de ce document, en ce moment précis où des sanctions sont prises à l’endroit de tous ceux qui introduisent des critiques sur la gestion actuelle du parti.
Il parait évident que si les propositions contenues dans ce document avaient pu être introduites et examinées lors du dernier congrès, des solutions idoines auraient été certainement trouvéeset le parti aurait évité cette cacophonie qu’il connait en son sein aujourd’hui.
Vous en souhaitant bonne réception, veuillez accepter Mesdames et Messieurs, nos salutations militantes.
Conakry le 01 Décembre 2015
Deux membres :
Elhadj Bokar Bokoum Membre du BE
M. Saky Camara Membre du BE