Le retour du premier vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Amadou Oury Bah le dimanche dernier à Conakry, après près de 5 ans passés en exil, pour avoir été cité dans l’affaire relative à la tentative d’assassinat du chef de l’Etat dans la nuit du 19 juillet 2011, alimente la chronique dans la cité. D’autant que M. Bah revient avec à l’esprit de revitaliser son parti, qui a pris un coup, après un deuxième échec à la présidentielle.
Dans un entretien accordé à nos confrères de RFI, à la veille de son retour au bercail, le premier vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a, à la question de savoir s’il cherchait à devenir le nouveau leader du parti, dévoilé tout de go ses ambitions en ces termes: « je n’exclus pas cette hypothèse parce que j’estime que le bilan actuel de la gouvernance de l’UFDG n’est pas à la hauteur de nos attentes et de nos sacrifices. »
Des propos qui ne sont pas de nature à maintenir la sérénité au sein de la principale formation politique de l’opposition, traversée par des courants internes.
Il faut d’ailleurs rappeler que la polémique qui a entouré les préparatifs du retour de Bah Oury, au sein de son parti, est symptomatique de la crise que traverse cette formation politique, depuis l’échec de son candidat à la présidentielle du 11 octobre dernier. Car ce n’est qu’à la dernière minute que le président du parti, Cellou Dalein Diallo a invité ses militants à se mobiliser pour accueillir son vice-président. Au départ, cette hypothèse avait été écartée.
Cette volte face aurait été provoquée par une « pression » exercée dit-on par certains jeunes du parti, qui auraient demandé à leur direction d’organiser un cérémonial d’accueil en l’honneur de M. Bah.
A sa descente d’avion, en provenance de Dakar, où il était arrivé dans la nuit du samedi, Bah Oury a déclaré : «c’est un grand honneur pour moi d’être dans mon pays, de retourner à conakry, le pays qui m’a vu naître et de retrouver des hommes et des femmes, des amis qui m’ont accompagné durant ces années d’exil et qui ont souffert avec moi durant cet isolement », a-t-il lancé. Avant d’ajouter : « je suis heureux de les retrouver sains et saufs. J’ai une pensée pieuse pour tous ceux qui n’ont pas pu être là parce que durant cette période, beaucoup de personnes ont disparu soit de maladie, soit de luttes politiques, des martyrs. Ils sont nombreux, donc je ne les oublie pas », a-t-il souligné. Une fois au siège du parti, situé au quartier de commandayah, Dalein et son vice-président se sont lancé des piques. Quand Bah Oury dit « nous nous sommes battus pour qu’il y ait une véritable démocratie. C’est la raison, pour laquelle, on a crée l’OGDH et l’UFDG. Justement, j’ai privilégié l’intérêt de la cause nationale pour que l’UFDG grandisse. Je suis l’incarnation de l’unité. Mais peut-on parler d’unité lorsque Mamadou Barry a été exclu du Parti? Qui peut me parler d’unité ? L’unité ne veut pas dire ce que je veux ou ce que Elhadj Cellou veut. » Cela ressemble bien à un coup de griffe porté au président du parti. Celui-ci ne tarda pas à réagir en ces termes : « Je suis le président du parti. Je voudrais inviter mon frère Bah Oury à faire preuve de tolérance. Pour qu’il y ait l’unité, il faut qu’il y ait la loyauté dans l’intérêt supérieur du parti. L’UFDG sera uni parce que la mémoire des morts nous l’impose. L’unité nécessite une clairvoyance. L’unité veut dire qu’on prend ce qui est bon pour la nation. Les injures vont dans le sens de la destruction du parti ». Et de rappeler : « on a travaillé pour des conditions de transparence. On ne les a pas obtenues.» Il a ensuite promis au passage que le débat sera ouvert au sein du parti.
Si au départ certains observateurs avaient pensé que la crise qui mine l’UFDG était une simple querelle de clocher, le ton du discours du premier vice-président, dès son arrivée à Conakry, laisse croire le contraire. Et c’est le lieu de craindre que ce parti n’implose. Un scénario redouté au sein de l’opposition qui se verrait ainsi affaiblie, à la grande satisfaction du pouvoir.
