Ceux qui ont toujours émis des soupçons sur l’attribution du contrat de fourniture de véhicules aux députés de l’Assemblée nationale à l’opérateur économique Mamadou Diouldé Diallo, PDG du groupe « Tanè corporation» n’auraient sans doute pas entièrement tort, avec les soucis que cela provoque en ce moment au sein du bureau de l’institution parlementaire. Suite à la demande formulée par le ministre de l’Economie et des finances, pour une clarification de la procédure de paiement. C’est comme si dame Maladho Kaba a flairé une supercherie, consistant à faire payer doublement le prix de la centaine de véhicules destinés aux députés, dont le montant avoisinerait les 6 millions de dollars usd.
Le ministre de l’Economie et des finances a adressé récemment au bureau de l’Assemblée nationale, demandant aux parlementaires de fournir des explications sur le mode de paiement des véhicules fournis aux députés. Etant donné que le fournisseur Diouldé du groupe « Tanè », dit n’avoir pas encore perçu la totalité des 50% du coût total du véhicule, que l’état guinéen s’est engagé à verser au fournisseur, conformément aux termes du contrat. Ce qui représente 24 mille dollars us par véhicule, sur les 48 mille dollars us, qui représentent le prix unitaire de ces véhicules 4×4 de marque Toyota Prado et Land Cruiser. Les autres 50% devant être payés sur cinq ans, à travers des prélèvements sur les allocations de carburant affectées à chacun des députés.
Face à cette confusion qui règne autour de l’exécution de ce contrat, vu que certains députés n’auraient même pas encore reçu leurs véhicules, Mme Maladho Kaba, a demandé des explications à l’Assemblée nationale. « Nous avons sollicité une rencontre avec vos services afin de clarifier la situation liée au contrat d’acquisition des véhicules. En effet, à ce jour, le fournisseur déclare n’avoir pas reçu la totalité des montants dus, alors que nos comptes attestent du contraire », souligne Mme le ministre.
Et d’ajouter « La banque du titulaire, souhaite maintenant faire appel de la garantie, opération à laquelle je m’oppose fermement, car elle comporterait des risques de doublement de paiement évident. Vous conviendrez avec moi que ceci ne saurait être une utilisation adéquate de nos ressources budgétaires », a-t-elle insisté.
« Je souhaiterais attirer votre auguste attention sur le fait qu’en cas d’appel de la garantie, nous serons dans l’obligation de compenser cet appel sur tout paiement à faire pour le compte de l’assemblée nationale (y compris les salaires) », a averti Maladho Kaba.
Le président du groupe parlementaire de la majorité, Damaro Camara, qui est monté sur ses grands chevaux pour lever les soupçons qui pèsent sur le bureau de l’assemblée dont il est un des membres influents, balaie du revers de la main les arguments avancés dans la missive du ministre de l’Economie. En affirmant qu’il s’agissait d’une question d’incompréhension et de mauvaise interprétation. Et que tout serait rentré dans l’ordre. « Donc, on s’est compris. La collaboration entre le ministère de l’Economie et l’assemblée nationale reste toujours au beau fixe. L’affaire est close. Lors de notre dernière rencontre, on s’est séparé dans la courtoisie. Je dois avouer que des petits malins ont voulu en profiter pour faire de la surenchère. Mais nous sommes tous des Guinéens. Nous avons gentiment invité la ministre, en présence de ses cadres. Parce que nous avons des chiffres à l’appui. On s’est compris respectueusement », a-t-il lancé comme parade.
Ce que certains députés ne croient pas du tout. Car, la gestion des finances au niveau du bureau du parlement ne serait pas du tout catholique.
On le voit, Kory Kondiano et son entourage sont soupçonnés de concussion. En attendant que des preuves palpables ne soient contre eux, il va falloir que le ministre de l’Economie les garde à l’œil. Maladho Kaba devra s’apercevoir durant son passage à la tête de ce département, que faire payer doublement des marchés gré à gré est un classique au sein de l’administration guinéenne. C’est ce qui aurait d’ailleurs enrichi le patron de « Tanè », sous la junte. Et pourquoi s’étonner que ce même Diouldé n’use pas de cette vieille recette qui marche, avec la complicité de certains parlementaires, pour se faire payer au double le prix de chacun des véhicules. Car au pays d’Alpha Condé, quand on a l’onction du palais présidentiel, on peut se permettre tout. Sans crainte d’être inquiété par la justice.