Le 15 Octobre 2014 devait être cette autre date sanglante au Burkina, c’ est à dire, deux semaines avant le soulèvement du peuple. En effet, des officiers du RSP, le défunt Régiment de Sécurité Présidentiel, voulaient arracher le pouvoir des mains de Blaise COMPAORÉ, au prix du sang, s’ il le fallait. D’ autres officiers, les plus nombreux, sont tenus en ignorance de ce qui se trame, de peur qu’ ils n’ y opposent leurs armes. Le complot se mène entre une quizaine de têtes fortes dont le lieutenant- colonel Yacouba Isaac ZIDA. Manque de pot, un des membres du groupuscule vend la mèche à la tête de proue du RSP, le Général DIENDERE. Celui- ci, sur le champ, fait mettre aux arrêts, les comploteurs, y comprit ZIDA, qui n’ a eu de cesse de clamer son innocence.
Nous sommes le 07 Octobre 2014.
Déhors, le pays bouillonne. Blaise s’ entête pour obtenir la modification de l’ article 37, le peuple y oppose un niet catégorique et s’ apprête pour le pire.
Blaise, encore sous le choc de cette mort à laquelle il vient d’ échapper in extremis en interne, estime mal le choc qui s’ annonce de la part de son peuple. Aussi, est il surpris, n’ ayant pu développer le plan B de sa bataille, qui était de faire intervenir des mercenaires, pourtant présents sur le sol burkinabè trois mois avant la date du reférendum, soit le 30 Octobre.
Le 12 Octobre, le lieutenant- colonel ZIDA ainsi que deux autres hommes sont libérés, mais le coup d’ état du 15 Octobre est complètement raté.
Au soir du 29 Octobre, ZIDA exige que DIENDERE prenne le pouvoir, au risque de voir l’ intervention des mercenaires, chose qui mettrait en danger leurs propres vies ainsi que celle des populations qui avaient déjà pris position en vue d’ empêcher coûte que coûte le vote. Cette sommation se passe devant quelques officiers, qui, face aux arguments de ZIDA, se sentent battus. Le sujet, qui avait été le motif du complot raté du 15 Octobre fait à présent presque l’ unanimité au sein de Naaba Koom II. Même les plus fidèles de DIENDERE rallient la cause. DIENDERE, se voyant en nette minorité céda, mais réfusa de prendre le pouvoir, sans donner de raisons.
Dans la nuit du 29 Octobre, Blaise qui ignore encore ce qui venait de se décider dans sa garde rapprochée, convoque le général DIENDERE pour une réunion dont l’ on ne saura peut être jamais rien. ZIDA, ayant peur de se voir tomber dans un traquenard de la part de Blaise, DIENDERE et les quelques irréductibles pro DIENDERE fait mettre en place un noyeau dur de riposte extrême en cas de trahison. Ce noyeau est composé de vingt hommes, parmis les plus convaincus de la nécessité de prendre le pouvoir pour éviter l’ intervention des mercenaires au péril de leurs propres vies. Ce noyeau dur est posté devant l’ assemblée nationale aux premières heures du 30 Octobre vers 3h du matin. Cinq heures de temps plus tard, le peuple en furie se déchaine sur l’ assemblée nationale, des coups de feux éclatent, des corps tombent, mais cela ne retient pas la grogne qui emporte le batiment de l’ assemblée nationale. Qui a tiré sur le peuple? Les mercenaires dont on ne retrouvera plus trace ou les vingt hommes du RSP? Le mystère est pour le moment complet. Les enquêtes qu’ auraient dû diligenter la transition auraient pu nous éclairer. Des enquêtes que nous avons réclamé et continuerons de réclamer jusqu’ à ce que lumière soit faite sur cet odieux crime contre le peuple burkinabè, et que les auteurs, commanditaires, complices soient châtiés conformément à la loi.. .
Revenons à l’ histoire. Pendant donc que des jeunes tombaient sous des balles inconnues (pour le moment), un autre bras de fer cristallisait l’ atmosphère dans l’ enceinte du camps du RSP: qui prendrait le pouvoir quand Blaise sera mis aux arrêts, car oui, la nouvelle donne était de livrer Blaise COMPAORE pieds et mains liés à son peuple ( qui n’ en demandait plus moins) et de prendre son pouvoir pour calmer la situation. Cette fois, l’ unanimité s’ est faite autour de la personne de ZIDA, qui accepta, à condition que DIENDERE ne soit pas vivant, car, de l’ avis du lieutenant- colonel, la présence du général serait menace permanente pour lui et ses hommes, en l’ occurence, les officiers qui étaient en premiers lieu, pour le coup d’ état du 15 Octobre.
Sur cet argumentaire par contre, ZIDA ne trouva aucun écho favorable, tous les hommes présents s’ y opposants, et menaçants même de reprendre à ZIDA, le pouvoir qu’ il n’ avait même pas encore étrenné. Pendant ce temps, le général DIENDERE, porté disparu depuis la veille au soir ne donnait toujours pas signe de vie. Blaise de son côté, comprenant que les carottes étaient cuites fit appel à ZIDA pour lui demander protection. Chose que ce dernier accepta et lui conseilla même de passer une annonce à son peuple aux fins de le calmer. Chose que fit Blaise COMPAORÉ, ignorant qu’ il jouait ainsi à la perfection le jeu de ZIDA.
Cependant, l’ adresse de Blaise, loin de calmer le peuple, le poussa à exiger sa démission, appuyé sur ce point par l’ opposition politique, qui elle avait plutôt demandé un simple retrait de la clause modificative de l’ article 37.
Acculé, Blaise COMPAORÉ capitula et jeta l’ éponge le 31 Octobre 2014. L’ on ne trouvait toujours nulle trace du général DIENDERE, et tout naturellent, c’ est ZIDA qui conduisit » le boss » à Abidjan en passant par le Ghana ( par la route et non par les airs comme cela a été parfois sous- entendu) pour y retrouver sa famille qui avait quitté le Burkina le 11 Octobre, sitôt que des soupçons du coup d’ état du 15 Octobre étaient nés.
Une fois Blaise en sécurité, ZIDA lui garantit son soutien, et regagne le bercail par les airs (un vol affrété par l’ armée française), avec bien entendu, son plan de récupération du pouvoir en tête.
Les autres officiers de l’ armée nationale, qui ignorent tout de ce qui s’ était tramé désignent le général Honoré Nabéré TRAORE, en tant qu’ officier le plus gradé et le plus ancien en activité pour prendre le pouvoir. Celui ci est d’ accord.
Le peuple de son côté croit en la vacance du pouvoir et cherche l’ homme qui prendrait le pouvoir. Bien entendu, le peuple cherche partout sauf au RSP, ce corps dont les agissements de quelques éléments à la solde COMPAORÉ avaient fini par jetter l’ opprobre sur tout le groupe. Alors, la jeunesse essouflée par huit jours de résistance avant la date du 30 Octobre se tourne vers un général à la retraite, certes, mais qui avait marqué les esprits par son courage et son patriotisme face au régime dictatorial de COMPAORÉ, quand bien même il a été ministre de la défense sept ans plus tôt. Le général Kouamé LOUGUÉ accepte la mission. L’ ambassade de France au Burkina oppose son niet, le général a laissé un goût rappelant vaguement la rébellion du temps de son passage service militaire tout de même. Aussi, l’ ambassade de France au Burkina envoie faire dire au général de prendre garde de s’ assurer de l’ opportunité de son choix. En plus de cela, le RSP aussi mis au parfum de l’ intérêt du général à la retraite pour le poste de président dépêcha cinq des leurs prévenir le vieux général de la réalité, et lui laisser entendre que c’ est DIENDERE qui avait fait le coup, et que celui- ci avait pris le pouvoir. LOUGUÉ, qui avait donné son accord, se retracta alors.
L’ opposition qui croyait aussi en la vacance du pouvoir se concerte pour désigner un représentant pour gérer le pouvoir. L’ unanimité ne se dégage guerre.
C’ est alors que Saran SEREME prend la responsabilité de prendre le pouvoir, par les ondes de la télévision nationale, à l’ insu des autres membres de l’ opposition.
Sans que l’ on n’ y comprenne rien, elle trouve le général Kouamé LOUGUE sur le plateau du journal télé, venu lui aussi pour annoncer qu’ il avait le pouvoir. Le général avait il eu l’ information selon laquelle DIENDERE n’ avait pas pris le pouvoir? Nul ne le sait encore.
Le reste de ce scénario rocambolesque est connu, des armes ont encore crépité, et à ce jour, l’ on en ignore aussi la provenance.
Nabéré TRAORE, au regard de la pagaille qui règnait, et sur instigation de quelques hommes tente alors un coup de force, agacés tout de même de se faire encore dicter des ordres par le RSP, bien que Blaise soit chassé du pouvoir.
L’ annonce de sa prise de pouvoir est faite par lui même sur les ondes nationales, chose qui prend complètement à contre pied le plan de ZIDA pour le pouvoir.
Sans perdre de temps, le lieutenant- colonel et des irréductibles du complot raté du 15 Octobre prennent attache avec des leaders de la société civile, en l’ occurence l’ artiste chanteur SMOKEY, qui fait appel à Guy Hervé KAM pour discuter de la faisabilité de la prise du pouvoir par ZIDA, c’ est à dire du comment retirer le pouvoir à Nabéré pour le remettre à ZIDA.
La réunion n’ a duré que 20mn selon nos sources. 20 minutes qui ont suffi à convaincre SMOKEY et KAM que ZIDA était l’ homme qu’ il fallait en lieu et place de Nabéré.
Le général Nabéré TRAORE est une personnalité sans charisme aucun, aussi, il ne fût pas difficile à SOMKEY, GUY HERVÉ KAM et SAMS K LE DJAK ( qui venait d’ être mis dans le coup) de rassembler la jeunesse en proie à l’ incertitude, chose qui relevait de la compétence du balai citoyen. Et cela fut fait.
Deux heures de temps après l’ annonce sans éclat aucun du général, la jeunesse burkinabè brandissait, hilare, un lieutenant- colonel du RSP en la personne de Yacouba Isaac ZIDA comme président du Faso.
Les têtes de proue du balai citoyen ainsi que les hommes du RSP n’ avaient certainement pas compté avec la pugnacité de l’ Union Africaine à n’ accepter aucun coup d’ état militaire, même s’ il était porté à l’ origine par un soulèvement populaire.
Acculés, les nouveaux dirigeants se voient contraints de composer avec d’ autres larrons. C’ est alors qu’ appel est fait à Michel KAFANDO pour diriger la transition, bien entendu sous la surveillance de ZIDA.. .Caroline OUANRE
Journaliste indépendante