Le 03 avril dernier, l’opposition républicaine commémorait les cinq ans de l’assassinat de Zakariaou Diallo, première victime innocente du régime du Président Alpha Condé. Depuis 2011, ce sont soixante-dix autres jeunes innocents qui seront fauchés tout au long du premier mandat d’Alpha Condé. Durant cette période et pendant les élections, ce sont également des biens de centaines de militants et sympathisants de l’opposition qui ont été détruits. D’autres innocents pour leur supposée appartenance à l’Opposition sont arbitrairement arrêtés et illégalement emprisonnés.
Pour dénoncer cette dérive dictatoriale du pouvoir guinéen et attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur l’impunité qui accompagne toutes ces violations des droits humains, les femmes de l’Opposition Politique ont décidé d’organiser une marche pacifique dont le couronnement devait être la remise au Ministre de la Justice d’un mémorandum récapitulant les multiples violations des droits humains et appelant au respect des principes et règles d’un Etat de droit en Guinée.
Conformément à la loi, qui ne soumet toute manifestation publique qu’à un régime de déclaration préalable, les femmes de l’Opposition Politique ont respecté scrupuleusement les procédures administratives requises. Elles ont adressé un courrier à la Délégation spéciale de la Commune de Kaloum sensée prendre toutes les dispositions d’encadrement de la marche et se sont conformées aux reports successifs et au changement d’itinéraire, par ailleurs insuffisamment motivés, imposés par les autorités.
Soucieuses de la quiétude dans la cité et respectueuses des règles et procédures, les femmes de l’Opposition acceptent de se soumettre aux multiples tergiversations des autorités qui ont fini par répondre favorablement à la déclaration des organisatrices de la marche, par la lettre N°039/VC/CK/2016 reçue de la mairie de Kaloum, lieu d’organisation de la marche pacifique.
Ce mardi 19 avril 2016, les femmes rallient le point de départ de la manifestation mais sont empêchées de se regrouper par un dispositif policier totalement disproportionné avec pour mission d’interdire une marche pour laquelle les autorités publiques avaient marqué leur accord la veille et pris les mesures de sécurisation nécessaires. Des ordres seraient venus d’en haut, selon les mots des membres des forces de l’ordre eux-mêmes, pour contredire la position officiellement exprimée par l’autorité communale compétente en la matière. Compte tenu du contexte et des enjeux, ces ordres ne peuvent émaner que de la plus haute autorité du pays et créent ainsi un véritable déni de démocratie.
Pendant toute la matinée et toute une partie de l’après-midi, les policiers et les gendarmes empêcheront les femmes de l’Opposition Politique de se réunir. Elles auront été séquestrées, violentées, molestées, juste parce qu’elles ont voulu dénoncer les restrictions de nos libertés et les dérives dictatoriales du régime actuel.
De tels agissements illustrent la volonté du pouvoir de brider les libertés individuelles et collectives et démontrent qu’il est allergique à la liberté d’expression et reste incapable de garantir dans notre pays, la diversité des opinions.
L’opposition dénonce avec vigueur cette nouvelle atteinte à l’un de nos droits fondamentaux consacrés à l’article 10 de notre Constitution. Elle en appelle à la responsabilité de toutes les forces patriotiques pour se mobiliser afin de défendre notre droit inaliénable d’avoir une opinion différente et de l’exprimer en toute liberté dans notre pays.
L’opposition déplore que les tristes évènements de ce mardi 19 avril 2016 dans la commune de Kaloum s’inscrivent dans la logique des velléités d’installation d’une pensée unique par le Pouvoir actuel. Les Guinéens, de tous bords, tous ensembles, doivent refuser l’instauration d’un régime autocratique, car la justice, la liberté et la démocratie sont des valeurs républicaines indispensables à la réconciliation et au progrès de la Guinée.