Une étude montre qu’une très faible quantité de tabac expose au risque d’hémorragie des méninges. Les femmes sont particulièrement concernées.
« Je fume très peu. De temps en temps, en soirée. Avec un verre ». Nous avons tous un ami qui se définit comme fumeur occasionnel. Ces fumeurs « festifs » sont nombreux à se penser à l’abri des effets délétères du tabac, qu’ils croient réservés aux gros consommateurs (comprendre les personnes de plus de 50 ans, qui fument beaucoup, et depuis des dizaines d’années). Bien souvent, ils ne pensent d’ailleurs qu’au cancer du poumon.
Une étude finlandaise de très grande ampleur, parue dans la revue Stroke, met à mal ces autoconvictions rassurantes. Le tabac, même en quantité jugée inoffensive, est corrélé à un risque accru d’hémorragie (saignement) méningée. Ce type d’hémorragie est dû à la rupture spontanée d’une artère des méninges, ces membranes qui entourent le cerveau. Le sang s’écoule, exerçant une pression très dangereuse pour le tissu cérébral. Environ 20% des personnes touchées meurent avant d’arriver à l’hôpital.
Même une seule cigarette n’est pas sans risque
Les scientifiques ont examiné un groupe de 65.521 personnes en Finlande, dont la moitié était des femmes, sur une très longue période (40 ans). Aux cours des années de recherche, 492 volontaires ont été victimes d’une hémorragie méningée. En croisant ces données avec les habitudes de consommation de tabac de ces victimes, les chercheurs ont constaté que le tabagisme occasionnel comme régulier augmentait le risque d’hémorragie. Le risque est dit dose-dépendant : il augmente très rapidement avec le nombre de cigarettes par jour. À partir d’une seule cigarette par jour, le risque augmente fortement, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes.
Les femmes en toute première ligne
Parmi les 492 personnes frappées par une hémorragie, 266 étaient des femmes. Apparemment, la nature semble équitable. Sauf que dans cette cohorte, 38% des hommes étaient fumeurs, alors 19% des femmes seulement l’étaient. Les résultats montrent ainsi nettement que les hommes et les femmes ne sont pas sur un pied d’égalité face au risque. Les femmes qui avaient fumé plus de vingt cigarettes par jour, considérées comme de « grosses fumeuses », ont montré un risque 3,5 fois plus élevé en comparaison avec les personnes non-fumeuses, tandis que les hommes avaient un risque seulement 2,2 fois plus grand.
Pourquoi les femmes sont-elles plus fragiles que les hommes ? Le mécanisme délétère du tabac n’est pas complètement connu. Cependant, « il est possible que le tabac réduise le niveau d’estrogène dans leur organisme, ce qui entraînerait un développement de collagène et une inflammation, qui aboutirait à une dégradation de l’état des parois des vaisseaux« , indique l’étude.
Seul l’arrêt complet du tabac est protecteur
Le nombre d’accidents hémorragiques s’est avéré plus bas chez les anciens fumeurs, dans les deux sexes, ce qui suggère que l’arrêt du tabac réduit le risque. Bonne nouvelle, ce risque s’effondre très rapidement : il baisse dès le première année d’abstinence, avant de rejoindre celui d’une personne n’ayant jamais fumé au bout de seulement cinq ans.