Au lendemain de sa rencontre avec le président Alpha Condé, le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, invité de la radio Espace FM, a longuement expliqué les grandes lignes.
« C’est une grande avancée parce que ça redonne un peu de crédibilité à notre dialogue dans la mesure où on a aujourd’hui un engagement, je ne dirais pas une garantie que les résultats des dialogues seront appliqués, ce qui n’a pas été le cas pour les dialogues antérieurs.
Nous avons aussi parlé d’économie et nous étions tous d’accord que les guinéens souffrent parce que j’ai attiré son attention sur la misère de la population. Il a répondu par l’affirmatif tout en justifiant par l’épidémie Ebola. Je lui ai fait comprendre que ce n’est pas Ebola mais la mauvaise gouvernance de 2014 et de 2015. Ensuite, j’ai attiré son attention sur les conséquences des marchés de gré à gré et l’impact que ces marchés et les dépenses qui ont été faites pour les couvrir, sur le niveau de vie de la population.
Je lui ai dit également que l’augmentation de la TVA et la non- application de la flexibilité des prix du carburant à la pompe étaient les résultats de cette mauvaise gouvernance. Il fallait combler les déficits creusés justement par cette mauvaise gestion. Finalement, on était d’accord qu’il ya quelque part un laxisme dans la gestion des finances publiques. Il m’a fait savoir qu’il était contre l’augmentation de la TVA notamment sur les denrées de première nécessité et que très prochainement on va ramener le taux de la TVA à son niveau antérieur. Je lui ai dit que ce serait une bonne chose parce qu’actuellement les guinéens souffrent.
En allant le rencontrer, je sortais d’une violente crise qui m’a cloué au lit pendant trois jours, je n’étais pas tout à fait en forme sauf peut- être dans la discussion. Je l’ai trouvé lui détendu, respectif parce qu’il m’a laissé parler et il a accepté ce que je tentais de mettre en évidence. Mais ce qui est important, il s’est engagé de faire appliquer les décisions du dialogue antérieur notamment celui de 2015 : on a l’assainissement du fichier électoral, la reforme de la CENI, l’enquête pour identifier les auteurs et commanditaires des crimes commis lors de nos différentes manifestations, l’indemnisation des victimes, l’accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat. Dans le document qu’on a proposé au ministère de l’administration du territoire pour le prochain dialogue, il y a naturellement la flexibilité du prix du carburant parce que les deux éléments majeurs qui ont contribué à la détérioration du pouvoir d’achat de la population, c’est l’augmentation de la TVA et la non flexibilité des prix du carburant à la pompe. Lorsque le prix du transport est élevé, naturellement le prix des denrées de première nécessité augmente aussi conséquemment. Ca aurait pu être une contribution de l’Etat à l’amélioration ou à la limitation de la détérioration des pouvoirs d’achat. Il y a un autre facteur, c’est la dépréciation de la monnaie. Les trois facteurs sont liés au souci du gouvernement de résorber les déficits pour ne pas perdre la facilité élargie de crédit.
Je n’ai pas posé des conditions, on est venu à une discussion. Donc on a essayé de mettre en évidence le bien fondé de nos arguments. Parfois il accepte, parfois il donne des justifications et lorsque je ne suis pas d’accord, je lui fais comprendre. Moi l’essentiel, c’était par rapport à la relance du dialogue. Ensuite, il ya beaucoup d’autres aspects qui vont être discutés avec le ministère de l’administration du territoire qui est un autre interlocuteur par rapport au dialogue en vue. Parce que nous avons proposé aussi un ordre du jour et le président a dit qu’il n’a pas d’objection par rapport à l’ordre du jour y compris la mise en place de la haute cour de justice.
Nous n’avons parlé de personne. Encore une fois ce n’est pas Cheick Sacko qu’on récuse. On ne souhaiterait pas qu’il y ait un membre du gouvernement parce que comme je l’ai dit nous n’avons pas de conflit avec le RPG. Nous on a un conflit avec le gouvernement à qui incombe la responsabilité d’appliquer et de faire appliquer les décisions de dialogue.
Concernant le statut de chef de file de l’opposition, je peux considérer que c’est une avancée. C’est le président qui avait pris cette l’initiative d’introduire cette loi pour définir le statut du chef de file de l’opposition. Il n’est pas le premier dans la sous-région mais à un moment donné, il a bloqué le processus et moi je n’ai jamais revendiqué. Je lui ai dit qu’on ne discute pas de cela. C’est vous qui avez pris cette initiative et si vous estimez qu’à un moment donné, il faut bloquer, c’est une loi que vous violez parce que la loi a déjà été adoptée. Ce n’est vraiment pas une revendication essentielle chez moi par ce qu’il n’en demeure pas moins que l’UFDG reste le chef de file de l’opposition.
Concernant les prisonniers politiques, il a promis d’examiner toutes ces questions. Et c’est inscrit dans l’ordre du jour du dialogue. On n’a pas traité toutes les questions inscrites à l’ordre du jour mais il a dit qu’il n’a pas d’objection avec l’ordre du jour du dialogue et on pourra discuter de ça dès lors que c’est engagé parce qu’il tient à maintenir le contact avec moi pour examiner les questions qui intéressent la vie politique, économique nationales.
Mohamed DIANE