le développement, pour sortir de la très ennuyeuse politique guinéenne. En conséquence nous vous proposons des réflexions de personnalités comme le docteur Nasser Keita, directeur du Laboratoire de Recherche en Economie et Conseils (Lab-REC). Il nous parle dans les lignes qui suivent, de l’effet de la croissance sur la pauvreté.
Concernant l’effet de la croissance sur la pauvreté au sein des pays, il est généralement admis que la croissance profite au moins dans une certaine mesure à toutes les couches de la population et donc que celle-ci s’accompagnerait d’une réduction de la pauvreté. Cependant, on peut démontrer, tant théoriquement qu’empiriquement, que cette relation n’a rien de systématique.
D’un point de vue théorique, cette croyance est basée sur le postulat, très présent dans les discours politiques et économiques, selon lequel la maximisation de la taille du gâteau (le PIB) implique un accroissement de chacune de ses parts (le revenu des différentes couches de la population), ce qui induirait une réduction de la pauvreté. Bien que cet argument paraisse à première vue relever du bon sens, il se trouve invalidé pour deux raisons, à savoir d’une part la pertinence supérieure de la notion de pauvreté relative par rapport à celle de pauvreté absolue, d’une part, l’absence de lien systématique entre le niveau du PIB et la capacité de redistribution des revenus des économies.
En effet, il existe deux types de définitions conceptuellement très différentes de la pauvreté:
La pauvreté relative et la pauvreté absolue. Cette différence réside dans le type de seuil de pauvreté choisi: ce seuil peut être défini en termes absolus (par exemple 1$/jour) ou en % du revenu médian). Le concept de pauvreté absolue implique une définition de la pauvreté invariable en tout temps et en tout lieu. Cependant, la perception intuitive de la pauvreté évolue dans le temps et en fonction du niveau de développement des pays, car les besoins évoluent. Les niveaux de vie correspondant à une situation de pauvreté en France et dans un pays du Tiers Monde sont très différents. De même, on ne peut comparer la pauvreté en France au moyen Age avec celle d’aujourd’hui. Ce constat amène à privilégier le concept de pauvreté relative, qui dépend du contexte environnant (la notion de pauvreté relative est donc une forme spécifique d’inégalité). Donc, à partir du moment où la pauvreté est considérée comme relative, le postulat selon lequel la croissance du PIB permet un accroissement de chacune de ses parts n’implique pas forcément une réduction de la pauvreté, la question n’étant pas la taille des parts du gâteau, mais bien leur taille relative.
Ensuite, on peut facilement montrer (toujours dans le cas des pays à revenu élevé), en considérant la population pauvre comme dépendant de la redistribution des revenus (les allocataires sociaux), qu’il n’y a à priori aucune raison de croire que l’accroissement du PIB par tête diminuera la pauvreté relative au travers d’un effet sur l’ampleur de la redistribution. Il apparaît en effet que celle-ci est déterminée par certains choix sociopolitiques qui se répercutent sur le niveau des taux de prélèvement obligatoire, et non par la croissance. Pour étudier l’effet théorique de la croissance sur la pauvreté relative (après redistribution), il est fondamental de distinguer les deux moteurs de la croissance économique, à savoir la productivité et l’emploi.
Dans le cas où la croissance est due à une augmentation de la productivité, le revenu moyen de la population augmente. Dans ce cas, à taux de prélèvement inchangé, la masse disponible pour la redistribution augmente proportionnellement à l’accroissement du revenu moyen. Cependant, l’écart entre les riches et les pauvres (la pauvreté relative) reste constant. On peut imaginer cependant que les taux de prélèvements devraient augmenter avec la croissance et le revenu moyen, ce qui augmenterait la redistribution et permettrait de diminuer la pauvreté relative. Or, cela ne semble pas être le cas au vu de l’évolution des taux de prélèvements obligatoires des dernières décennies dans une série de pays développés. On constate en effet une tendance à la baisse des taux marginaux de taxation depuis environ les années 80. Cependant le PIB par tête (et donc le revenu moyen) n’a globalement pas cessé de croître pendant cette période. On pourrait pourtant s’attendre théoriquement, dans le cadre d’un système d’impôt progressif, à ce que les taux de taxation moyens croissent avec le revenu moyen. Cependant, des réformes fiscales ont eu lieu régulièrement dans les années 80 et 90 qui ont notamment eu pour effet de contrecarrer la tendance à l’accroissement des taux de taxation, de sorte que la générosité relative n’augmente pas avec le revenu moyen. L’évolution des taux de taxation semble donc indiquer que le niveau des taux de prélèvement est fonction des choix politiques et non du PIB par tête et de sa croissance.
Envisageons maintenant une croissance due à une augmentation du taux d’emploi. Dans ce cas, on peut imaginer une réduction de la pauvreté relative à condition que les emplois créés permettent de mener une vie décente. On assistera alors à la fois à une baisse du nombre de pauvres (d’allocataires sociaux) et à un accroissement de l’assiette de l’impôt, ce qui implique plus de moyens disponibles pour la redistribution, à taux de prélèvement inchangé. La pauvreté relative pourrait alors diminuer. Par contre, si l’accroissement du taux d’emploi s’accompagne de politiques fiscales comme la baisse des cotisations patronales, l’effet positif sur la capacité de redistribution du système risque de s’annuler. Par ailleurs, il est important de s’assurer que les travailleurs perçoivent un salaire leur permettant de sortir de la pauvreté (pas de travailleurs pauvres).
On peut donc conclure que dans des conditions sociopolitiques stables, une croissance résultant d’un accroissement de la productivité laissera la pauvreté relative inchangée, tandis qu’une croissance résultant de l’accroissement de l’emploi peut diminuer la pauvreté relative mais uniquement compte tenu d’une hypothèse forte d’absence de travailleurs pauvres et à la pression inchangée des prélèvements obligatoires. Cependant, il faut souligner que c’est l’augmentation de la productivité et non du taux d’emploi qui explique l’accroissement du PIB par tête dans le long terme. A contrario, à PIB inchangé, un accroissement des taux de prélèvement moyens résultant d’un choix politique orienté vers plus de générosité est susceptible de diminuer la pauvreté relative.
LEÇONS A RETENIR POUR LES ÉCONOMISTES AFRICAINS :
Retenez une chose primordiale : si vous obtenez une croissance qui résulte du commerce international et des matières premières, vous n’aurez jamais une stabilité au niveau de vos taux de croissance, du fait que ces sources sont exogènes, en cas de chocs, vous n’avez d’instruments pour parer à ces conséquences.
L’autre chose importante, est que si vous vous focalisez spécifiquement sur le PIB, ceci n’est pas dans tous les cas un moyen de réduction de la pauvreté dans vos pays, car l’augmentation du PIB (croissance) est obtenue par la productivité du travail de façon essentielle et cette augmentation n’a aucun impact positif sur la réduction de la pauvreté.
Ce qui réduit la pauvreté c’est l’augmentation du taux d’emplois donc la réduction du chômage, et ceci n’est possible que si vous êtes capables de financer vos économies avec une utilisation active de vos monnaies, cela requiert obligatoirement un nouveau dispositif de gestion monétaire, pour mieux spécifier des véritables modèles économiques adaptés à la structure de vos économies, donc savoir vous libérer de la servitude volontaire, de vos maîtres de toutes les décennies (FMI), qui vous donnent de façon complaisante les notes de satisfecit juste pour continuer à vous maintenir dans leur jurons.
Il y a des alternatives pour gérer vos économies, il y a des ressources humaines inutilisées, il faut savoir les détecter et les utiliser rationnellement.
Dr Nassirou Narena Keïta alias Nasser, économiste