En pleine crise électorale, alors que la Cour constitutionnelle gabonaise doit trancher la semaine prochaine sur la question de sa réélection contestée à la présidence de la République, Ali Bongo est au coeur d’une enquête publiée ce jeudi 15 septembre par un quotidien français, le Midi Libre. Ce journal a recueilli des informations selon lesquelles Ali Bongo était en France dans les années 1965-1966.
Ali Bongo aurait séjourné à Alès précisément, dans le sud de la France. « J’ai d’abord retrouvé des camarades de classe de celui qui s’appelait à l’époque Alain Bongo, la famille s’étant convertie [à l’islam] en 1973, et les photos que j’ai retrouvées datent de 1965-1966, explique à RFI Caroline Froelig, la journaliste du Midi Libre qui a réalisé cette enquête. Ses « petits copains » se souviennent très bien de lui. C’était un petit peu particulier pour eux puisqu’il leur expliquait que son papa était vice-président du Gabon. Tous ne le croyaient pas d’ailleurs à l’époque. »
Pour s’assurer de la fiabilité de ces témoignages et de ces photos, la journaliste explique avoir comparé avec des photos officielles. « On reconnaît tout à fait le petit garçon », assure-t-elle. Elle ajoute avoir « multiplié les témoignages » et recoupé les informations entre les différentes déclarations.
La thèse de l’opposition mise à mal
Ces informations viennent en tout cas démonter une thèse chère à l’opposition gabonaise, selon laquelle Ali Bongo, fils et successeur à la présidence d’Omar Bongo, serait en fait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, à la fin des années 1960. Or, la loi gabonaise stipule que seul un Gabonais de naissance peut prétendre à la Présidence. Prouver qu’Ali Bongo était en France avant cette guerre, c’est prouver qu’il n’a pas été adopté pendant ou après.
Une thèse qui, avant d’être reprise par les opposants politiques gabonais, a été avancée par Pierre Péan. Mais pour lui, ces révélations ne changent rien. « J’affirme de façon absolue qu’Ali Bongo n’est pas le fils biologique de Joséphine Bongo et Albert Bernard Bongo », réagit le journaliste français sur RFI.
En revanche, au sujet de la guerre du Biafra, le journaliste botte en touche. « Il me faut un peu de temps pour comprendre la mécanique et comment ça peut s’articuler avec ce dont je suis encore aujourd’hui convaincu, c’est-à-dire l’affaire du Biafra », poursuit-il.
Réactions au Gabon
Du côté de Libreville, pour Alain Claude Bilie By Nze, porte-parole d’Ali Bongo, cette enquête vient confirmer ce que le clan Bongo avait toujours dit. Il espère donc que cela va mettre un terme à un débat qualifié de « nauséeux ».
En revanche, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, responsable de la communication de Jean Ping, l’adversaire d’Ali Bongo à la présidence, rappelle qu’Ali Bongo, de fait, a été autorisé à se présenter, et que donc ce qui compte aujourd’hui, ce n’est plus ce débat, c’est la réalité des suffrages exprimés le 27 août dernier.