Face à la propagation de la pandémie, les pouvoirs publics et le secteur privé démontrent qu’ils peuvent collaborer efficacement pour lutter contre le paludisme en Afrique, qui concentre 80% des cas au niveau mondial, et ce, avant 2030, délai butoir, retenu par l’OMS.
Décidé de vaincre progressivement la maladie, qui constitue l’une des principales causes de morbidité chez les femmes enceintes et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, le ministère de la santé à travers le programme national de lutte contre le palu a signé, ce mercredi, un accord avec la chambre des mines de Guinée. C’était en présence du directeur exécutif, Diallo Chaikou Diallo et d’autres délégués des sociétés minières.
Selon Dr Moussa Keita, médecin de santé publique, épidémiologiste et coordonateur national du programme national de lutte contre le paludisme, le maillon faible dans la lutte anti- paludisme, c’est le partenariat avec le privé.
« Le secteur privé ne peut pas tout faire mais en partenariat avec le privé, on peut faire des progrès », a-t-il affirmé.
L’objectif est, dit-il, de créer ce partenariat public- privé pour que cette intervention du privé contre le paludisme soit dans un contexte maîtrisé et capitalisé, a-t-il expliqué.
« A partir de ce protocole, la mise en œuvre se fera à travers un cadre de concertation. On mettra un groupe d’experts qui va élaborer un plan d’action à définir ».
Toujours selon Dr Keita, la Guinée ne doit pas rester en marge du combat. « L’Afrique a opté qu’en 2030, il y aura l’élimination. Nous en Guinée, nous sommes en train de mettre tous les moyens pour aller vers la pré-élimination, une étape très importante, qui doit se faire en partenariat public-privé », a-t-il encore martelé.
Présent à la signature, Ismaël Diakité, président de la chambre des mines de Guinée, explique que le choix des zones minières n’est pas fortuit. « Dans les bassins miniers, il y a les communautés, les employés et leurs familles. Donc, nous sommes exposés au paludisme en tant que projet minier. Dans le cadre de notre responsabilité sociétale des entreprises, nous avons signé un partenariat avec le PNLP pour mobiliser nos moyens en vue de faire face aux besoins sanitaires tous azimuts ».
« Le protocole touchera partout où il y aura des projets miniers en Guinée mais l’accent pourrait être mis sur le corridor Nord-Ouest où il y a actuellement la CBG, la SMB et GAC. Il n’y a pas péril en la demeure parce qu’il y a eu des efforts, le paludisme est bien contenu, mais il faut persévérer parce qu’il y a beaucoup de vecteurs ».
Pour rappel, cette signature intervient deux mois après le sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu, en juillet 2016, à Kigali, au cours duquel l’Afrique a adopté une nouvelle feuille de route très complète pour éliminer le paludisme en Afrique d’ici 2030, sous la présidence du président de l’Union Africaine, le Tchadien Idriss Déby.
Selon le communiqué final, cette feuille de route validée par les Etats africains, définit un « cheminement visant, d’ici à 2030, à éradiquer le paludisme et la mortalité due à cette infection, à éviter sa transmission et sa réapparition dans tous les pays ».
D’après une étude, depuis 2000, le taux de mortalité dû au paludisme a chuté de 66 % en Afrique pour l’ensemble des catégories d’âge, et de 71 % chez les enfants de moins de 5 ans. Le nombre annuel de décès dus au paludisme en Afrique a diminué, passant de 764 000 en 2000 à 395 000 en 2015. Mais le paludisme reste l’une des principales causes de morbidité chez les femmes enceintes et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.