Des chercheurs ont pour la première fois mesuré avec précision les effets dévastateurs de la cigarette sur nos gènes, non seulement dans les poumons, mais également dans divers organes qui ne sont pas directement exposés à la fumée.
En effet, si le plus grand nombre de mutations génétiques provoquées par le tabac a été observé dans les tissus pulmonaires, d’autres parties de l’organisme portaient aussi la signature de ces altérations de l’ADN expliquant comment le fait de fumer provoque différents types de cancer. La cigarette contient plus de 7.000 substances chimiques différentes, dont plus de 70 sont connues pour être cancérogènes, indiquent ces chercheurs, pointant « la complexité des interactions avec l’organisme ».
Ces chercheurs ont comparé 2.490 séquences génétiques de tumeurs de fumeurs avec 1.063 séquences témoins (tumeurs de non-fumeurs). Ils ont constaté des caractéristiques moléculaires spécifiques dans l’ADN des cellules pulmonaires des fumeurs.
« Nous avons découvert que les personnes fumant un paquet par jour ont en moyenne 150 mutations génétiques supplémentaires chaque année dans leurs poumons, ce qui explique pourquoi les fumeurs ont un risque élevé de développer un cancer pulmonaire« , expliquent les auteurs de ces travaux, publiés dans Science.
Les études épidémiologiques montrent que le tabagisme contribue à au moins 17 types de cancers humains. Toutefois, jusqu’alors, on n’avait pas déterminé quelles mutations génétiques étaient spécifiquement induites par la cigarette, ont expliqué les auteurs de ces travaux. « Désormais nous pouvons observer et déterminer le nombre de changements moléculaires dans l’ADN qui résultent du tabagisme ».
L’étude révèle qu’un paquet de cigarettes par jour entraîne en moyenne 97 mutations de plus par an dans l’ADN des cellules du larynx, 39 dans le pharynx, 23 dans la bouche, 18 dans la vessie et 6 dans le foie.
avec AFP