À leurs hôtes sénégalais, les Marocains ont vendu leur expertise dans l’agriculture et la pêche. Mais aussi un nouveau partenariat entre la RAM et Air Sénégal, après une première expérience infructueuse en 2009.
À Dakar, l’agriculture et la pêche étaient au centre des discussions entre les Marocains et les Sénégalais. Deux conventions ont été signées par les deux parties, à l’occasion de la visite officielle de Mohammed VI dans ce pays, entamée le lundi 7 novembre.
Elles portent sur la mise en place d’un dispositif de financement de la petite agriculture en milieu rural et un mémorandum d’entente pour la mise en œuvre d’un plan d’aménagement de la pêche au poulpe.
Appui logistique et aide financière
Pour cette signature, le roi du Maroc a mobilisé une partie de la délégation qui l’a accompagné au Rwanda et en Tanzanie, à savoir le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, le président délégué de la Fondation Mohammed VI pour le développement durable et président de l’OCP, Mostafa Terrab, le président du directoire de la Banque centrale populaire (BCP), Mohamed Benchaâboun, et le président du directoire du Crédit agricole du Maroc (CAM), Tariq Sijilmassi.
La première convention vise « le développement équilibré et inclusif de la petite agriculture et du monde rural à travers la mise en place d’un dispositif adapté aux réalités de l’agriculture familiale sénégalaise », indique l’agence officielle marocaine MAP. Elle est accompagnée d’une aide marocaine de 4 millions d’euros, dispatchée entre la Fondation Mohammed VI pour le développement durable – qui fournira un 1 million d’euros pour la création d’un fonds de garantie dédié aux prêts aux petites exploitations agricoles -, la BCP qui donnera 1,5 million d’euros à travers sa filiale Atlantic Microfinance for Africa (AMIFA) et le Crédit agricole qui fournira 1,5 million d’euros aussi.
Dans la deuxième convention, consacrée à la mise en place d’un plan d’aménagement de la pêche au poulpe, les Marocains s’engagent à fournir un appui en terme de formation et d’évaluation des stocks de poulpe par la méthode géostatistique et par l’estimation du potentiel exploitable : quotas de pêche, unités d’aménagement, zones de pêche, période de repos biologique, navires autorisés, etc.
RAM/Air Sénégal: une nouvelle page
Mais la grande nouveauté des discussions marocco-sénégalaises est, incontestablement, la réactivation du dossier de coopération entre la Royal Air Maroc et Air Sénégal, après l’échec retentissant de leur premier rapprochement en 2009. À l’époque, la RAM, qui voulait s’appuyer sur Dakar pour attirer le trafic africain vers son hub de Casablanca et ensuite l’orienter vers l’Europe, les États-Unis et le Moyen-Orient, était co-actionnaire avec l’État sénégalais d’Air Sénégal International (ASI)
Et puis des divergences de gestion entre les deux actionnaires ont fini par tuer ce projet, né en 2000. S’en est suivi un long contentieux financier et diplomatique entre Rabat et Dakar. Les relations entre les deux actionnaires se sont dégradées au fil des jours jusqu’au dépôt de bilan d’ASI, avant que le Sénégal ne crée sa propre compagnie, Air Sénégal.
Maintenant que le passé a été oublié, Marocains et Sénégalais veulent repartir sur de nouvelles bases. Ils envisagent d’accélérer les discussions en vue d’un partenariat entre la Royal Air Maroc (RAM) et Air Sénégal, « au bénéfice des deux compagnies ». « Cette collaboration qui devrait être une nouvelle manifestation du modèle pionnier de coopération Sud-Sud entre le Maroc et le Sénégal, devrait tenir compte des intérêts réciproques, en capitalisant sur les expériences antérieures et en en tirant les enseignements, souligne un communiqué, dont lecture a été donnée par la ministre sénégalaise du Tourisme et des Transports aériens, Maimouna Ndoye Seck.
La nouvelle coopération portera sur divers domaines opérationnels et techniques, notamment à travers la mise en place d’accords commerciaux et permettrait à terme « d’accompagner le lancement effectif d’Air Sénégal S.A., un des piliers du projet phare du Plan Sénégal Émergent ‘Hub aérien sous régional’ qui a pour ambition de faire du Sénégal un hub aérien et de services de la sous-région », poursuit le communiqué final.