Quand je gagne 10 FCFA ailleurs, je réfléchis à l’endroit où je pourrai l’investir en Côte d’Ivoire. Je n’ai pas de pas passeport français. Ma femme est Française d’origine Coréenne. Mes enfants sont Ivoiriens et Français. Ils sont tous nés en France, sauf Ismaël Agana. Je peux donc avoir droit aux papiers français, mais je ne veux pas. Pour moi, c’est comme si je trahissais le pays. Quelque part, les Ivoiriens ne comprennent pas ce qu’ils représentent pour moi. (Il fond en larmes). Désolé, je suis comme mon grand-frère Benson, je pleure vite. Je connais tout le monde. C’est à cause de vous qu’on m’a nommé Ambassadeur de l’ONU, de la Cedeao. Donc, quand des responsables d’un pays te respectent à une certaine dimension, tu es ému. Moi, j’ai peur de ceux qui me respectent, parce que je ne veux pas faillir. Bédié m’a honoré, Gbagbo m’a honoré, Ouattara m’a honoré. Le seul honneur que je ne voulais pas, c’est celui de l’autre (ndlr, le Général Guéi), parce qu’il m’avait fait peur. Les Ivoiriens m’ont toujours honoré. Je leur serai toujours redevable. Je peux rentrer dans n’importe quelle maison, en Côte d’Ivoire, les gens vont m’accueillir à bras ouverts. Je suis dans la circulation, des agents de la police m’appellent papa, mon premier fils a aujourd’hui 42 ans. Et ceux qui sont plus âgés que moi m’appellent petit-frère. Y a-t-il plus grande richesse que ça ? Certains comptent les richesses en billets numérotés, c’est gentil. Mais, Dieu m’a donné plus que ça : l’estime des Ivoiriens. Et cela, je tiens à cela. Le jour où Dieu m’enlève le souffle de vie, ce que je demande à l’Etat ivoirien, qu’il m’enterre chez moi à la maison. Je vais avoir l’impression de continuer une longue nuit.
ALPHA BLONDY.