Vaille que vaille, coûte que coûte, le projet de révision constitutionnelle, sera programmé. Du mystère avant le miracle, toutes les pistes sont explorées par une industrie de cadres révisionnistes logés à la Présidence de la République à cet effet. Elle croit dur comme fer pouvoir nous faire mordre à l’hameçon avec la plus grande gymnastique intellectuelle.
C’est une imminente opération avec deux options possibles, qu’essaieront des confusionnistes interprètes juristes.
1-La surprise et
2- l’essoufflement ou le chaos.
- Surprise : Organiser des élections générales ou couplées par anticipation. C’est-à-dire écourter le dernier mandat avant l’heure. Une option moins risquée pour le pouvoir dont les conséquences seront limitées. Le référendum puis l’exclusion politique liée à des interminables dossiers judiciaires avec un seul souci souillé le casier judiciaire des principaux adversaires politiques. Et cette option risque de prendre forme en Guinée.
L’avantage serait dans ce cas de figure, se faire réélire par une majorité simple (modification du mode de scrutin) et céder aux partis d’opposition un grand nombre de sièges au parlement pour atténuer les tensions. L’autre, c’est aussi se faire perdre un nombre de communes urbaines et rurales de l’intérieur mais garder les 3/5 de la Capitale. C’est la grande option choisie.
- L’essoufflement ou le chaos :
Cette autre technique est connue de tous, il faut réduire le citoyen dans une mendicité et de dépendance totale. C’est la méthode de la paupérisation, de l’intimidation, de la restriction des libertés, de l’État policier, des assassinats, des condamnations fantaisistes, de la propagande (une presse manipulée) et du mensonge d’État.
Les années 70 en Amérique du Sud, plus précisément en Argentine, a existé la fameuse opération Condor qui a consisté à éteindre tout obstacle matériel ou humain dans la démarche absolue de l’instauration du pouvoir à vie. Les assassinats politiques étaient innombrables. Le commando de la mort a vu le jour et l’on assistait à la période de la grande tourmente et de dépression du monde politique avec l’idée du national-socialiste.
Rêver est permis mais la folie est interdite. Il n’est plus un secret pour nous, M. le Président, la boulimie du pouvoir qui vous nourrit actuellement est sans ambages.
Vous semblez mûr que tous en politique ou encore sommes-nous tous vos apprentis comme vous aimez à le dire, mais, en politique vous n’êtes faible que lorsque vous vous sentez assez fort.
Mouammar Kadhafi, Hosni Moubarak, Ben Ali, Blaise Compaoré, Dr El Hadj Pr Yaya et tant d’autres, vous serviront de grands exemples.
Après plusieurs décennies à la tête leurs pays respectifs, ces baobabs ont fini par être terrassés lamentablement par un séisme politique dont la portée était si brusque qu’il s’est fait ressentir au-delà du rayon ciblé.
Depuis lors, Hobbes et son pouvoir éternel, ont été enterrés ouvrant ainsi donc, la voie à la tempête démocratique dont nul ne saurait estomper la marche sur le continent.
- le Président, malgré la limitation du mandat constitutionnel et de son caractère intangible (art 154) dans notre loi fondamentale, pour des intérêts personnels cyniques et cupides, vous gardez soigneusement le flou et l’intention de malmener et de violer le texte fondateur de notre chère République en arguant sa naissance par césarienne.
Ne vous lancez pas dans l’inconnue, car le risque est énorme et le péril est évident. L’eldorado dont vous avez longtemps rêvé et louanger, ne pourra aboutir que dans une totale liberté de chances politiques et de jeu démocratique ouvert qui passe obligatoirement par l’alternance politique.
Monsieur le Président, certes, l’alternance politique n’est pas un signe ou un critère d’efficacité mais une vitalité en démocratie.
Peu importe, la nature ou les conditions dans lesquelles notre constitution a été élaborée et adopter, force est de reconnaitre cependant qu’elle est fille de la constitution américaine du 04 Août 1787. En démocratie, le texte sacré est la constitution. Tout comme, le coran ou la bible pour le fidèle croyant dans la religion.
Monsieur le Président, Vous revendiquez quarante ans de lutte pour la démocratie, après avoir combattu tous les régimes du pays des pires manières, et, après deux mandats à la tête du pays avec un bilan mitigé, vous nous donnez l’impression de ce cauchemardesque de film dont l’homme seul joue le rôle d’acteur et de bandit chef à la fois. On se perd là ? On découvre le vrai sens du mot que (vous êtes un homme incompris, Pressé contre son temps qui veut tout à la fois même contre le gré du temps). Quel paradoxe ?
D’ailleurs, il est plus aisé de rationnaliser et de justifier car en politique, les gouvernements qui ne font que des erreurs et cotes mal taillées sont aussi nombreux que ceux qui font du bien. Plus de places désormais pour une démocratie taillée sur mesure, mais une, à la dimension universelle dont le respect constitutionnel, est irréversible. Ne rêvez pas autant !
Monsieur le Président, nous retenons d’événements ce que l’actualité ne rattache pas à notre histoire sombre du pouvoir ou de mandat à vie.
Aristote dit : « entre la peur et le courage, se situe la tempérance ou la sagesse ». Il faut être téméraire pour prendre de la hauteur. On sait bien qu’en politique il n’y a pas de sens interdit mais par le bon sens on se l’interdit.
De gré ou de force, l’histoire politique du pays sera réécrite en 2020 dans l’un des cas : l’honneur ou l’humiliation.
Un homme averti en vaut deux, à vous le choix !
Habib Marouane Kamara