Suite à l’explosion de la violence à Boké ces derniers jours pour cause de réclamations de l’électricité, de l’emploi etc.., un jeune compatriote, en l’occurrence Oumar Barry a cru opportun de prendre sa plume et dire sa part de vérité sur les causes desdites violences. Mais par delà les accusations, il lance un appel au calme et à la retenue. Lisez plutôt ci-dessous, sa part de réflexion.
« Jeunes de Boké et de la Guinée toute entière, Mesdames et Messieurs les ressortissants de Boké, Chers frères, sœurs et concitoyens Guinéens,
C’est avec angoisse que nous avons appris les nouvelles des violences récemment intervenues à Boké.
En tant que citoyens libres soucieux de l’avenir de notre pays, en tant que citoyens natifs et/ou amoureux de la belle région de Boké, nous avons tenu à sillonner cette région suite aux événements douloureux qui l’ont récemment ébranlé.
Parallèlement au périple du Ministre Abdoulaye Magassouba qui était là avec sa délégation depuis vendredi pour désamorcer la crise, nous avons mené notre mission privée sans considération partisane. Mais force est de reconnaître que c’est une population abusée, manipulée, à la limite dupée que nous avons eu le goût citrique de découvrir.
Nous avons en effet parcouru Boké de long en large, en marge de la visite de la Délégation du Ministère des Mines. Nous avons entièrement couvert le centre ville et fait le tour des neuf sous-préfectures à commencer par Tanènè jusqu’à Bintimodia en passant par Kamsar, Sangarédi, Dabiss, Kafarandé, Kolaboui, Sansalé, Malapouyah.
Fort malheureusement, nous avons été saisis par un sentiment de consternation en découvrant que certains individus fortement initiés mais faiblement scrupuleux, ont fait de la manipulation des populations à la base, leurs jeux-passe-temps favoris.
Nous avons eu le cœur serré de constater qu’autant les fils du pays, épris de civisme et de patriotisme se battent pour défendre et maximiser les intérêts de la nation et des populations à la base, autant, les nostalgiques du chaos d’antan vibrent de tout leur élan pour inciter à la violence, seul moyen pour eux de gagner indûment leur pain quotidien.
Nous avons été particulièrement désenchanté de constater que ce sont malheureusement ces filous qui ont du temps, suffisamment de temps libre, pour sillonner les bars café, passer sur les antennes de radios privées, pour véhiculer les messages incendiaires.
A Sangarédi par exemple, un citoyen nous a interpellés en ces termes : « ils nous ont dit que si on ne se soulève pas, les problèmes de délestages électriques ne seront jamais résolus ». Un paysan nous a confié à Dapilon qu’il aurait appris que « ce sont les exploitations bauxitiques qui sont à la base des pénuries d’eau potable ». A Boké centre, un jeune diplômé nous a confié qu’il aurait appris que « nous pouvons exploiter nous-mêmes nos gisements de bauxite et en tirer plus de profit ».
En somme, nous avons noté trois revendications à savoir, l’eau, le courant et l’emploi, mais toutes, fort hélas, exprimées de manière on ne peut plus impropres.
En effet, de notre point de vue objectif et neutre, nous avons eu la certitude que depuis l’accession de notre pays à l’indépendance en 1958, jamais Boké n’avait été autant électrifié. Nous avons également noté que jamais la préfecture de Boké n’avait fait objet d’autant de perspective d’essor économique. D’ailleurs, tous les villageois que nous avons eu l’occasion de concerter ont reconnu qu’il y a une amélioration de leurs conditions de vie en termes de gains pécuniaires directs.
Mais clairement et sans ambiguïté, jamais Boké n’avait connu de pareilles violences de toute son histoire. Qu’est ce qui motive donc cette violence ? D’où viennent le chaos, le vandalisme et la casse ?
La réponse est claire : les manipulations partisanes, les rhétoriques politiciennes à résonances vindicatives, les discours incendiaires des prédateurs frustrés, telles sont les sources des manipulations que nous avons notées.
On les connait bien et très bien pourtant. On a écouté par exemple certains énergumènes limogés du gouvernement pour des raisons qu’on maîtrise peu, véhiculer sans vergogne des messages de violence à contenus complètement contradictoires de ceux qu’ils véhiculaient, il y a ci-peu (lorsqu’ils étaient dans les bonnes grâces de la Présidence)… et une fois les violences déclenchées, ceux-là sont devenus introuvables. Nul ne sait où ils sont passés. Ils rigolent certainement quelque part. C’est la population qui souffre et c’est l’administration centrale qui se bat pour rétablir l’ordre.
C’est le lieu pour nous de tirer chapeau au jeune Ministre des Mines et à son équipe pour le courage qu’ils ont fait montre malgré le contexte délicat marqué par les hostilités que nous avons connues ces derniers jours et qui étaient sans aucun doute entretenues par des forces obscures. Quoique les revendications principales (à savoir la desserte en eau potable et en électricité) ne soient pas de leur domaine spécifique, ils se sont employés sans arrêt depuis le début de la crise à écouter les cris du cœur des populations de Boké.
En tout état de cause, au nom de la jeunesse consciente de la Guinée, nous voudrions appeler la jeunesse intelligente et clairvoyante de Boké, à la retenue, à plus de sens de responsabilité et à plus de discernement. Sans considération partisane, nous voudrions appeler les jeunes intellectuels de la cité à jouer le rôle d’éclaireur auprès de leurs frères, amis et parents moins avertis sur les opportunités qui sont en train de s’offrir à la région. Aujourd’hui plus que jamais, Boké est en voie d’épanouissement. Le déclic en perspective a pour ennemi l’incivisme, la violence et le désordre.
Un peu de patience et de sens de responsabilité permettront à Boké de déclencher le processus d’émergence tant souhaitée par tout le peuple de Guinée. Nous qui savons lire et écrire, nous jeunes éclaireurs, nous leaders d’opinion, nous jeunes diplômés et futurs cadres du pays avons un rôle important à jouer dans ce processus. Notre rôle commence par la sensibilisation à la retenue et au respect des biens d’autrui (y compris les biens des investisseurs étrangers et de l’Etat). Notre salut, le salut de Boké, le salut de toute la Guinée dépend de notre engagement.
Je vous remercie. »
Oumar Barry