Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ?
Enquête:
Après le règlement partiel des primes de 12 millions de FCFA du contingent 8.400 lors de la mutinerie déclenchée au mois de janvier 2017, un accord fut trouvé entre le gouvernement et les mutins à Bouaké.
Dans cet accord obtenu sur le fil du rasoir par le ministre de la Défense Alain Richard Donwayi assisté du colonel Issaka Ouattara dit Wattao, il était prévu qu’un montant de 5 millions allait être versé immédiatement et 7 millions de FCFA plus tard selon l’échéancier fixé entre mai et juin 2017.
Dans le courant de la fin du mois d’avril l’entourage du cabinet du président Alassane Ouattara en accord avec le ministre de la Défense et l’état-major ont entamé des négociations souterraines avec « certains délégués des mutins » en vue de faire comprendre à ces derniers la conjoncture économique du pays liée à la baisse du prix du cacao.
Un argument qui n’a guère convaincu « les délégués des mutins » lors des négociations. Les mutins exigeaient le respect strict de l’accord conclu en janvier 2017 avec le gouvernement. Le président Ouattara avait lui-même marqué son accord solennel à cette sortie de crise en janvier dernier.
Face au manque d’avancées et aux blocages constatées lors des négociations, le cabinet du chef de l’Etat et celui du Premier ministre ivoirien bénéficiant du concours de certains hommes politiques proches du président Alassane Ouattara ont jugé bon d’impliquer l’imam Ckeick Boikary Fofana, une des grandes figures de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire qui mène les négociations directement avec les mutins. D’abord, à la mosquée de la Riviera. Ensuite, au cabinet du chef de l’Etat. Lors de ces rounds l’Imam Fofana a compris la nécessité de solliciter une rencontre directe avec le chef de l’Etat ivoirien ce qui, à ses yeux est plus pratique que la valse d’intermédiaires.
L’Imam Fofana saisit donc le cabinet du président Ouattara pour exprimer la requête des mutins. Ainsi, le 10 mai 2017 au palais présidentiel le Général Vagando chef d’état-major particulier du président Alassane Ouattara reçoit la délégation.
Entre temps le cabinet du chef de l’Etat, le Premier ministre et certains membres du gouvernement organiser une cérémonie présidée par le président Ouattara. Les pourparlers durent des heures. Les délégués des mutins et médiateurs sont toujours enfermés dans une salle. Au finish, ils sont contraints de lire une déclaration pré-rédigée sous peine de passer devant la Cour martiale. Une mascarade est organisée dans un salon de la Présidence loin de la presse où dans les premiers images de la RTI à 23h, l’on voit ce 10 mai 2017 le sergent Fofana faire une déclaration au nom des mutins du contingent 8.400 renonçant à toute revendication d’ordre financière et présenter des excuses à la Nation devant le chef de l’Etat, chef suprême des Armées. Depuis, le sergent Fofana n’a pas fait d’apparitions publiques.
Coup de tonnerre dans les casernes du pays, les éléments du contingent 8.400 protestent contre les propos tenus par le sergent Fofana présenté comme « porte-parole des mutins ».
Les armes crépitent dans les garnisons des régions du pays. Abidjan et Bouaké notamment rentrent en ébullition. Le pouvoir parle de 4 morts et plusieurs dégâts matériels. Les mutins ne se reconnaissent pas aux engagements pris devant le chef de l’Etat et exigent le payement du reliquat des 7 millions de FCFA comme conclu dans l’accord de janvier dernier.
Après quatre jours de remous l’Etat cède à la pression. Il verse 5 millions de FCFA et promet de payer les 2 millions de FCFA restants dus en fin juin 2017.
On se souviendra que le 1er mai jour de la fête du travail, le président Ouattara avait demandé aux acteurs sociaux du pays une trêve pour faire face à la chute du prix Cacao sur le marché international.
Comment les autres acteurs vont-ils réagir face à cette nouvelle donne ?
Le calme étant revenu en Côte d’Ivoire, l’on peut donc s’interroger sur les mobiles de l’organisation de cette mascarade et la vraie intention de ceux qui ont débauché ces soldats à coup de millions et de menaces.
Ibrahima Diallo
DG Radio liberté Fm
Envoyé spécial à Abidjan