Depuis 1984, la question divise et est sans réponse. Pourtant elle revient : qui a confisqué les biens du président Ahmed Sékou Touré ? Mediaguinee a voulu en savoir. Direction : cité ministérielle où une belle bâtisse en blanc sert de siège à l’ancien parti-Etat qui a dirigé la Guinée durant 26 ans.
Plongé dans son ordinateur, Mohamed Touré, le secrétaire général du PDG-RDA ne quitte pas l’écran. Ses doigts aussi. Dans son bureau, on entend la mouche voler si un climatiseur n’arrêtait de ronronner. Le fils du premier président guinéen a souvent le regard dans le mur. Son visage doux trahit sa colère. Mohamed est très remonté contre les abus dont sa famille fait l’objet depuis la mort de son père. De Lansana Conté à Alpha Condé, dit-il, l’espoir de la famille de voir se lever un jour nouveau s’amenuise comme peau de chagrin. Aucune attention de l’Etat si ce n’est qu’un véhicule offert récemment par le président Alpha Condé à Hadja Andrée Touré. La famille qui vit modestement à la villa Syli à Coléah n’a pas tous ses bijoux : les biens hérités du président Sékou Touré. L’abus de trop est bien les cases de Belle-vue « confisquées » par l’Etat guinéen. Réaction…
« L’épouse et les enfants de Sékou Touré devraient disposer des propriétés de la famille, comme les Cases de Belle-vue, qui sont sa propriété privée.
Ce bien a servi la nation guinéenne puisque le président Sékou Touré a estimé qu’il était lui logé par l’Etat guinéen et qu’il pouvait mettre sa propriété à la disposition de l’Etat guinéen. C’est partant de ce principe qu’il a commencé à faire loger des étrangers chez lui. Mais, il n’a jamais remis en cause le fait que ça soit chez lui. Je parle des Cases de Belle-vue. C’est une propriété qui a été acquise avant l’accession du pays à l’indépendance ainsi que ses premières constructions qui ont été prises pendant l’agression. Les cadres y ont été bombardés par les mercenaires qui pensaient ainsi pouvoir attenter à la vie du président Sékou Touré.
La restitution de ces propriétés a été entérinée par un décret présidentiel, qui n’a jamais été appliqué. Sous Lansana Conté, ça n’a pas été appliqué. Personnellement, je suis allé trouver le président Alpha Condé, après son investiture. Je lui ai dit ‘’Monsieur le président félicitation. On a fait un bon travail puisque nous avons participé tous à votre élection. Maintenant que nous ne voulons rien d’autre, mais au moins restituez nos droits. Rétablissez-nous dans nos droits’’. Les dossiers ont été repris par lui et confiés au chef de cabinet à l’époque, Dr Mohamed Diané, qui est maintenant ministre de la Défense nationale. Mais depuis, rien n’a été dit et rien n’a été fait. Même une reconnaissance de propriété n’a pas été faite. »
Par Mamadou Savané
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