Quelques semaines après des révélations faites par un leader politique, la polémique suscitée autour du fameux budget de fonctionnement du Chef de file l’opposition persiste toujours. Au même moment, les interrogations autour du financement des élections communales et le budget de fonctionnement de la CENI occupent le débat. En plus de ces deux sujets essentiels, la rédaction de Mosaiqueguinne.Com a voulu savoir plus auprès de l’honorable Michel kamano, président de la commision Economie, finances, plan et Coopération internationale à l’Assemblée Nationale, sur le manque de moyens dont souffrent certaines Institutions comme la HAC et l’INIDH.
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Mosaiqueguinee.com: Certains disent que les 500 millions du Chef de file de l’opposition constituent une dépense extrabudgétaire. Est ce qu’une ligne a été dédiée à ce budget lors de l’adoption de la dernière loi de finances ?
Michel Kamano : Non, il n’y a pas eu une inscription du budget du chef de file de l’opposition comme tel dans la loi de finances. Puisqu’il n’y avait pas eu d’accord sur le montant, même si le principe était accepté depuis bien longtemp.
Comme vous le savez, dans un budget, il y a toujours une inscription pour des cas d’urgence. S’il y a calamité ou catastrophe naturelle, on prévoit toujours des dépenses communes pour permettre au gouvernement de réagir.
Quand il y a eu accord pour finalement allouer un budget au chef de file d l’opposition,même si dans la loi de finances initiale il n’y avait pas d’inscription, à partir du moment où il y a des dépenses communes, son budget a été prélevé là pour le lui accorder.
Donc ce n’est pas du tout une dépense extrabudgétaire. Le parlement sera saisi dans la loi de finances rectificative par le gouvernement, pour nous dire voilà sur telle ligne budgétaire on a prélevé tel montant pour le chef de file de l’opposition. Ce n’est pas du tout illégal !
Mosaiqueguinee.com: Vous avez dû entendre également tout ce bruit qu’on a connu autour du budget de la CENI, dites-nous si dans la loi de finances 2017 il y a eu une ligne budgétaire dédiée à l’organisation des élections communales. Vous nous direz ensuite s’il y a eu aussi ou non un budget de fonctionnement pour cette même CENI.
Michel Kamano : Ces élections communales étaient prévues bien avant cette année. Donc elles avaient été budgétisées dans le budget de l’année dernière, 2016. Comme elles n’ont pas eu lieu, naturellement, cette dépense n’a pas été exécutée. Le gouvernement en a fait un report pour que la question du budget ne soit pas un problème lorsqu’il sera question d’organiser les élections. La partie qui sera à couvrir par le gouvernement va être couverte et il y a des négociations avec nos partenaires au développement pour qu’ils puissent couvrir certains aspects techniques et financiers. Le budget alloué l’année dernière n’ayant pas été exécuté, il a été reporté. Si demain la décision est prise après un accord entre les leaders politiques, le gouvernement n’aura aucune difficulté à dégager ce montant et tendre la main aux partenaires.
Mosaiqueguinee.com: Et le budget de fonctionnement de la CENI ?
Michel Kamano : Il a été régulièrement inscrit dans la loi de finances initiale 2017 !
Mosaiqueguinee.com: Lors de la dernière session budgétaire, vous avez dénoncé l’absence de justification par le gouvernement de l’usage qu’il fait du budget qui lui est alloué par l’Assemblée Nationale, que faites-vous pour que cela soit pris en compte lors de la prochaine session ?
Michel Kamano : Nous avons interpellé le gouvernement pour rappeler simplement que la loi organique adoptée en 2012, relative aux lois de finances, accordait un moratoire de cinq ans au gouvernement pour s’adapter et préparer toute la documentation qui est très nombreuse et la déposer désormais aux représentants du peuple pour justifier l’exécution du budget. L’application de cette loi organique commence en 2017, ils ont commencé à fornir quelques documents.
Mosaiqueguinee.com: Pour terminer Honorable, je voudrais demander si l’Assemblée ne sera pas coupable un jour du dysfonctionnement de plusieurs institutions comme la HAC et l’INIDH, toutes éprouvées par un manque de moyens nécessaires à leur bon fonctionnement. Est-ce parce que le gouvernement ne fait pas de propositions ou parce qu’il n’y a pas de ressources nécessaires?
Michel Kamano : Naturellement, un pauvre pays n’a jamais assez de ressources, même les pays riches sont endettés.
Mosaiqueguinee.com: Mais vous entendez quand même parfois les cris de coeur de ces institutions ?
Michel Kamano : Vous parlez à un ancien ministre du Plan, je suis habitué à entendre tous les departements dire qu’ils n’ont pas suffisamment de budget. Personne n’aura suffisamment de budget et un budget ce n’est pour financer les besoins, c’est fait pour financer les priorités
Mosaiqueguinee.com: Et le cas particulier de l’INIDH ?
Michel Kamano : Toutes les structures sont reconnues, elles ont une inscription budgétaire. Chacun dira je n’ai pas suffisamment de budget mais chacun a un budget. Même quand les départements arrivent au parlement, certains disent qu’ils n’ont pas suffisamment de buhet alors qu’il y a eu arbitrage en Conseil interministériel. Des gens, par incompréhension peut être, pensent que ce qu’ils n’ont pas obtenu du gouvernement, ils peuvent l’obtenir du parlement.
Nous pouvons demander à modifier le budget mais la loi nous dit si ça va dans le sens de l’augmentation des dépenses, il faut que le parlement trouve une source de recette pour financer ce plus. S’il n’y a pas de recettes additionnelles, l’Assemblée ne peut pas imposer des dépenses additionnelles au gouvernement.
Mosaiqueguinee.com: votre message !
Michel Kamano : Le dernier message c’est de demander aux départements ministériels de suivre eux-mêmes l’exécution de leurs budgets et en faire des rapports réguliers à la fois aux ministres du Plan, du Budget, et celui de l’economie et des finances pour que ceux-ci soient très tôt saisis des réalités de leurs departement et qu’au moment de l’arbitrage, s’il y a des agissements à faire, qu’il soient faits à ce niveau des arbitrage budgétaire sous l’arbitrage du chef du Gouvernement. Au niveau du parlement c’est juste venir nous dire nous sommes en phase au sein du gouvernement voilà pourquoi sur l’ensemble de nos besoins, voilà les priorités.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara