Avec une allure svelte, le visage toujours avenant, Kadiatou Touré est certes petite de taille, mais très combative. D’une voix roque et imposante, Kady comme l’appelle-t-on si souvent, est l’une des jeunes journalistes s’étant très vite engagée dans ce métier.
A 28ans, Kady est diplômée en maitrise à l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication (ISIC), avec pour spécialisation Journalisme-audiovisuel. Depuis 2007, elle exerce le métier de journaliste.
A l’entendre parler sur les ondes de la radiodiffusion télévision guinéenne où elle a déjà montrée ses talents, on croirait à une personne de grande taille mais la réalité est tout autre. «On me dit souvent que ma voix ne reflète pas ma taille. Ça me fait marrer. Mais je crois que c’est un atout pour moi que je dois surtout développer d’avantage», sourit-elle. ’’La petite ‘’kady’’ pour les intimes, est la troisième journaliste catégorie télévision à être récipiendaire du prix Hadiatou Sow en 2013 qui prône le journalisme féminin en Guinée. Présentement en service à la direction de l’Information et de la Communication et des Prospectives à la Présidence, elle présente en même temps des émissions télévisées tout en couvrant particulièrement l’actualité politique à la radiodiffusion télévision guinéenne de Boulbinet depuis 2009.
Ces dernières années, elle a fait d’importants reportages sur différents sujets intéressants de la vie ou le développement de la nation. Il s’agit entre autres de l’investiture du Pr Alpha Condé à la magistrature suprême, entretien avec le président Nigérien Mahamadou Issoufou, lors du sommet de la Mano River Union tenu à Conakry, le 40ème sommet de l’OCI, l’arrivée du président français François Hollande pour ne citer que ceux-ci.
« La volonté de réussir est ma passion ».
Préoccupée par l’idée de se parfaire, Kadiatou Touré a également participé à plusieurs ateliers à savoir le forum turco-africain des médias tenu en Turquie, à l’assemblée générale du mouvement social ‘’action 2015’’ à Tunis, la formation sur le dialogue social et les techniques de négociation collective organisée par le Bureau International du Travail (BIT) avec la collaboration du Conseil National de la Communication (CNC), l’introduction à la couverture médiatique, le journalisme d’investigation ou encore sur la communication institutionnelle, organisés par l’Ambassade des Etats-Unis en Guinée.
Agée de 28 ans, Kady rêve d’être citée parmi les exemples de femmes journalistes qui ont montré leurs preuves dans ce métier. «Mon souhait est que de plus en plus les femmes se lancent dans ce métier si noble et qu’elles s’affirment surtout. La tâche est difficile mais avec plus de courage et de persévérance, on peut y arriver. Le courage et la persévérance sont pour moi les clés de la réussite», estime-t-elle d’emblée.
Son plus grand regret ? «Mon plus grand regret est de ne pas pouvoir montrer mon prix à ma grand-mère qui m’a permis de faire mes premiers pas à l’école», dit-elle un rien triste.
« Il faut endurer pour s’endurcir ».
A côté de sa mère, sa grand-mère lui aura beaucoup marqué dans sa vie. Et de ce fait, Kady voudrait s’en inspirer. «J’aimerai avoir son courage et sa bravoure. Elle est mon idéal», s’enthousiaste la petite fille au sujet de sa grand-maman.
Elle ne compte pas se limiter là. Loin s’en faut ! Car pour Kadiatou Touré, le travail ne fait que commencer. Son ambition étant d’aller suivre les études postuniversitaires à l’étranger afin qu’elle puisse se retrouver un jour sur les grandes chaines de télévisions internationales. Ou encore représenter son pays dans les grandes rencontres internationales.
« La fille au rêve d’un Martin Luther King ».
Journaliste-réalisatrice à la télévision nationale, elle est Alumni du programme IVLP (International Visitors Leadership Programme) de l’Ambassade des Etats-Unis de l’année 2015. Consultante de Mediasport à Paris pendant les jeux olympiques de Rio 2016, elle est également responsable de l’unité vidéo mobile à PSI (Population Service Internationale) dans le cadre du projet de promotion de la santé maternelle et infantile, appui à la riposte contre Ebola de Mai 2015 à juin 2016.
La jeune plumitive fut par ailleurs collaboratrice à la Direction de la Communication et de l’Information de la Présidence de la République de 2012 à 2015.
«A 19 ans, pendant que j’étais en première année université, j’ai signé mon premier article dans le journal ‘’le Lynx’’. Le sujet portait sur les inondations à Coronthie un quartier de la commune de Kaloum. L’article est paru à la Une du journal. A partir de là, le courage et la volonté d’aller plus loin m’ont animé. J’étais confronté à un nouveau challenge, celui de travailler de mieux en mieux afin de m’affirmer dans ce domaine qui était presque hostile aux femmes à l’époque. Ainsi, durant tout mon cycle universitaire, parallèlement à mes cours, je signais pour le journal satirique ‘’le lynx’’ en tant que stagiaire. Ce qui m’a permis déjà en 3ème année, de diriger en qualité de rédactrice en chef, le journal spécial intitulé ‘’Entre Mer et Terre’’ édité lors du forum sur la recherche scientifique organisé par la Coopération Française et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique (MERS) en décembre 2008. Avant la fin de mon cursus universitaire, j’ai été orientée en journalisme audiovisuel. Ainsi, j’ai décidé de continuer mon stage à la Radiodiffusion Télévision Guinéenne de Boulbinet. En 2012, j’ai décidé de réaliser mon plus grand rêve qui a été la réalisation d’un reportage grand format intitulé : ‘’Mines de BouréKintinia : à la découverte des adolescents otages de l’or’’ en 2012. C’est un sujet que j’ai ciblé lors de la réalisation d’un reportage sur les enfants ambulants le long des routes pour faire le petit commerce en 2010. Arrivée à la Direction nationale chargée de la protection de l’enfance, pour des questions de recoupement, j’ai entendu parler pour la première fois, du travail des enfants dans les mines et carrières.
Lorsque j’ai décidé de m’aventurer sur ce sujet pour connaitre les réalités et en faire d’ailleurs mon mémoire professionnalisant de fin de cycle universitaire, j’ai été découragée par mes responsables qui me disait ceci : ‘’Kady c’est un sujet fait pour les hommes pas pour les femmes’’ chose qui m’a motivé d’avantage à réaliser ce travail. J’étais confronté à deux difficultés. Le manque de soutien moral et financier. Il faut reconnaitre que seul la finalité qui comptait pour moi. C’est comme j’aime à le dire, ‘’le courage et la persévérance sont les clés de la réussite’’. Ainsi j’ai passé deux années à me battre. En 2012, les portes m’ont été ouvertes et pour la première fois de ma vie, j’ai emprunté un transport en commun pour aller à 600 km de Conakry. La ville de Siguiri a été mon choix car il y a plus d’attraction dans le bourré que dans toutes les autres zones minières du pays. A Siguiri, il fallait parcourir des kilomètres sous un soleil de plomb de 42° à l’ombre, sans oublier la poussière qui se mélangeait au vent. Après avoir passé des semaines dans un village du Bouré, à Kintinia, j’ai enfin atteint mon objectif. En mars 2012, j’ai réalisé mon reportage. En juillet 2012, j’ai soutenu avec une mention remarquable. Ce sujet m’a d’ailleurs valu le prix Hadiatou Sow du journalisme au féminin en 2013. En 2014, j’étais grand reporteur à la télévision de boulbinet couvrant toutes les activités officielles». Narre-t-elle, pas peu fière.
Et d’ajouter : «En 2016, j’ai réalisé un film documentaire intitulé ‘’KolianToly : l’excision à l’épreuve du temps’’. Un film financé pas le département d’Etat Américain».
Attachant du grand prix au volontariat et au bénévolat, elle a fait ses preuves auprès du programme VNU dans la réalisation de plusieurs activités dont la construction d’une bibliothèque scolaire pour le collège et lycée Coléah. «Je milite pour le respect du droit des femmes en général et particulièrement les femmes journalistes depuis plusieurs années à travers l’Association des Femmes Journalistes de Guinée (AFJ-Guinée). Étant aussi facilitatrice au sein de la plateforme nationale de plaidoyer post 2015, j’ai mené plusieurs activités liées à la protection de l’environnement, toute chose qui m’a permis de participer à la 11ème conférence des jeunes sur le changement climatique en décembre 2015 à Paris. En matière de protection de l’environnement, nous menons plusieurs activités portant sur la sensibilisation pour la préservation de l’environnement», explique Kady Touré.
La fille à l’incarnation historique et à la bravoure ancestrale.