Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, était ce mardi le théâtre d’un incident qui risque de refroidir davantage l’axe Dakar-Conakry. Celui-ci manquait de chaleur avec l’épisode de la fermeture, par le Sénégal, de la frontière entre les deux pays à cause de l’épidémie Ébola, qui faisait des ravages en Guinée, et celui de la crise post-électorale en Gambie marquée, vers à la fin, par le rôle trouble du président guinéen, Alpha Condé.
Selon le site Confidentiel Afrique tout serait parti d’une déclaration de Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, affirmant que « le Sénégal condamne vigoureusement les présidents qui cherchent un troisième mandat ». Devant une assemblée constituée de chefs d’État peu à l’aise avec le sujet, une telle évocation peu faire désordre, le cas échéant.
« Ce n’est pas à vous de nous dire cela. Ce n’est ni le moment ni le thème du jour », aurait répliqué Alpha Condé, selon la même source. Ne pouvant supporter cet « affront diplomatique », avance Confidentiel Afrique, le chef de la diplomatie sénégalaise aurait quitté la salle où se déroulait, ce mardi, l’examen des projets de résolutions et de décisions soumis au sommet de l’Union africaine, ouvert hier, lundi 3 juillet.
Les services de Mankeur Ndiaye démentent. Dans un communiqué reçu à Seneweb, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais jure qu’en évoquant la question d’un « troisième mandat », le chef de la diplomatie sénégalaise parlait de «mandat à la tête du comité d’orientation du Nepad et non d’un troisième mandat d’un chef d’État». « En aucun moment les mots ‘Chef d’État’ n’ont été prononcés par le ministre dans son intervention », martèle-t-on dans le communiqué.
« Condé a bondi de sa chaise »
L’incident ne serait peut-être pas survenu si la question de la dissolution du Comité d’orientation du Nepad, dirigé par le Président Macky Sall, n’avait pas été agitée au cours de la réunion. D’après nos informations, Condé plaidait pour la disparition dudit organe. Mankeur Ndiaye ne l’entendait pas de cette oreille.
Ses services rapportent dans leur communiqué : « Le chef de la diplomatie sénégalaise a souligné que cette question n’a fait l’objet d’aucune délibération ni au comité des représentants permanents (Corep) ni au Conseil exécutif (Conseil des ministres), encore moins durant les travaux du sommet. Il a donc demandé le retrait du projet en question, tout en précisant que le président Macky Sall a été élu à la tête du Comité d’orientation du Nepad en 2013 et réélu pour un deuxième mandat en 2015. »
Le ministère des Affaires étrangères a ajouté que Mankeur Ndiaye, par la suite, « a informé le sommet que, étant, par principe, contre un troisième mandat, le Président Macky Sall n’était pas candidat pour un autre mandat ».
« Le Président Alpha Condé a aussitôt bondi de sa chaise en déclarant que les questions de troisième mandat sont une injonction des blancs à laquelle les Africains ne doivent pas se plier, souffle une source de Seneweb. Il a ajouté qu’il appartient aux peuples de décider si on peut faire, ou pas 3, 4 ou 5 mandats. Personne dans la salle n’a réagi. Ni les autres chefs d’État présents ni le ministre sénégalais. Et contrairement à ce qui a été écrit, Mankeur Ndiaye n’a pas boudé la suite de la réunion. Il n’a quitté la salle que lorsque la séance a été levée. »
Ces précisions sont certes importantes. Mais, pour un réchauffement de l’axe Dakar-Conakry, il faudra probablement repasser.