Alors que l’accord politique du 12 octobre 2016 prévoyait l’organisation d’élections communales avant fin février 2017, beaucoup soupçonnent maintenant le pouvoir d’avoir un agenda consistant à coupler lesdites communales et les législatives l’an prochain. Au regard du dysfonctionnement actuel au sein de la CENI, l’honorable Aboubacar Soumah, président du PGDE, ne serait pas opposé à cette idée. Il l’a fait savoir dans une interview qu’il a accordée à la rédaction de Mosaiqueguinee.com tôt ce vendredi.
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Mosaiqueguinee.Com : Alors que des juristes avertis expliquent que le Chef de l’Etat ne peut dissoudre que l’Assemblée Nationale parmi toutes les Institutions républicaines, votre alliance, le Front pour l’Alternance Démocratique (FAD), demande à Alpha Condé de dissoudre la CENI. Pensez-vous toujours que cela puisse être possible ?
Aboubacar Soumah : Oui, c’est possible ! Au moment où l’institution n’est plus crédible, elle n’est plus capable d’organiser des consultations électorales crédibles, transparentes, et indépendantes dont les résultats pourront être acceptés par tous… Au moment où les personnes choisies pour organiser les élections dans le pays, se sont plutôt occupés de leurs intérêts égoïstes, nous pensons que ces personnes ne peuvent plus faire quelque chose qui pourrait satisfaire la population.
Mosaiqueguinee.Com : Est-ce que dissoudre l’équipe actuelle de la CENI n’engendrerait pas le risque de ne pas avoir des communales cette année ?
Aboubacar Soumah : Est-ce que c’est les élections qui peuvent résoudre les problèmes de la Guinée ? C’est dans la paix qu’on peut trouver des solutions à tous les problèmes de la Guinée. Pourquoi organiser les élections dont l’issue risquera de créer des problèmes aux Guinéens ? Peut on confier l’organisation des élections à des personnes qui se battent pour la répartition des fonds de l’Etat ? Or, les élections locales sont plus difficiles à organiser que les nationales. Vous avez 342 circonscriptions électorales, c’est-à-dire 304 communes rurales et 38 communes urbaines. En plus de ça, vous avez plus de trois mille quartiers et districts. Alors que si c’était une élection présidentielle ou législative, vous avez juste 38 circonscriptions.
Mosaiqueguinee.Com : Vous ne tenez plus donc à l’organisation des communales cette année ? Vous qui avez été victime de la non-tenue de ces élections à date, parce que vous avez été démis de votre poste de maire, n’est-il pas quand même surprenant que vous cautionnez qu’on reporte encore la tenue de ces communales ?
Aboubacar Soumah : C’est depuis 2010 qu’on devait organiser les élections communales. Si nous n’avons pas réussi à les faire organiser… L’opposition vraie se bat pour le respect des lois, pas pour des compromis. De 2010 à maintenant, nous allons de compromis en compromis, et ces compromis violent les lois de la République.
Mosaiqueguinee.Com : N’êtes vous donc pas opposé à l’idée de coupler les communales et les législatives en 2018 ?
Aboubacar Soumah : Même si c’est en 2020, l’essentiel est qu’on ait un organe crédible, auquel l’ensemble des acteurs ont confiance. Il faut absolument trouver cet organe, nous pensons que cet organe n’est pas la CENI actuelle. Nous pensons que mieux vaut prendre du temps et organiser de bonnes élections que de se précipiter à faire organiser ces élections par des gens qui ne sont soucieux que de leurs poches.
Mosaiqueguinee.Com : Est-ce une position de votre parti ou celle du FAD ?
Aboubacar Soumah : Je pense que c’est une position partagée, parce que nous n’avons plus confiance à cette CENI. Les éléments qui la composent n’inspirent pas confiance à nos yeux.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara