Monsieur le président de la république, il y a un proverbe populaire chez nous qui dit: « La calebasse ne se brise que lorsqu’elle se trouve dans les mains de deux hommes de caractères rudes ». S’il y a parmi eux un seul qui est difficile, la calebasse aura une longue vie ou sera sauvée. Cette calebasse est la Guinée, son présent et son avenir et les deux mains sont les vôtres et celles du chef de file de l’opposition.
Personnellement, j’ai commencé à être inquiet de l’avenir de notre pays depuis le jour où le verdict du premier tour de la présidentielle de 2010 mit vous et candidat Diallo en liste pour le second tour. Mes raisons étaient que chacun de vos partis est fortement à caractère ethnique, les fanatiques qui s’adonnaient en spectacles derrière vous, les confrontations à connotations ethniques qui ont émaillé vos campagnes, les discours peu rassurants que vous et vos militants tenaient, la peur de la marginalisation d’une partie du peuple par le futur gouvernement et les obstacles que cette partie discriminée pourrait en poser aux éventuelles réformes économiques.
Tout de même, j’étais un peu optimiste après votre discours de victoire dans lequel vous avez réaffirmé que vous serez le président de tous les guinéens, ceux qui ont voté pour vous et ceux qui ont choisi l’autre côté. Malheureusement, les actions de part et d’autre sont allées dans le sens inverse caractérisées par la confusion du pouvoir et la destruction de l’opposition. Ainsi en sept ans, il n’y a eu que des morts, les destructions de biens individuels et publics et rien d’autres que les élections et les élections. Étant donné que vos partis respectifs sont des regroupements ethniques, les haines des unes des ethnies pour les autres se sont exponentiellement multipliées de telle sorte que notre présent est plus que jamais confus sans réelles perspectives pour l’avenir. Tout guinéen qui peut imaginer notre pays après les cinq prochaines années, a peur.
Pourtant, il vous aurait suffi justes quelques actions pour redresser la situation socio-économique de notre pays tels que le respect de la constitution, le code électoral, … en un mot, les respects de toutes les institutions issues par le conseil national de la transition. Si tels étaient vos actes, nous aurions point eu besoin de tous ces accords et leurs cortèges de malheurs pour les guinéens. J’ai entendu que vous êtes docteur en droit public, donc je n’ai pas à vous dire que sans les lois ou les institutions, nous sommes comme les animaux. Non plus, je n’ai nullement besoin de vous apprendre que les mauvaises lois et institutions valent mieux que sans lois et institutions. C’est pourquoi celles-ci subissent les modifications et adaptations aux évolutions particulières de chaque société. Vous savez aussi pertinemment que chaque jour avec un nouveau accord ne donnerait jamais la stabilité politique à aucun pays. En général, les pays ne recourent à eux que dans les périodes transitoires en attendant que les nouvelles lois et institutions prennent places. Il était aussi de votre pouvoir de respecter le premier accord.
L’objectif de cette lettre est de rappeler que vous pouvez toujours limiter les dégâts, panser les anciennes plaies en évitant d’en rajouter et assurer la stabilité politique qui va avec le progrès économiques dans la cohésion sociale. Si vous êtes juristes, vous avez naturellement que c’est la crise institutionnelle qui engendre la crise politique, la crise politique donne naissance à la crise économique qui est accompagnée par les troubles sociaux.
Qu’on vous aime (vous et M. Diallo) ou non, le fait est que ce sont vous seuls qui peuvent être appelés aujourd’hui pour aider la Guinée. Heureusement que vous pouvez nous aider bien évidemment si vous le voulez bien. Sans l’UFDG, la Guinée n’aura pas la stabilité et les jeunes n’auront point d’emplois parce qu’une seule de ses marches mettront à l’eau le soir, tous les petits pas du matin. Si les trente-cinq pour-cent de l’ancien premier ministre ne lui font pas président, Ils peuvent au moins être des obstacles à toutes les réformes en cours.
Monsieur le président, je vous exhorte d’appeler le président de l’UFDG pour discuter ensemble dans le but de trouver des issues favorables à la crise qui pointe à l’horizon. Les marches telles que décrites dans la constitution ne posent aucun problème à personne parce que ceux qui veulent marcher, le font dans les règles; et ceux qui veulent faire autres choses, s’occupent de ça. Mais l’histoire de marches nous montrent que nous devons en inquiéter parce qu’elles risquent d’être très violentes surtout si elles ont pour buts attirer l’attention de la fameuse communauté internationale sur nous et pour d’autres fins inavouées.
Monsieur le président, il y a beaucoup de pistes de solutions: vous pouvez vous entendre sur le couplage des élections locales et les législatives pour l’année prochaine, un accord sur une éventuelle répartition des chefs de quartiers et districts en travaillant ensemble sur tout ce qui pourrait rendre ces élections crédibles et transparentes.
Monsieur le président, les lois et les institutions doivent être respectées après ces élections pour nous épargner des nouveaux accords bidons aux conséquences catastrophiques pour le futur paisible de la Guinée. Vos bilans et vos programmes de sociétés doivent caractérisés les futurs débats politiques et les guinéens décideront de qui choisir.
Ibrahima Kandia Doukouré
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