La sortie médiatique des plus invraisemblables et tranchantes de Kassory Fofana commande désormais à ce que des dossiers le concernant soient exhumés pour étayer le vrai personnage qu’il représente.
Sydia Touré a dit, sinon presque. Surtout, «Ce rôle central dans les malversations… » dont se serait rendu coupable IKS, l’inconstant politique. Après avoir provoqué l’ex Premier ministre à travers médias interposés, celui-ci n’est pas allé par le dos de la cuillère.
Dans le n°2079 de Jeune Afrique/L’intelligent, Sydia Touré dégaine : «L’argent qui commençait à affluer dans les caisses de l’État avait attisé les convoitises de quelques cleptocrates. Ces derniers ont organisé un système mafieux. En sortant lui-même de sa cachette (J.A.I. n° 2079), M. Kassory Fofana révèle au peuple guinéen son rôle central dans les malversations en cause. Il lui reste à rentrer au pays pour se mettre à la disposition de la justice qui a ouvert le dossier sur la corruption, au lieu de prolonger ses « congés » à l’extérieur. »
Et pour rappel : « Lors de la constitution du gouvernement dont j’ai eu à assumer la primature en juillet 1996, M. Kassory Fofana avait sollicité le ministère de l’Économie et des Finances. Je me suis opposé à sa demande en raison de son manque évident de formation et d’expérience. En vain. Nommé malgré tout au Budget, il assiégera les services de la présidence par diverses intrigues et parviendra à ses fins en février 1997 en prenant le portefeuille convoité. Son premier
acte à la tête du ministère de l’Économie et des Finances consistera à faire éclater la structure du comité de Trésorerie qui réunissait le Premier ministre, deux ministres délégués et le gouverneur de la Banque centrale. La totalité des dépenses publiques se fera, désormais, sans engagements préalables et sur simple signature du seul ministre de l’Économie et des Finances, c’est-à-dire M. Kassory Fofana. »
Ce simple témoignage devrait suffire pour disqualifier IKS. Mais Sydia est sans pitié. Il l’assomme : « Deuxième acte : la mise en place d’un réseau d’amis et de partenaires pour soustraire les recettes de l’État et procéder à des dépenses sans contrepartie de services ou de fournitures. C’était cela le système mafieux. Troisième acte : la succession des scandales obligera le chef de l’État à désigner une commission d’enquête dont la direction est confiée au commissaire Hervé Vincent, ancien ministre, que j’ai rencontré pour la première fois après mon départ du gouvernement. Ce sont donc les rapports Hervé qui mettront au jour le réseau de prédation dont l’acteur central ne pouvait être que, permettez-moi l’expression, le « voleur qui crie aujourd’hui au voleur ».
Kassory dans l’affaire FRIGUIA ?
Pour Sydia Touré, l’un de ces rapports a fait état notamment de divers détournements au détriment de l’usine d’alumine de Friguia et de l’Agence nationale d’aménagement des infrastructures minières ; d’émissions de valeurs et de titres par un réseau parallèle ; de double paiement de la dette publique extérieure, de transferts frauduleux à la société russe de travaux publics Enco-5, d’un détournement de plusieurs milliards de francs guinéens dans le cadre du contrat avec la société suisse SGS passé par M. Kassory Fofana en tant que directeur des grands travaux, par-dessus la tête du ministre des Finances de l’époque… Et j’en passe. En véritable bourreau, le patron de l’UFR ce rapport de l’Union européenne qui porte sur la dilapidation des fonds de contrepartie (aide budgétaire) ainsi que les déclarations du président de l’Assemblée nationale, Boubacar Biro Diallo, au sujet du pactole amassé par l’ancien ministre de l’Économie et des Finances.
Au lieu de réagir à la publication des éléments du rapport Hervé par le journal L’Indépendant, M. Kassory Fofana a préféré user de son pouvoir pour le fermer et embastiller son propriétaire, comme il utilisera plus tard le prétexte de soins médicaux à Dakar pour quitter le pays et se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires. Qu’il ait été désigné par Alpha Condé, président du Rassemblement du peuple de Guinée, comme l’un des principaux responsables de son arrestation est une indication sur son rôle prépondérant dans le durcissement du régime en cette période.
Une conscience chargée…
Quel crédit peut-on accorder aux propos d’un homme qui démontre par lui-même que sa conscience est chargée et qu’il a besoin d’un arbre pour cacher l’étendue de la forêt des charges qui pèsent sur lui ? C’est pourquoi je ne réagis même pas à ses affabulations, comme celles portant sur un investissement imaginaire de 10 millions de dollars que j’aurais effectué en Guinée. Il est désespérant qu’un ministre des Finances que j’aurais supplié d’entrer au gouvernement pour ses compétences soit inscrit à des cours de techniques bancaires quatre ans après. Sans parler de l’ignorance qui ramène
l’Osiwa à une cellule de distribution d’argent… L’Osiwa n’est autre que la Fondation Soros pour la promotion des idées libérales et démocratiques, dont je suis membre aux côtés de diverses personnalités telles l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, le juge sénégalais Kéba Mbaye et l’ancien ministre libérien Ellen Johnson Serlaf. Enfin, évoquer mon rôle de directeur de cabinet à la primature en Côte d’Ivoire (1990-1993) relève, bien entendu, de la pure intrigue. Pour ce qui me concerne, ce débat est clos dans les journaux à l’extérieur. Néanmoins, il continue de se dérouler sur le terrain en Guinée, où nous attendons tous le retour de M. Kassory Fofana pour clore, cette fois, le dossier sur la corruption qui reste ouvert au niveau de la justice guinéenne.
Les faits sont têtus. C’est pour toutes ces raisons que Kassory ne saurait s’empêcher de faire des louanges à Alpha Condé, l’homme changeant : « Je ne sais pas si c’est les journalistes qui ne voient pas ou c’est les politiques qui ne voient pas. Il y a trop de mensonges. Il y a du travail qui est en train d’être fait. Si tu dois reprocher ton prochain, reproche-le sur le chemin de la vérité, mais pas dans le mensonge. Alpha est Président de la Guinée et de l’UA, ce qui est un grand honneur pour les guinéens, qu’on l’aime ou pas, on doit dire la vérité. » Et de trancher, comme pour enterrer toute morale : « Quand on est de l’opposition et qu’on aime le pays, on doit reconnaître au dirigeant du pays, ces efforts, même si on ne l’aime pas. »
Et c’est ce même Kassory qui disait ceci : « Guinea is back dans la violence, les faux complots, la rupture avec la communauté internationale. Le RPG a échoué et il ne doit pas échouer avec tous les Guinéens. Ce que nous faisons (NDLR, Agir ensemble pour la Guinée), n’est pas contre les autres (Opposants républicains, NDLR). C’est plutôt de mettre hors d’état de nuire le RPG, c’est une action de salut public. »
Chut !!!! Ce discours est caduc. On savoure actuellement l’idylle. Le monde est tout beau, tout gentil. La Guinée est plus rayonnante d’il y a 60 ans. La main sur le palpitant.
Sacré Don Kass.