Selon le calendrier de son procès, Mahmoud Thiam, ancien ministre des Mines sera fixé sur son sort à partir de ce 11 août. En mai dernier, il a été reconnu coupable par la justice américaine d’avoir blanchi 8,5 millions de dollars de pots-de-vin qu’il avait perçus lors de son passage au gouvernement guinéen entre 2009 et 2010.
Les jurés de la Cour fédérale de Manhattan après délibération, l’ont reconnu coupable de corruption. Il encourt une peine de 10 ans de prison.
Selon un connaisseur du droit américain, ‘‘il y a deux phases dans le système judiciaire américain : il y a la phase de la détermination de la culpabilité ; et la sentence qui fait aussi l’objet d’une plaidoirie’’.
Selon notre interlocuteur, l’une des raisons de ce jugement à deux phases est de permettre les négociations avec l’accusé. Dans le cas de Thiam, par exemple, si on pense qu’il détient des informations utiles à faire avancer un autre dossier judiciaire, et qu’il accepte de coopérer, le tribunal pourrait négocier pour récompenser sa ‘‘bonne foi’’ une réduction de peine.
On sait qu’une enquête concernant Beny Steinmetz est déjà ouverte aux USA. L’homme d’affaire israélien accusé de corruption dans l’acquisition des droits miniers en Guinée est proche de Mahmoud Thiam. On imagine que si celui-ci aide la justice à mieux étayer le dossier d’accusation de celui-là, la justice se montrera clémente à son égard.
Mahmoud jouera-t-il le jeu ? Attendons de voir.
Il est tout de même confronté à deux problèmes: négocier sa liberté et négocier pour ses biens. Parce qu’à pareil cas, la justice américaine essayera de récupérer les 8,5 millions de dollars, en déduire les frais de procédures, les reverser à la partie civile qui est la Guinée; le hic est qu’elle »pourrait saisir au-delà de l’objet du crime », nous renseigne notre interlocuteur.
En attendant Mahmoud a été reconnu coupable d’avoir accepté des paiements illicites pour aider le groupe China International Fund Ltd à obtenir des droits d’exploitation exclusifs sur des gisements de fer, d’or, de diamants et de bauxite, puis d’avoir blanchi l’argent reçu aux États-Unis.
Selon les procureurs, Thiam a utilisé ces pots-de-vin pour payer des cours particuliers de ski, les écoles privées de ses enfants, un grand piano Steinway, ou encore des rénovations dans sa propriété de 30 ha située dans le comté de Dutchess, à New York.
L’ancien banquier d’affaires à Wall Street passé par Merril Lynch & Co et UBS, avait lui, s’était lui, défendu en expliquant que l’argent venait d’un prêt que lui avait octroyé la China International Fund Ltd. Sans le prouver.