Conakry, le 13 Août 2017 – Ce numéro de votre Le Bulletin du Gouvernement reçoit Me Abdoul Kabèlè Camara et au cours de cet entretien, il a été question de sécurité et de protection de la population, de la mise en place de service de visite technique pour les automobiles, ainsi que de formation des agents de police, et de stratégies de fonctionnement de l’ensemble des services du département de la sécurité.
Votre passage, du Ministère de la Défense à celui de la sécurité, a été hautement salué par les citoyens au regard des réformes que vous avez bien menées ailleurs. Depuis 15 mois donc, vous êtes à la tête du Ministère de la sécurité et de la Protection Civile ! Quelle lecture y faites-vous de votre bilan à ce stade?
Je suis heureux de vous entendre dire que mon passage à la tête du ministère de la Défense a été apprécié par les guinéens et je dois cette réussite à mes assistants et collaborateurs, qui m’ont apporté toutes leurs expertises pour les réformes nécessaires, avec l’appui constant du président de la république et du gouvernement, pour la mise en œuvre des changements dans le secteur de la sécurité, avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers.
Ce département avait un problème sérieux, qu’il fallait résoudre (comme pour conjurer un sort) car, la valse des personnes ressources appelées à sa tête finissait par donner le tournis.
Des actions majeures sont posées ces 15 derniers mois au ministère de la sécurité et de la protection civile, avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers et l’appui du président de la république et du gouvernement. Ainsi, nous avons pu relancer les écoles professionnelles, les écoles de polices et de protection civile ! On a pu ouvrir le centre de cafilia et celui de kagbèlè. Tous les budgets n’ont pas encore fini d’être absorbés mais beaucoup d’actions ont pu être lancées comme par exemple la reprise des formations dont la rupture persistait depuis quinze ans ! La formation est maintenant au centre de mon plan d’action.
La relance de la réforme au niveau de la protection civile, est effective comme par exemple dans le cas des sapeurs-pompiers logés entre la commune de Coronthie et celle de SANS FIL, qui ne représentaient plus rien, puisqu’ils ne s’occupaient juste que de quelques secours ponctuels, quand ils ne tentaient pas de ravitailler des quartiers en eau à la demande des populations, ou du curage des fosses septiques, bref, le spectacle était désolant.
Des changements sont survenus avec l’appui des partenaires techniques et financiers, comme l’Union Européenne déterminée à nous aider. Tout est donc mis en œuvre, pour que les unités de protection civile soit mises en place, pour des services de lutte contre les incendies et divers autres secours. Autres réalisations, c’est la police de proximité et cette police de proximité a été également lancée grâce à l’appui constant des partenaires de l’union européenne avec en particulier l’expertise française.
Actualité oblige, vous venez d’enclencher une nouvelle phase du programme de réformes du secteur de la sécurité guinéenne à travers, notamment, la restructuration de plusieurs directions. Quels constats ont amené à ces prises de décision?
J’ai dit d’entrée de jeu que la police était confrontée à d’énormes difficultés ! En 5 ans figurez-vous, cinq ministres se sont succédés à la tête de ce département qui a grand besoin de stabilité, au lieu d’être menacé de toutes parts par les susceptibilités menant à des querelles personnelles et à des guéguerres internes entre hauts cadres dirigeant le ministère. Le manque de formations adéquates, d’équipements en quantité et qualité, s’ajoutait à une désarticulation totale dans ce secteur hautement névralgique. Ces constats ont amené le président de la république à accepter que l’on fasse une restructuration. Nous avons donc pris des décisions comme celle d’éclater la direction générale de la police nationale. Résultats : Il y a eu l’émergence des directions centrales et leurs érections en direction nationale, sur un palier sous l’autorité administrative et opérationnelle du ministre de la sécurité.
On comprend bien là qu’il s’agit d’un vaste chantier qui s’étendra sur plusieurs années ; Quel pourrait être l’impact concret de cette mesure sur le quotidien de nos populations?
L’impact sera sensible d’ici quelques semaines. Le président de la république a instruit afin que se tiennent les états généraux de la sécurité routière et de la criminalité dans la Capitale et dans l’arrière-pays. Nous sommes en train de préparer les différentes étapes de ces états généraux et déjà, des plans d’actions urgentes sont activés pour résoudre les préoccupations majeures des populations sur la criminalité et les hécatombes de la circulation routière. L’appel est fait à tous les acteurs de terrain que sont les départements des travaux publics, des transports, associés au syndicat des transporteurs, à celui des chauffeurs, les élus locaux, etc.
Quelle politique avez-vous mise en place, pour renforcer certaines unités d’intervention (comme la BAC très opérationnelle mais à laquelle il manque les moyens), au niveau de la police ?
La Brigade Anti Criminalité, dénommée BAC, est composée de gendarmes et de policiers. C’est un bras armé de la police qui a été récemment renforcé de trois unités pour porter à 16 unités le nombre sur l’ensemble du territoire national ! Ainsi, il y a les BAC de Mamou, celles de Dubréka et de Coyah que le président de la république a doté de trois véhicules neufs avec tous les moyens qu’ils faut pour faire face à la grande criminalité, en appui des autres BAC déjà en place.
Qu’avez-vous à proposer dans les jours et mois à venir pour que la Guinée ait un centre de visite technique, puisque depuis plus d’une décennie maintenant, l’absence de centre de visite technique est la cause de plusieurs accidents de circulation?
L’installation d’un centre de visite technique est une nécessité, pour contribuer à réduire les causes d’accident de circulation liées aux défauts mécaniques des véhicules. Ce secteur doit être libéralisé pour couvrir efficacement l’ensemble du parc automobile et avant ce gouvernement, il y’avait eu un accord signé avec un opérateur guinéen et cet accord a malheureusement eu des défaillances. Il faut donc accepter la concurrence dans le secteur pour de multiples raisons…
Dans les préfectures et sous-préfectures très reculées du pays, il y a malheureusement pour 200 habitants, à peine deux ou trois policiers. Quel politique le ministre de la sécurité compte-t-il mettre en place, pour remédier à cette carence ?
C’est un problème d’effectifs ! Les recensements biométriques de la police ne sont pas encore terminés ; Sur 14 000 annoncés, il n’y a environ que 6 000 et qui ont eu ce recensement biométrique et cette bio métrisation n’est pas achevée même pour les 6 000 parce que si le recensement a eu lieu, il n’y a pas encore eu de bio métrisation. Les 6 000 recensés n’ont pas encore obtenu leur carte biométrique. Nous essayerons de procéder à la cartographie, et actuellement, une mission des ressources humaines est en train de sillonner tout le territoire national pour savoir exactement ce dont on dispose et ce qui pourrait être fait pour une meilleure répartition de l’effectif sur le territoire national.
Monsieur le Ministre d’Etat, parmi les réformes qui seront menées, il figure que vous entendez renforcer la prévention, et la lutte contre le terrorisme ; de quels moyens disposez-vous pour réagir contre une éventuelle attaque terroriste ?
La police travaille sur la base des trois axes : renseignement, prévention et répression ; et l’on n’attend jamais la catastrophe pour intégrer ces trois axes. Nous anticipons par la mise en place, en appui, une division opérationnelle composée d’un service qui va s’occuper également des renseignements, de la recherche et de l’intervention et dans ce cadre précis il y’a une unité d’élite qui a été mise sur pied grâce à l’appui de l’union européenne ; la formation a été assurée par des experts français, avec le financement de l’union européenne. Cette unité d’élite existe, et est déjà fonctionnelle.
Monsieur le Ministre d’Etat, quel est votre mot de la fin ?
Merci de m’avoir offert cette opportunité de me prononcer sur les diverses actions et reformes entreprises au sein de mon département qui travaille d’arrache pieds avec le gouvernement à créer les conditions idoines de sécurité et de protection des citoyens, ce qui est notre devoir. Donc pour terminer, j’invite tous les citoyens à plus de sérénité, je les invite à nous faire confiance et de coopérer pleinement avec les services de sécurité pour le maintien de l’ordre et de la quiétude. Je vous remercie.
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