Notre Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine, a salué la décision de la Cour suprême du Kenya invalidant les élections présidentielles du 8 août dernier. Il applaudit « un comportement qui honore l’Afrique et prouve que désormais la démocratie s’installe sur le continent ».
De cette déclaration, une première analyse me fascine.
A tous points de vue, le comportement républicain de la cour électorale kényane se rapproche, de si peu, de la suggestion que le président de la cour constitutionnelle de Guinée, Kelefa Sall, a faite à Alpha Condé, à son investiture, quant aux sirènes révisionnistes qui retentiraient au terme de son deuxième et dernier mandat.
L’audace du sieur Kelefa, ce jour-là, devant quelques chefs d’Etats africains, annonçait les couleurs de la prochaine démarche démocratique que les institutions africaines devraient désormais faire montre, surtout pour celles qui ont la lourde tâche de se prononcer sur la validité de nos élections. Son cri de cœur donc, d’une manière, traduit et porté aujourd’hui par Alpha Condé. Il faut dire que cela fait plaisir.
Un autre pan d’analyse m’amuse cependant. C’est bien idéalement celui qui siffle à l’esprit qu’il faille percevoir cette déclaration d’Alpha Condé comme celle prémonitoire de son envie d’entrer dans l’histoire en se conformant in fine, contre toute attente bien évidemment, à l’impératif du mandat constitutionnel. Et dire donc qu’on lui ferait juste un mauvais procès ?
Dans l’autre sens, d’aucuns diraient que cela s’apparenterait à une drôle de diversion inspirée par une forte et unanime tendance qui salue ce qui se passe au Kenya, et croire que c’est juste de la perfidie ?
Dans tous les cas, de l’avis d’un spéculateur politiste, cette réaction bien curieuse pour plus d’un observateur parce que tranchant avec certaines prises de position du prof de Conakry, doit être jalousement protégée et mise au frais parce qu’elle pourrait servir à la postérité.
Par ailleurs, la décision de la Cour Suprême du Kenya est une grosse claque infligée à la cohorte de missions d’observation électorale, qui a la pédagogie de valider les élections autant bonnes que bancales sur le continent.
A tout bout de champ, elle devra sensiblement modifier les rapports traditionnellement dressés au soir des scrutins. Aussi, elle constitue un appel de pied à tous ces despotes avides d’une dévolution monarchique du pouvoir.
Sachez faire la passe messieurs les présidents en cours de mandat !
Kabinet Fofana,
Politologue