Après l’évasion dimanche à l’aube de 98 détenus, les soupçons des autorités se portent sur le personnel de la prison de Katiola, ville située à 45 km au nord de Bouaké. Parallèlement, plusieurs dizaines de détenus en fuite ont été rattrapés.
« C’est incompréhensible, la clôture de la prison fait six mètres de haut et il y a plusieurs portes avant le grand portail, il y a eu forcément une complicité interne. Il y a un individu, un garde pénitentiaire qui a ouvert la prison », a déclaré lundi à l’AFP le premier adjoint au maire de Katiola, Coulibaly Ouamien.
Le directeur de l’administration pénitentiaire, Joachim Kongoué Koffi, a fait état pour sa part du limogeage des responsables de la prison et de l’arrestation de « trente-six » détenus en fuite. « Parallèlement aux enquêtes en cours, Mme le régisseur et les agents pénitentiaires qui étaient de garde sont suspendus et relevés de leurs fonctions, en attendant la conclusion de l’enquête administrative », souligne un communiqué transmis à l’AFP.
Un grand portail « non fermé à clef »
À propos du modus operandi de l’évasion, le directeur de l’administration pénitentiaire avait indiqué dimanche que les détenus avaient « enlevé une partie de la toiture de leur cellule ». Présentés par une source judiciaire à Katiola comme « des lieutenants du célèbre Yacou le Chinois (un caïd tué en 2016) », les prisonniers « sont passés par le toit de leurs cellules pour gagner d’autres cellules et ils ont profité de la sortie des corvéables pour casser le grand portail et prendre la fuite ».
Accréditant l’hypothèse d’une complicité interne, une autre source judiciaire estime que « le dispositif sécuritaire est en partie responsable de cette évasion massive ». « Les prisonniers sont sortis de la prison sans fournir d’effort véritable », a ajouté cette source. D’après une autre source pénitentiaire, le grand portail « n’était pas fermé à clé ».
Des évasions à répétition
Depuis le début du mois d’août, les évasions se succèdent en Côte d’Ivoire. La veille de la fête de l’indépendance le 6 août, cinq détenus s’étaient échappés de la prison de Gagnoa, dans le centre du pays. Soupçonnés de complicité, quatre gardiens de prison et un civil ont été arrêtés, a informé le maire.
Trois jours plus tard, le 8 août, vingt personnes se sont évadées du palais de justice d’Abidjan, en plein centre-ville, après avoir agressé des policiers. Sept agents (d’encadrement des établissements pénitentiaires) dont « le commandant du palais (de justice) ont été relevés de leurs fonctions et arrêtés », selon le procureur Richard Christophe Adou.