Cette région qui représente le cœur du potentiel minier en exploitation dans notre pays a connu ces deniers temps, en particulier, des mouvements sociaux dont la légitimité des revendications ne peut souffrir d’aucun doute. Et comme à ses habitudes, la répression sauvage des manifestants a été la seule réponse visible que les autorités ont jugée nécessaire d’apporter à la demande sociale.
●Quelques rappels importants En avril 2017, le président de la République a pris un décret, en violation de la procédure en la matière, pour ériger Boké en Zone Economique Spéciale (ZES).
Jusqu’à présent, aucun guinéen ne sait à quoi une telle mesure correspond encore moins qu’elle était sa pertinence ou son efficacité par rapport aux problèmes qui se posent dans la région. Le 25 avril 2017, le général Mathurin Bangoura ; gouverneur de la ville de Conakry, a échappé de justesse à la place des martyrs de Boké, à un lynchage par les jeunes de la localité. Il était l’émissaire du président de la République en tant que natif de la région, pour calmer les manifestants et les rassurer. Très en colère, les jeunes l’ont chassé comme un malfaiteur.
En mai 2017, la médiation conduite par le ministre des mines, Abdoulaye Magassouba n’avait pu apporter satisfaction sur aucun des 35 points de revendications. Sa délégation a quitté la région sur un échec et en catimini. Le 11 juin 2017, malgré les victimes de la répression, le général Boureima Condé, ministre de l’administration du territoire s’était rendu à Kamsar pour tenir un discours irresponsable en félicitant ‘’le travail des forces de l’ordre’’ et en les encourageant à continuer à œuvrer dans ce sens. Sans exprimer la moindre indignation ou un regret suite à la mort par balles du jeune garçon et des dizaines de blessés.
Avant d’ajouter ces termes incendiaires: ‘’Pour ne pas vous cacher la vérité, ceux qui se soulèvent tous les jours veulent que le pays soit un champ de bataille, un pays en guerre…Il faut comprendre que ceux qui manifestent sont le plus souvent des gens qui sont venus d’ailleurs. Il y a des gens dans ce pays qui veulent la guerre civile… La lumière sera faite sur ce mouvement criminel à Kamsar’’.
●Le constat qui se dégage et l’attitude à avoir De toute évidence Boké est le symbole du rejet d’une gouvernance d’échec qui est caractérisée par le mensonge et la répression. Et ces manifestations répétitives ne sont que symptomatiques d’un malaise profond et général. Alpha condé a beau tenir des discours de manipulation en faisant référence à son lieu de naissance et à ses liens familiaux (je suis votre fils, je suis votre neveu…) pour faire croire que cette région est un acquis définitif à une cause déjà perdue.
Il ne se rend malheureusement pas compte que les contextes ont changé. C’est pourquoi, la jeunesse consciente de Boké lui fait savoir qu’elle n’est intéressée que par les résultats concrets et non les discours démagogiques et creux. Et elle le démontre en mettant à sac le siège de son parti qui est le symbole éloquent de sa présence politique dans la région.
Par ailleurs, l’augmentation du volume d’extraction du minerai, les « chantiers des fêtes tournantes » et les milliards qui y ont été détournés, la prolifération des entreprises dans la zone etc., n’ont créé que de la misère au sein de la population, une petite oligarchie dans l’appareil d’État et un vaste réseau de corruption autour de l’attribution des permis d’exploitation et des contrats de sous-traitance. Étant donné que ce régime a suffisamment démontré qu’il ne respecte ni ses engagements ni les principes démocratiques et de bonne gouvernance, il ne faut jamais relâcher la pression pour mettre fin à cette descente aux enfers. Plusieurs indices démontrent que la Guinée dans son ensemble vit dans la même détresse et dans l’incertitude totale. La frustration et la déception se généralisent. Et à cette allure, le phénomène du mouvement populaire de 2006-2007 risque de se rééditer.
Enfin, je présente mes sincères condoléances aux familles des victimes et je soutiens toute la jeunesse de Boké dans ses revendications légitimes. J’encourage la jeunesse Guinéenne à ne pas céder à la peur et à l’intimidation quand il s’agit de se battre pour l’avenir démocratique de notre pays. Le combat continue !
Aliou BAH Directeur de com du BL