Le Sénégal concrétise son soutien à la Gambie. Alors que le pays est plongé dans le noir, les populations, exaspérées par les coupures d’eau et d’électricité à répétition, notamment ces derniers jours, se déchaînent sur les réseaux sociaux pour exprimer leur ras le bol. Pour mettre fin à cette frustration, la Gambie a fait appel à son voisin immédiat, le Sénégal. Une demande acceptée par le pays de la teranga (hospitalité). La Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) va étendre son dispositif en Gambie pour éclairer les rues de Banjul et d’autres localités du pays jusque-là très mal servies en électricité.
Un secours qui vient à point nommé
C’est le ministre de l’intérieur gambien, Ahmed Mai Fatty, qui a fait cette annonce hier 14 juin, lors d’une conférence de presse portant sur les coupures d’eau et d’électricité qui tenaillent actuellement son pays. Le premier flic de la Gambie a donné des gages estimant d’ailleurs que les négociations entre les autorités sénégalaises et gambiennes « sont très avancées » pour que la Senelec vienne secourir la National Water and Electricity Compagny (NAWEC), compagnie de distribution d’eau et d’électricité du pays. La NAWEC qui est aujourd’hui au bord de la faillite, souffre d’un manque criant de ressources financières. Et pour cause, les entreprises publiques gambiennes qui sont parmi les plus gros consommateurs, paient leurs facteurs d’électricité en monnaie de singe. Un autre mal gangrène également la NAWEC. L’état vétuste du système de transmission et de distribution, fait perdre beaucoup d’argent à la Gambie. A cela s’ajoutent d’énormes pertes techniques et de consommation illicite d’électricité qui sont estimées à 40%.
La Senelec, une société en bonne santé
Autant dire que la Senelec a de nombreux défis devant elle en Gambie. Mais avec ses 200 mégawatts de réserve, soit plus que la consommation du Mali, deux fois celle de la Mauritanie, la société sénégalaise qui a réalisé un bénéfice de 30 milliards de Fcfa en 2016 devrait facilement améliorer la fourniture d’électricité en Gambie où le taux d’accès était de 47,2% en 2014, selon la Banque mondiale. Si le taux de couverture électrique en Gambie est faible, la demande, favorisée par la forte croissance démographique du pays ne cesse de croître. Pour assurer une fourniture correcte à ses abonnées, la NAWEC dépend des importations de pétrole, de gaz de pétrole liquéfié et du bois de chauffe.
Un coût exorbitant
Aujourd’hui, l’Etat gambien affiche sa volonté de généraliser l’accès à l’électricité à travers tout le pays. Parmi les défis à relever, l’amélioration de l’efficacité du secteur afin de réduire le coût exorbitant de l’énergie, estimé en moyenne à 0.18 dollars. Pour ce faire, le pays a mis en place un centre dédié à la recherche et aux développement des énergies renouvelable, le CGER. Parallèlement, l’Etat encourage l’utilisation d’équipements photovoltaïques pour des usages industriels, commerciaux et domestiques. « Il y a 2 500 heures d’exposition solaire par an en Gambie », selon l’Agence nationale gambienne GIEPA, créée en 2010 avec comme objectif la promotion et la facilitation des investissements du secteur privé en Gambie.