Alors que depuis des mois plusieurs personnalités de son camp militent pour qu’il se représente à la présidentielle en 2020, pour la première fois Alassane Ouattara n’exclut pas de briguer un troisième mandat.
En privé, cela fait plusieurs mois qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO) ne ferme plus la porte à l’éventualité d’une troisième candidature. Mais c’est la première fois que le président ivoirien laisse planer le doute publiquement « En politique, on ne dit jamais non », déclare-t-il dans un entretien accordé à France 24 à quelques jours du sommet Union Européenne-Union Africaine. « Attendez 2020, vous connaitrez ma réponse à ce moment-là », conclut-il.
Hostile à la limitation des mandats
Le chef de l’État ivoirien souligne également qu’il n’aurait pas besoin pour cela de modifier la constitution. En effet, si la loi fondamentale limite à deux le nombre de mandats présidentiels, l’adoption d’une nouvelle Constitution en octobre 2016 a remis les compteurs à zéro. Il rappelle également qu’il est par principe hostile à la limitation des mandats.
Il y a encore quelques années, les déclarations du président ivoirien étaient pourtant bien différentes. À la veille de l’élection présidentielle de 2015, ADO avait ainsi balayé l’idée d’un troisième mandat, évoquant même la possibilité de ne pas aller au terme du deuxième (il a aujourd’hui 75 ans) et de transférer le pouvoir à son vice-président avant 2020.
Rivalités
Les difficultés rencontrées cette année l’auraient-elles fait changer d’avis ? Les mutineries à répétition d’ancien rebelles réintégrés à l’armée et plusieurs grèves ont souligné les fragilités de la Côte d’Ivoire, six ans après la fin de la crise post-électorale. Ces derniers mois ont aussi été marqués par de fortes tensions entre le Rassemblement des Républicains (RDR) et son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et au sein même du parti présidentiel. La découverte d’une cache d’armes, en mai, chez le directeur de protocole de Guillaume Soro a exacerbé les rivalités entre le président de l’Assemblée nationale, qui ne fait pas mystère de ses ambitions présidentielles, et l’entourage du chef de l’État, notamment son premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.
Autant de turbulences qui ont poussé ces derniers mois certains cadres du parti au pouvoir à militer en faveur d’un troisième mandat de Alassane Ouattara et qui ont fait fleurir des mouvements l’enjoignant de se représenter. Jusque-là, le président ivoirien avait demandé à ses proches de ne plus s’exprimer sur le sujet.